BASTIA Argument "du savoir boire culturel au binge drinking"

Journée d’étude du 21/09/13 à Bastia

A partir de 1950, et durant plus d’une trentaine d’années, le pastis consommé en grande
quantité en Corse offrait des particularités du mode de boisson, absolument endémique.
En effet, le buveur obéissait à des règles strictes et à un rituel étonnement précis, uniquement observé dans l’ile, de sorte que le taux de décès dû à l’alcoolisme était de loin le moins important de France.

Ces éléments montrent que le sujet plongé dans un réseau de signifiants séculaires,
ignorant ce qui le commande, peut brider sa jouissance en raison de sa soumission au
fonctionnement du système symbolique dont il est issu, qui perdure à son insu, en se
manifestant par exemple dans la pastizzata
Ce sujet, marqué par son entourage culturel, ne pouvait, sous peine de rejet, s’écarter de
ce savoir boire culturel.
Par conséquent, se plier aux us et coutumes était la condition nécessaire pour prétendre
s’intégrer au groupe.
Ce phénomène du ressort de ce que Freud avait pu appeler ‘identification au groupe’
assurait la cohésion même de ce groupe masculin insulaire, par la ritualisation d’un ‘savoir
boire’ …
A la même époque, rien de tel sur le continent, pas de règle venant limiter les quantités
d’alcool absorbé; ici, tout à sa jouissance, le sujet ne bénéficiait pas de cette protection,
jamais il n’aurait pu partager un apéritif en Corse.
Cela a vécu, le mythe commun, favorisé par l’absorption d’un alcool à «fonction culturelle” s’est effondré; d’autres toxiques ont pris le relais, balayant les règles
symboliques précitées.
Dès lors, en absence de ces règles culturelles les buveurs, cette fois pris au un par un,
sont logés à la même enseigne.
L’entourage culturel garanti-t-il le sujet, contre sa propre jouissance ?
Que penser, dans ce contexte, du binge drinking, nouvelle forme de ‘boire ensemble ‘ des
adolescents qui, en raison de la rapidité de l’absorption d’alcool, laisse finalement le sujet
écrasé, seul dans son alcoolémie maximale ?
Au-delà, la question se pose de savoir comment un sujet pris au un par un peut négocier
ou pas avec sa jouissance instantanée.
La religion, le communautarisme ou les exceptions culturelles seraient-ils, aujourd’hui,
devenus les uniques remparts aux excès de jouissance du sujet?
 

SHARE IT:

Leave a Reply