Du moi au sujet, de l'(A)utre à l’ (a)utre.R. Lévy. Séminaire 2. Paris

SEMINAIRE II 2022-2023

Du moi au sujet, de l’(A)utre à l’(a)utre 

Robert Lévy

J’étais resté la dernière fois sur la question suivante : celle de savoir maintenant si jouir de l’autre n’est pas toujours le , la , considérer comme déficitaire ?

Il est vrai que peu à peu les interventions qui ont suivi, non seulement ont permis de répondre à cette question mais également d’en poser de nouvelles dont celle-ci qui paraît essentielle:  sommes-nous toujours aujourd’hui face à un Autre, un grand Autre équivalent à celui auquel nous nous étions confrontés il y a encore quelques années c’est à dire lorsque le patriarcat n’était pas  encore remis en question ?

En effet, les « gender théories » et les discours féministes , en introduisant une différence entre le genre et le sexe , ont assurément contribué à terminer la déstabilisation du discours du maître et ses effets de régulation sur les 4 discours , mais aussi précipité dans cette déstabilisation , à réduire la ‘croyance ‘ dans le maître dont le patriarcat était une des figures centrales . Ce à quoi on peut ajouter que les « gender théories » ont contribué à introduire une disqualification du discours de la science dont on mesure les effets aujourd’hui , ne serait-ce que par   le développement des discours complotistes qui promeuvent l’opinion contre la science . 

C’est dire si c’est la question même du rapport du sujet à la vérité  qui s’en trouve nouvellement mis en doute . 

De ce fait je pense que la question  du grand Autre doit s’en trouver  également modifiée ..

Il y a eu grâce à cette introduction des « gender théories » une nouvelle façon de se représenter sexuellement , de se déclarer sous la forme d’un ‘je suis ce que je dis ‘ ; 

Ce qui trouve aussi son représentant après , ou avec la pandémie , dans cette façon très individuelle  de considérer que ‘ce que je dis (mon opinion ) vaut contre toute vérité scientifique établie ‘ , ce  qui me semble être une autre version de la même question …

En bref ,  ‘je suis ce que je dis et mon opinion , ce que je dis donc,  vaut autant que toute vérité scientifique ‘..

C’est ainsi que peu à peu le performatif fonctionne pour lui – même sans aucune forme de contenu quant à la vérité puisque la vérité c’est  bien ‘ce que je dis ‘; Pure performatif.

Alors quel est ce nouveau ‘je’ qui dit la vérité ? Serait-il l’héritier du moi, mais un moi qui aurait alors « pignon sur rue » ou encore un moi qui aurait congédié définitivement le sujet de l’inconscient ? Celui qui justement ne peut pas se dire tout et qui ne se rencontre qu’entre deux signifiants qui impliquent que la vérité ne peut donc que se mi-dire ..

L’autre conséquence directe de cette nouvelle façon d’évacuer le sujet tout en disant ‘je’ c’est ce que l’on rencontre depuis peu dans les questions concernant les problèmes liés à ce qu’on appelle aujourd’hui ‘trans’ et qui n’ont plus guère à voir avec les anciens ‘transexuels’ qui revendiquaient une erreur à réparer sur leur enveloppe sexuée.

En effet on peut aujourd’hui considérer qu’il serait plus agréable de se dire femme  si on est un homme et vice versa sans que cela ne conduise plus pour autant à s’inscrire dans un protocole d’harmonisation en vue d’une opération définitive sur le changement de sexe .

Pourtant des forces s’opposent à cela et certains lobies LGBTQ+ entrent en guerre directe contre ceux ou celles qui, comme par exemple nos collègues Celine Masson et Caroline Elliachef [1], ont été interdites d’expression dans plusieurs endroits tant en France qu’en Belgique à la suite de la publication de leur ouvrage sur la transidentité chez les enfants , plaidant pour un peu plus de modération surtout pour les enfants qui prétendaient vouloir changer de sexe …

Le but  de ce lobbying étant, de façon avérée, de vouloir dépsychiatriser et dérèglementer toute initiative en vue d’une trans identité et ce , sans aucune question sur ce qui se dit à travers cette revendication ..

