DE LA MORT, LACAN-Marie-Claude Baïetto

Marie-Claude Baïetto

DE LA MORT, LACAN

Il s’agit ici d’un parcours sur le concept de mort et sur son usage dans diverses expressions lacaniennes, avec la prise en compte de la coupure introduite par la catastrophe de la Shoah.  Ensuite, nous aborderons comment Lacan, lui-même, a rencontré la mort dans sa vie familiale, et ce qu’il en fut de sa propre mort. 

Lacan a utilisé le terme de mort dans plusieurs expressions : être-pour-la-mort, entre-deux-morts, la seconde mort, la lutte à mort entre le maître et l’esclave, le père mort, il a repris la pulsion de mort et l’angoisse de mort de Freud. Chez Lacan, il est question de l’importance du signifiant qui est meurtre de la chose, et aussi de la mort comme maître absolu. Il dit encore, du moins dans les premiers temps, que l’analyste dans la cure occupe la place du mort.

L’analyste rencontre la mort comme réelle dans sa propre vie éventuellement quand cela concerne ses proches, dans celle de ses analysants, et dans le contexte général. Qu’en est-il pour lui ? Est-il plus que d’autres préparé à la mort ? Enfin, il y a l’imaginaire autour de la mort : les idées de suicide de certains patients, les T.S. (tentatives de suicide où il y a du réel), et encore l’au-delà de la mort dont parlent les religions. Il y a aussi la mort même de l’analyste, pendant ou après la cure, cette fois pour l’analysant. On le voit, de nombreuses entrées sont possibles du côté de la psychanalyse pour aborder ce concept de mort.

Que dire de la mort ? 

C’est le non-représentable, l’impensable, l’innommable par excellence[1]. Lacan en fait la limite de toute parole, et peut-être aussi son origine[2] . Et derrière le meurtre du père, tel que Freud le formalise, se « cache simplement le lien étroit qu’il y a entre la mort et l’apparition du signifiant »[3]. Mais le père est aussi une sorte de protection contre ce maître absolu que représente la mort[4].

Si nous sommes voués à la mort, nous ne voulons pas le savoir[5]. Cependant la mort ne s’appréhende que de manière imaginaire, puisque nous n’avons pas l’expérience de notre propre mort, et c’est pourquoi sa symbolisation s’opère par l’intermédiaire de ce qui symbolise la vie, le phallus[6]. Le phallus qui va s’inscrire comme signifiant manquant[7]. Lacan soulignera le rapport de la mort avec la reproduction sexuée sur le plan biologique, et donc avec la sexualité[8]. Pointe alors le désir qui se trouve ainsi « dans un rapport fondamental avec la mort »[9].

Les pulsions partielles, les pulsions sexuelles sont aussi pulsions de mort, elles représentent alors la mort dans la sexualité. Mais cela nous renvoie au réel comme impossible et impensable comme l’est la mort, elle-même. « Toutes les pulsions sexuelles s’articulent au niveau des significations dans l’inconscient, pour autant que ce qu’elles font surgir, c’est la mort, la mort comme signifiant et rien que comme signifiant »[10]. Lacan soulignera encore que la pulsion partielle est pulsion de mort, car « elle représente en elle-même la part de la mort dans le vivant sexué »[11]. « La pulsion de mort, c’est le réel en tant qu’il ne peut être pensé que comme impossible. C’est-à-dire que, chaque fois qu’il montre le bout de son nez, il est impensable. Aborder à cet impossible ne saurait constituer un espoir, puisque cet impensable, c’est la mort, dont c’est le fondement du réel qu’elle ne puisse être pensée »[12].

Diverses expressions autour de la mort

Commençons par le symbole qui se présente comme « meurtre de la chose » et c’est cette mort, comme le dit Lacan, qui pour le sujet perpétue son désir[13]. Ainsi le non-être, qui apparaît dans l’ordre symbolique, a à voir avec la réalité de la mort, nous dit-il encore[14]. On le sait, la sépulture est la marque dès le début de son histoire, de l’apparition de l’humain. L’homme sait qu’il meurt, et ce qui le préoccupe est l’après, mais quel après ? 

Si l’on en revient à l’analyse, et ce qui se manifeste à sa fin, c’est pour l’analysant ce que Lacan nomme « la subjectivation » de sa propre mort[15], et pouvoir de la sorte accéder à « l’être-pour-la-mort». Le concept vient de Heidegger à partir du Dasein ou l’« être-là » ou encore l’existence. Dès la naissance, l’être est voué à la mort.

Deux concepts sont en lien, celui de l’entre-deux-mortset celui de la seconde mortChez Lacan, l’entre-deux-mortsrenvoie à Antigone, la seconde mort à Sade. Antigone se retrouve enfermée vivante dans un tombeau, elle va vers une mort certaine, avec donc une « vie empiétant sur la mort » comme le dit Lacan[16]. « La seconde mort, (est) celle que l’on peut viser après que la mort est accomplie »[17]. C’est celle du mort qui ne doit pas laisser de traces : « c’est le pas de trace qui indique là où il veut s’affirmer : très précisément ce que j’ai appelé l’anéantissement de la puissance signifiante », indique Lacan[18]. C’est aussi « le point où s’annihile le cycle même des transformations naturelles »[19].

La lutte à mort entre le maître et l’esclave

L’esclave est destiné à la mort, il ne subsiste que de sa relation avec elle, et fait avec cette relation subsister tout le système…[20]. La mort, c’est le signifiant-maître S1, l’esclave, c’est S2[21]. La lutte dite à mort, la lutte de pur prestige ne s’instaure que parce que le maître est l’inconscient, l’insu du sujet[22]. L’esclave s’est dérobé devant le risque de la mort. Cependant puisqu’il sait qu’il est mortel, il sait aussi que le maître peut mourir. Dès lors, il peut accepter de travailler pour le maître et de renoncer à la jouissance entre-temps : et, dans l’incertitude du moment où arrivera la mort du maître, il attend[23]. L’esclave renonce donc à la jouissance par crainte de la mort, ce qui le soumet au travail. Mais c’est aussi la voie par laquelle il réalisera la liberté[24].

Le père mort

Nous rappellerons seulement que cela est lié au père symbolique, au Nom-du-père. Cela est à rapprocher du mythe de l’Œdipe chez Freud, avec le meurtre du père par les fils, le père primitif de la horde. « Le père en tant qu’il promulgue la loi est le père mort, c’est-à-dire le symbole du père. Le père mort, c’est le Nom-du-père ; qui est là construit sur le contenu »[25].

Lacan et l’extermination des Juifs

Il a semblé important dans le cadre de ce travail de s’interroger sur la place accordée par Lacan à la Shoah, cette industrialisation de la mise à mort de certaines catégories d’êtres humains par les nazis. Le judaïsme est abordé souvent dans les Séminaires, Lacan s’y réfère aussi à la judéité de Freud, et par exemple à son ouvrage sur Moïse, à la psychanalyse perçue par certains comme science juive, aux psychanalystes juifs qui ont fui le nazisme aux U.S.A., à l’ego psychology qui s’ensuivit, et à ceux qui ont composé avec le nazisme à Berlin. En ce qui concerne l’extermination des Juifs, Lacan a souligné la cassure incommensurable qu’Auschwitz a introduit dans l’histoire de l’humanité. Sa réflexion dans « Kant avec Sade »[26] interroge la place de la perversion, et du mal, au regard du désir et de la Loi. 

Dans sa vie propre, Lacan a épousé en deuxième noce, une actrice juive Sylvia Maklès, ou Sylvia Bataille, mariée alors à Georges Bataille, l’écrivain. Il en a eu une fille dont le prénom est Judith, prénom juif. C’était en 1941. Il n’a pas hésité à aller chercher au commissariat de Cagnes, les dossiers de Sylvie et de sa mère, car elles s’étaient déclarées juives comme l’exigeait le régime de Vichy. Il se servit lui-même sur les étagères, et les déchira.