Je pense qu’il s’agit bien ici de l’exemple absolu du croisement entre ‘je suis ce que je dis ‘et de ‘l’opinion de chacun vaut comme vérité contre toute science ‘.

N’est- ce pas là l’avènement de ce que je qualifierai ainsi : la nouvelle dictature du moi et l’évacuation pure et simple de tout rapport au sujet de l’inconscient ?

Céline Masson précisait  sur la liste de diffusion de Patrick Landman le 10/06/2021 A la suite de la diffusion d’un texte  d’Elisabeth Roudinesco : « L’observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent  ne s’est pas du tout prononcé  sur la PMA /GPA pas plus que sur les personnes « transgenres », notre objet de travail porte sur la protection des enfants et sur l’emprise idéologique qui ont des répercussions sur leur corps et leur  vie psychique. Nous sommes un collectif composé de collègues psychiatres, psychanalystes, médecins somaticiens, juristes, enseignants de l’éducation nationale, universitaires,  libres de leurs opinions, certains s’étant engagés activement en faveur du mariage pour tous, pour la PMA / GPA d’autres sont plus critiques, d’autres encore n’ont aucun avis. La diversité des points de vue fait la richesse de notre collectif qui aujourd’hui est vivement sollicité aussi bien par les médias que par les politiques et nous avons voix au chapitre. Grâce à nos travaux, à l’Appel de l’Observatoire fort de ses plus de 200 signatures de professionnels de l’enfance, nous avons été reçus et entendus. Autrement dit, le débat national a déjà commencé avec différents interlocuteurs et nous ne manquerons pas de vous faire part de nos avancées dans les prochains mois. Les débats doivent être constructifs et ouverts, il faut du temps et nous le prenons. » 

Ainsi , si comme l’énonce clairement Céline Masson  « notre objet de travail porte sur la protection des enfants et sur l’emprise idéologique qui ont des répercussions sur leur corps et leur  vie psychique », il semble que cet aspect ne soit pas du tout reconnu par les lobbying Trans dont la seule et unique revendication consiste à ce que l’on puisse reprendre « à la lettre » toute déclaration de sexe quel que soit l’âge auquel elle se produit, et que surtout ce « je suis ce que je dis » soit directement suivi d’effets concrets en vue d’un processus de changement de sexe. 

C’est ce que dénoncent nos deux autrices dans leur ouvrage. En effet,  au nom de l’autodétermination, l’enfant pourrait donc devenir ce qu’il dit qu’il veut , et  que les adultes interprèteraient comme un ‘désir’ de devenir une femme par exemple lorsqu’on est un petit garçon ou l’inverse  .

Comme elles le font très justement remarquer dans leur ouvrage :« On peut croire que Sasha rêve d’être une fille et se sentir fille , mais il est inconcevable qu’un enfant aussi jeune ait les moyens de comprendre les enjeux du traitement médical, de son mal être, ni même les conséquences qui en découlent : complications et renoncements jusqu’à la fin de ses jours [2]» …

Evidemment cela contribue un peu plus à marginaliser la psychanalyse qui, il est vrai, soutient que l’on ne sait pas toujours ce que l’on dit même et surtout lorsqu’on se trouve dans la certitude de ne pas être un sujet divisé …

Alors qu’est – ce que cela implique comme modification du rapport au grand Autre sachant qu’évidemment le discours du maître n’a plus ici aucun droit de cité ?   

Il nous faut repartir de ce que Lacan évoque, me semble-t-il, de la nécessité de ne pas seulement partir de la structure du langage, c’est à dire du seul inconscient pour  pouvoir mettre la place du sujet, mais y inclure la parole. En d’autres termes , permettre de mettre dans un même lieu ce qui intéresse la structure du langage et ce qui va intéresser la parole …

Le  principe est assez simple, il faut nous reporter  aux  cris du bébé, qui ne sont pas encore des paroles et qui vont trouver un récepteur qui, en les interprétant,  va leur apporter une réponse et en même temps leur donner un sens. C’est ce point que Lacan a appelé grand Autre, là où le cri rencontre un récepteur et, puisque on est dans la structure du langage, une réponse lui sera donnée. Peut – être est-il nécessaire de préciser que cette réponse n’est pas forcément pleinement satisfaisante mais elle a le mérite de traduire en paroles ce qui n’est encore que du ressort du cri.