Lacan aurait hébergé des résistants (d’après Gérard Miller), mais lui-même ne s’est pas engagé et a continué son travail de psychiatre en divers lieux pendant la guerre. Il a toujours été hostile à l’antisémitisme et au racisme. Il a honni la collaboration pendant la guerre[27]. Qu’a-t-il su et pensé de la grande misère des hôpitaux psychiatriques à cette période, et de la mort par famine de nombreux malades ? Nous ne le savons pas.

Dans la « Proposition du 9 octobre 1967 »[28], Lacan établit une corrélation entre « l’universalisation du sujet de la science » et le phénomène du camp de concentration. Il annonce même que cela ira en se développant « comme conséquence du remaniement des groupements sociaux par la science », avec « une extension de plus en plus dure des procès de ségrégation »[29]. On peut se reporter encore à la fin du séminaire « …Ou pire » où Lacan indiquait la montée de ce qui « s’enracine dans le corps, dans la fraternité du corps, (c’est) le racisme »[30]. Nous aurions pu aborder encore l’analyste qu’il était, qui n’hésitait pas à prendre des patients suicidaires, et certains sont passés à l’acte, d’où des rumeurs qui disaient qu’on se suicidait chez Lacan. En fait il ne refusait pas les cas difficiles.

La mort dans la vie de Lacan

Comment Lacan avait-il rencontré la mort dans sa propre vie ? Rappelons qu’il était médecin et psychiatre depuis 1932, à une période sombre de l’histoire. Nous allons nous appuyer ici sur ce que l’on sait de sa biographie et de celle de ses proches. Lacan est né le 13 avril 1901. Il eut un frère, Raymond, né en 1902, un an donc après lui, qui mourût deux ans plus tard d’une hépatite. Nous ne savons rien de plus sur cette disparition. Lacan avait alors trois ans environ. 

La mort de sa mère

La mère de Lacan est morte le 21/11/1948 à l’âge de 72 ans. Quelques mois auparavant, le 20 avril 1948, Lacan était intervenu sur un exposé de John Leuba, médecin et psychanalyste suisse, intitulé : « Mère phallique et mère castratrice ». Il est indiqué que « le Dr Lacan enchaîne dans le même sens :« C’est l’imago maternelle qui est beaucoup plus castratrice que l’imago paternelle. J’ai vu à la fin de chacune de mes analyses le fantasme du démembrement, le mythe d’Osiris. C’est lorsque le père est carent d’une manière ou d’une autre (mort, absent, aveugle même), que se produisent les névroses les plus graves »[31].

Beaucoup plus tard, dans Le Séminaire Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, on trouve ceci : « Le rôle de la mère, c’est le désir de la mère. C’est capital. Le désir de la mère n’est pas quelque chose qu’on peut supporter comme ça, que cela vous soit indifférent. Ça entraîne toujours des dégâts. Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes — c’est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d’un coup, de refermer son clapet. C’est ça, le désir de la mère. Alors, j’ai essayé d’expliquer qu’il y avait quelque chose qui était rassurant. Je vous dis des choses simples, j’improvise, je dois le dire. Il y a un rouleau, en pierre bien sûr, qui est là en puissance au niveau du clapet, et ça retient, ça coince. C’est ce qu’on appelle le phallus. C’est le rouleau qui vous met à l’abri, si, tout d’un coup, ça se referme. »[32] . Heureusement donc, il y a le langage ! Emilie, la mère, ignora l’existence de Judith, mais elle était au courant de l’autre vie de son fils.  On sait qu’elle obéissait de manière rigide aux dogmes catholiques. Elle est décédée à la suite d’une opération au niveau de l’abdomen où elle eut une embolie. Morte à l’hôpital, elle fut transportée chez elle comme malade, où sa mort fut déclarée. Elle a été enterrée le 25/11 dans le caveau de famille. Lacan écrira à Ferdinand Alquié (écrivain et philosophe) : « Vous dirai-je que j’ai eu la douleur de perdre ma mère il y a maintenant un mois »[33] . Il fut très éprouvé par cette mort[34].

La mort de son père

Le père de Lacan, Alfred, est mort le 15/10/1960 à l’âge de 87 ans. Le Séminaire VIII sur « Le transfert » est commencé seulement le 16/11/1960.  En 1918, au retour de la guerre de son père, le jeune Lacan ne reconnut pas en cet homme, le père si gentil qui l’avait quitté et qu’il aimait. E. Roudinesco raconte grâce au récit du frère de Lacan, Marc-François, que « la genèse du concept du nom-du-père trouve son origine dans la place occupée par Emile Lacan », (le père du père). Cet Emile Lacan serait décédé vers 1915, Jacques Lacan étant jeune adolescent. E. Roudinesco relate qu’il se disputait avec son grand-père qui l’envoyait « au coin » ![35]. Plus tard Alfred et son père se sont brouillés. 

Jacques Lacan exécra toute sa vie ce grand-père Emile, dont il fait une terrible description : « cet exécrable petit-bourgeois, cet horrible personnage grâce auquel il avait accédé à un âge précoce à la fonction fondamentale de maudire Dieu »[36]. Il lui reprochait d’avoir été un tyran avec Alfred, « rendu inapte à l’exercice de la paternité »[37]  Alfred avait été « un père affectueux, dévoué et plein de bonne volonté », mais sans intérêt aucun pour les travaux intellectuels de son fils qu’il cataloguait comme « volage et irresponsable ».
C’est à l’image défaillante de son père que pensait Lacan en 1938 à propos de l’imago paternelle déclinante en Occident, toujours d’après E. Roudinesco. Alfred, donc père faible, écrasé par le sien et soumis à sa femme bigote, pourtant aimant et aimé.  Il est mort d’une rupture d’anévrisme et sans souffrance. Il a été inhumé à côté de sa femme. Lacan, en retard pour l’enterrement, brûla un feu rouge, se fit arrêter par un gendarme, et faillit arriver trop tard. Ses enfants étaient là. Lacan faisait son devoir, dit E. Roudinesco[38]. Il ne fit aucune allusion à la mort de son père dans le Séminaire, mais à l’enterrement de Merleau-Ponty sept mois plus tard, il parla avec émotion. « Nous l’avons reçu en plein cœur… ». Il pleura alors. Déplacement ? E. Roudinesco évoque « le vide qui séparait Lacan de son père[39].  Lacan s’est plaint pourtant d’avoir à s’occuper de lui.

La mort de sa fille aînée Caroline

La fille ainée de Lacan, Caroline, née le 8/1/1937 est décédée le 30/5/1973. Elle avait 36 ans. C’est l’année du Séminaire XX « Encore ». On peut constater que le Séminaire a lieu le 22 mai 1973, et ne reprend que le 26 juin pour la dernière séance avant l’été. Lacan fut heureux de la naissance de sa fille,[40] après trois ans de mariage. Cependant des problèmes se posaient déjà dans le couple, Lacan n’était pas l’homme dont avait rêvé Marie-Louise, sa femme. C’était un séducteur, libertin, impossible à satisfaire, persuadé qu’il avait une œuvre à réaliser, dit E. Roudinesco.

Caroline eut une petite enfance heureuse. Lacan aimait sa fille, mais plus tard « il n’eut pas avec elle de véritable relation intellectuelle »[41]. Leur relation était pourtant faite de complicité, d’échanges d’opinions sur des questions financières, car elle fit sa carrière dans l’immobilier. Il allait souvent dîner chez elle, où il rencontrait ses petits-fils. 

Le 30 mai 1973, Caroline fut heurtée par une voiture à Antibes, projetée au loin, et tuée. Lacan était en voyage en Hongrie. Il rentra à Paris, et assista aux obsèques avec sa première famille. « Devant le cercueil, mon père prit la main de ma mère et pleura ». C’est Sybille, la jeune sœur de Caroline qui dit cela[42]. Catherine Millot remarque qu’il ne fut plus jamais le même après le décès de Caroline, il devint plus taciturne[43].

Autre deuil : un petit-fils

Thibaut, le deuxième fils de Lacan, eut un fils le 16 décembre 1969, Pierre. Mais l’enfant mourut trois jours après sa naissance, le 19/12/1969[44]. C’est l’année du Séminaire « L’envers de la psychanalyse ». Le séminaire a lieu le 17/12/1969, et ne reprend que le 14/1/1970. Il y sera question entre autres de la répétition en lien avec l’instinct de mort et la jouissance[45].