C’est cette première réponse qui sera telle que Lacan l’a nommée  « matrice de l’idéal du moi »..

Ainsi Lacan va devoir tenir compte de la parole pour pouvoir résoudre le problème du sujet .

« Ce cri qui devient parole lorsque qu’il y a la première demande , de ce  lieu Autre où sont les signifiants , un signifiant va décompléter ce grand  Autre , et ce signifiant qui décomplète l’Autre , ce sera le sujet[3]… » Je précise ici qu’il faut entendre « décompléter » comme ce qui permet à ce grand Autre de ne plus être « complet » . J’ai compris moi – même grâce à cela , qu’ effectivement au début ce grand Autre , disons la mère pour faire vite, est complète , non barrée et pour que l’enfant puisse devenir sujet en quelque sorte , il faudra qu’un des signifiants dans ce lieu Autre chute ou encore soit refoulé afin de permettre à ce grand Autre sa décomplètude et la production du sujet .

On peut donc déjà peut-être dire que ce qu’on avait cherché jusqu‘alors pour préciser ce terme de différence se présente plus sous la forme d’une décomplètude d’un signifiant qui justement constitue le sujet comme résultat  et pas comme une différence au sens mathématique comme on aurait pu le penser jusqu’alors …

Par conséquent il n’y a pas différence mais  dissymétrie entre celui qui émet le cri et celui qui le reçoit avec déjà ‘interprétation’ puisque c’est celui qui reçoit qui va donner le sens à ce à ce qui est émis , ce qui situe dès lors le sujet non plus dans la différence mais dans la discontinuité …

Et c’est donc l’avènement de ce que Bergès et Balbo ont appelé l’identification transitiviste[4] » c’est à dire ce moment nécessaire où la mère peut donner un sens à ce qui arrive à son bébé .

Plus prosaïquement c’est l’héritier de ce que sera avant  trois ans la façon dont les petits enfants peuvent se plaindre que l’autre les a tapés alors qu’ils sont eux – même les agents du délit ..

Quoi qu’il en soit, c’est dire également si le Moi n’est pas autonome  avant longtemps et c’est une des raisons pour lesquelles Lacan est parti en guerre contre ses collègues Anglo saxons, puisque c’est un fait clinique que conduire une cure en considérant que le moi est autonome ou la conduire en considérant qu’il y a un sujet et qui plus est un sujet barré est cliniquement très différent… 

L’autre raison est que considérer le Moi comme autonome serait sans doute exclure de ce fait la notion même de sujet de l’inconscient .

Si l’on conduit la cure à partir de l’égo ou du self, il s’agira de  présenter le bon objet au bon moment et ainsi combler ce vide de l’inconscient auquel le sujet a à voir et donc gommer toute discontinuité au fondement même du sujet puisque  le signifiant représentant  le sujet pour un autre signifiant signifie que le signifiant qui le représente fois produit du sujet à chaque fois, certes, mais du sujet dans une discontinuité …

Avec l’Ego, un « souverain bien » peut être effectivement obtenu sur terre et la direction de la cure à partir de cet Ego est le moyen de l’obtenir ; d’obtenir donc cette complétude .. Un bon objet comblant, et de surcroît totalement satisfaisant, existe alors. 

L’ego ,  « l’ego psychologie » , ne serait – elle pas de retour dans les discours que j’ai évoqués précédemment entre autres  puisque : si « je suis ce que je dis » alors il n’y a plus de sujet mais un moi pure et dure auquel je me fie  avec certitude et aveuglement sans qu’aucun sujet barré ne puisse venir y faire obstacle …

Ce que je dis recouvre donc l’intégralité de mon désir .

L’enfant garçon disant « je suis une fille » manifeste donc par-là l’intégralité de son désir à le suivre alors à la lettre .

De même, si l’opinion de chacun prime sur tout rapport au discours scientifique, c’est là encore une façon d’assumer la plénitude de mon Moi… Et chacun aura son mot à dire, son opinion par exemple sur la prescription d’hydroxichloroquine contre le virus sans avoir nécessairement à connaître les vicissitudes de la recherche scientifique en matière de médicaments .

Ainsi, toute autre est la Direction Lacanienne de la Cure qui postule qu’avec l’introduction du sujet barré , c’est à dire avec le champ de la parole et du langage de façon indissociable , c’est avec l’incomplétude que le sujet doit pouvoir naviguer dans sa vie[5]

C’est donc un des premiers constats que l’on peut faire : si « je suis ce que je dis »,  il s’agit alors de se fier à la parole et non pas au langage ; en sachant que le sujet de l’inconscient pour se produire nécessite les deux …Mais comme le fait très justement remarquer Solange Fallade[6], ce n’est pas tout de suite que Lacan change de position ; en effet, il fallut attendre 1966 pour qu’il fasse la distinction entre le je et le moi , puisque dans  l’article « le stade du miroir comme formateur de la fonction de je[7] »  il traduit  encore pour idéal ich  (moi idéal)  ’ ‘je’ ideal’…

C’est seulement après 1966 que dans une note il indique ne plus employer cette formule …`

Pourtant  dès 1951 la question du sujet le travaille. C’est pourquoi il va passer du stade du miroir au schéma optique , ce qui change  tout, puisque avec ce changement il va y avoir d’emblée dans ce schéma nouveau la place pour le sujet et, je dirai , par conséquent , celle de l’idéal du moi et de la nouvelle écriture du Moi qu’il appellera i(a) [8].

Mais c’est néanmoins comme il le dit « un succédané » du stade du miroir et il n’y a pas encore de place pour l’objet a.

Dans ce schéma, le sujet vu se voit grâce à son moi idéal ; d’où la question suivante : ne serait-ce pas là, la matrice de tout narcissisme ? …

Ce qui est très important, c’est la notation de l’œil sur le schéma à la place de l’idéal du moi et donc ce moi idéal se règle sur ce point de l’idéal du moi d’où il est regardé …

Il y a donc déjà un changement par rapport au stade du miroir mais il faudra attendre dans un second temps un schéma optique où il y aura enfin un objet réel ce a, objet non spéculaire dont on a alors le reflet mais plus l’image; ce qui change tout  …

Ici, c’est à dire avant le positionnement de l’objet a non spéculaire, se situe ce qu’on appelle aujourd’hui le wokisme dans lequel se développent de nouveaux dogmes issus, me semble – t – il, très directement de cette position du moi idéal qui ignore le sujet et surtout le sujet barré et qui redéfinit la science ou plus tôt les acquis scientifiques en trois points :

1/ Le sujet humain ne serait qu’une page blanche entièrement façonnée par la société 

2/ L’égalité entre individus ne pourrait impliquer que leur similarité sur le plan biologique 

3/ Héritée du post modernisme la science en serait qu’une construction culturelle comme les autres  

Ce qui pousse les activistes à ‘décoloniser’, car la science serait donc trop occidentale ou encore trop blanche[9]

C’est donc l’avènement de ce qu’on pourrait qualifier de ‘différence égale’ qui, sous le prétexte de ne pas vouloir que la différence soit déficitaire, remet les compteurs à zéro et rend identique à soi-même toute différence sans penser qu’il puisse exister ni discontinuité ni ‘impermanence du sujet’[10]

En fait dans le wokisme c’est le moi idéal qui prévaut, l’objet est spéculaire et irrémédiablement voué à une pleine représentation. Une référence à l’Autre non décomplèté, complet donc.

D’ailleurs on ne saurait mieux imager cela qu’avec  Lacan  qui dira  que le Moi  est cette image de l’autre semblable sans que le sujet soit présent d’aucune façon , là encore le règne du  « Je suis ce que je dis » prend le pas sur toute autre considération …

Je reprendrai donc cette remarque d’Annick Hubert[11] complétant le cogito Cartésien subverti par Lacan  qui me semble très juste pour pouvoir se repérer :

« Je pense où je ne suis pas (effet que le langage réalise à tout moment ) et je suis où je ne pense pas (existence du sujet  qui devient un point aveugle du langage ).

Donc le point aveugle est éliminé dans les discours complotistes et celui du wokisme , le sujet donc ..