Lacan, sa fin, sa mort

Jacques Lacan est mort le 9 septembre 1981 à Paris. 
A l’automne 1978, il eut un accident de voiture.  Il conduisait. Après, il arrêta de prendre le volant. Pendant l’été, il avait voyagé en Sicile, très accaparé par les nœuds, plus que par les visites[46]. D’après E. Roudinesco, à la première séance de son séminaire « La topologie et le temps », le 21/11/1978, il s’arrêta de parler, essaya de continuer au tableau, puis, toujours d’après elle, se trompe, enfin se tourne vers le public et sort. Elisabeth Geblesco[47]qui le rencontrait régulièrement pour un contrôle dont elle a tenu le journal, note à cette époque la fatigue de Lacan, mais pas de mutisme de sa part. En fait, il était déjà malade d’un cancer du colon qu’il refusa de soigner. Plus tard, il accepta une intervention au niveau de l’abdomen, puis il entra dans un état comateux et mourut. Nous pouvons simplement remarquer que sa mort est intervenue comme pour sa mère, après une opération abdominale ! Catherine Millot l’a vu un peu avant, elle dit qu’il n’était pas angoissé. E. Roudinesco le décrit comme ayant peur de mourir[48].

Les derniers mois de Lacan, sa mort, sont sujets à controverses. E. Roudinesco parle encore d’énigme de sa disparition. Certains ont décrit un Lacan vieux et malade, souvent mutique, colérique, disant non à tout. Ce ne serait plus lui alors qui écrit ses séminaires mais son gendre, y compris la lettre de dissolution de l’E.F.P. en janvier 1980, mais le contenu est bien de lui. D’autres disaient que même silencieux, il écoutait, toujours aussi présent et lucide[49]. Pendant le séminaire, il cessait de parler, se montrant ainsi, complétement silencieux, comme dans une mise en acte de la décomposition du langage[50].  En avril 1979, E.  Geblesco le décrit épuisé, mais il accepte de lire un texte d’elle et lui donne son avis le soir même par téléphone. Fin mai, elle note qu’il ne se lève plus pour marquer la fin de la séance. En septembre 1979, Lacan se tait, il a maigri, il a l’air tendu, malade. Elle s’interroge : « a-t-il perdu la tête » ? Fin octobre 1979, il ne peut la recevoir et ne tient pas son séminaire. Il le reprend le 13 novembre. E. Geblesco remarque l’air de Lacan comme celui d’un malheureux vieillard abandonné de tous[51]. Elle continue de le voir, de le payer, mais Lacan ne lui parle pratiquement plus, si ce n’est pour demander quand il la revoit. Ainsi se déroule l’année 1980 marquée le 27/9/1980 par le vote sur la dissolution de l’E.F.P. à la maison de l’Amérique latine, dissolution annoncée dès le 8 janvier par Lacan par cette lettre qu’il n’avait pas écrite lui-même, mais vraiment décidée par lui. Car il avait déjà des difficultés à écrire.  

De janvier à juin 1980, il a tenu cinq séances de séminaires où il lisait un papier. Lacan a même fait un voyage à Caracas pour lequel on a accusé J.A.Miller, son gendre,  de l’exhiber[52].  E. Geblesco continua à le rencontrer à son cabinet jusqu’à l’été 1981, le 6 juillet exactement.  Lacan y était le plus souvent seul, avec Gloria, sa fidèle secrétaire.  Son cabinet s’était vidé ! E. Roudinesco a eu l’occasion de lui parler, elle note un regard fuyant, comme attiré ailleurs[53]. Elle ajoute que Lacan serait mort sous un faux nom dans une clinique, en fait sous le nom de son médecin qui l’a fait hospitaliser ; il est décédé des suites de son cancer du côlon. Toutefois la mort de Lacan, son enterrement même, ont fait problème au sein de sa famille et de son entourage[54].

Marie-Claude Baïetto


[1] J. Lacan, Séminaire II, Le moi dans la théorie de Freud, Seuil, 1978, p. 247. 

[2] J. Lacan, Séminaire V, Les formations de l’inconscient, Seuil, 1998, p. 60.

[3] Op.cit. p. 310.

[4] J. Lacan, Séminaire VI, Le désir et son interprétation, Seuil, 2013, p.144.

[5] J. Lacan, Séminaire XVII, L’envers de la psychanalyse, Seuil, 1991, p.143.

[6] J. Lacan, Séminaire V, op. cit. p.465.

[7] J. Lacan, Séminaire VI, op.cit. p.35.

[8] J. Lacan, Séminaire III, Les psychoses, Seuil, 1981, p.347. 

[9] J. Lacan, Séminaire VII, L’éthique de la psychanalyse, Seuil, 1986, p.351.

[10] J. Lacan, Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, 1973, p.232.

[11] J. Lacan, Séminaire XI, op.cit. p.187.

[12] J. Lacan, Séminaire XXIII, Le sinthome, Seuil, 2005, p. 125.

[13] J. Lacan, Ecrits, Seuil, 1966, p. 319.

[14] J. Lacan, op.cit. p.380.

[15] J. Lacan, op.cit. p. 348.

[16] J. Lacan, Séminaire VII, op. cit. p. 291.

[17] J. Lacan, Séminaire VII, op. cit. p. 341.

[18] J. Lacan, Séminaire IX, L’identification, séance du 28/3/1962.

[19] J. Lacan, Séminaire VII, op.cit. p. 291.

[20] J. Lacan, Séminaire XVI, D’un Autre à l’autre, Seuil, 2006, p. 387.

[21] J. Lacan Séminaire XVII, op. cit. p. 198.

[22] J. Lacan, Séminaire XVI, op.cit. p. 385.

[23] J. Lacan, Ecrits, op. cit. p.198.

[24] J. Lacan, Ecrits, op. cit. p. 811.

[25] J. Lacan, Séminaire V, op.cit. p. 146.

[26] J. Lacan, Kant avec Sade, Ecrits, op.cit.

[27] E. Roudinesco, Lacan envers et contre tout, Seuil, 2011 , p. 49.

[28] J. Lacan, Autres écrits, Seuil, 2001, p.243

[29] J. Lacan, Autres écrits, op.cit. p. 257.

[30] J. Lacan, Séminaire XIX ,…Ou pire, séance du 21 juin 1972.

[31] J. Lacan, Mère phallique et mère castratrice », Revue Française de Psychanalyseavril-juin 1949, tome XIII, n° 2, p. 317.

[32] J. Lacan, Séminaire XVII, op.cit., p. 129.

[33] E. Roudinesco, Jacques Lacan, Fayard, 1993, p.247.

[34] E. Roudineco, Jacques Lacan, op.cit. p. 419.

[35] E. Roudinesco, Ibid. p. 26.

[36] J. Lacan, Séminaire IX, op.cit., séance du 6/12/1961.

[37] E. Roudinesco, Jacques Lacan, op.cit. p. 373.

[38] Ibid. p. 368.

[39] Ibid. p. 251.

[40] Ibid. p. 189.

[41] Ibid. P.244.

[42] Ibid. p. 461.

[43] Catherine Millot, La vie avec Lacan, Gallimard, 2016, p. 78.

[44] E. Roudinesco, Jacques Lacan, op.cit. p.460.

[45] J. Lacan, Séminaire XVII, op.cit. p. 51.

[46] Catherine Millot, op.cit. p. 99 et 101.

[47] Elisabeth Geblesco, Un amour de transfert, éditions Epel, 2008. 

[48] E. Roudinesco, Jacques Lacan, op.cit. p.175.

[49] E. Roudinesco, Envers et contre tout, op.cit. p.175.

[50] A. Badiou, E. Roudinesco, Jacques Lacan, passé présent, Seuil, 2012, p. 85.

[51] E. Geblesco, op.cit. pp. 199, 205, 209, 211, 212.

[52] E. Roudinesco, Jacques Lacan, op.cit. p. 517.

[53] E. Roudinesco, Envers et contre tout, op.cit., p. 175.

[54] Voir Sybille Lacan, Un père, Digraphe, 1994.

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