Je voudrais reprendre maintenant le repérage de l’émergence de l’objet a puisque Lacan a du mal à représenter cet objet qui choit lors de la naissance du sujet qui, je vous le rappelle, émerge d’un signifiant qui divise le grand A et permet à ce sujet d’émerger en entraînant le fait que ce A est décomplèté.  Ainsi, de cette division résulte un reste qui fait apparaître cet objet.

L’objet a est donc résiduel de la naissance du sujet et constitue de ce fait, le reste de l’investissement libidinal narcissique puisque l’investissement de l’image du Moi ne peut être total , il va donc y avoir une chute ou encore un reste qui est précisément cet objet a.

Trois graphes importants dès lors pour expliquer cela, selon ce que propose Solange Fallade[12].

Tout d’abord celui de l’infans, celui qui ne parle pas encore, avant la symbolisation, graphe I. Dans ce temps-là l’enfant sent la mère où il ne la sent pas.

GRAPHE 1

GRAPHE 2

Ce qui change dans le graphe 2 est que ce qu’il peut percevoir avec une première symbolisation, est que sa mère va et vient .

C’est avec la première demande , le moment donc où le cri devient parole , que cette demande est le fait du pure sujet du besoin, sujet de la parole ..

Une fois cette demande posée, le cheminement va se faire vers vers ce grand Autre qui était jusque là le lieu de la parole mais qui est aussi maintenant le lieu des signifiants .

Donc l’infans va devoir traverser le défilé des signifiants ce qui  n’est pas sans conséquence ;  conséquence que Lacan va appeler une demande qui en sort cocue . « votre désir est toujours cocu[13] » , cocu parce qu’il arrive toujours autre que ce qu’il était au départ … En d’autres termes c’est l’aliénation que subit la demande du fait de la parole …

Pour résumer ce lieu de l’Autre la formule la plus ramassée me semble  être la suivante : « Donc ce lieu de l’Autre est lieu de la parole, mais essentiellement lieu des signifiants, puisqu’il y a à tenir compte de la structure de l’inconscient  qui est structure de langage[14] ».

Donc Nous n’avons plus ici à parler de différence mais bien de « dissymétrie » entre celui qui parle et celui qui reçoit comme je l’ai déjà évoqué plus haut.

GRAPHE3 

C’est là que Lacan situe le refoulement originaire urverdrangung:  « ce qui se trouve aliéné dans les besoins constitue cette urverdrangung   et ne peut pas être repris dans une parole[15] ».

On comprend pourquoi dès lors ce qui se trouve amputé après cette première demande portera la même amputation dans les autres demandes et se révèle alors comme un « impossible à dire » du fait même que cette demande passant par ce lieu des signifiants va être aliénée… Évidemment, la façon singulière dont chaque  Autre barré  répondra à la demande et  l’interprétera aura des conséquences sur l’intégralité de la vie du sujet .

Ainsi on peut voir sur ce troisième graphe que le sujet renouvelant sa demande est le sujet barré, le sujet de l’inconscient. C’est pourquoi, comme cette demande n’apporte pas la réponse attendue, quelque chose se met en place qui s’appelle le désir. Or puisque la réponse n’est pas totalement attendue par l’enfant, il répète sa demande envers la mère .On comprendra ici que le désir naît  de cette ou de ces demandes insatisfaites, non pas par choix , mais parce qu’il est impossible de satisfaire pleinement la demande et d’une certaine façon c’est tant mieux puisque  c’est de cette façon  que le désir se met en place, désir en deçà de la somme des demandes, c’est à dire la pulsion. ….

Cela permet également à l’enfant de saisir que du côté du grand Autre quelque chose aussi manque, il y a une faille.

Ce n’est évidemment pas lors de la première demande que cela  peut être appréhendé par l’enfant , mais grâce à la répétition des demandes qui fait également qu’il y aie du désir qui naît..

C’est donc dans la diachronie d’un jour après l’autre que ceci peut se mettre en place et là encore la diachronie n’est pas la différence…

En conclusion le sujet du besoin est celui qui commence à parler , et qui du fait de cette parole passe par le lieu des signifiants , c’est à dire que ce lieu c’est précisément ce qu’on appelle le grand A .

Par conséquent pour notre objet ce n’est pas l’homme qui parle mais que dans et par l’homme, ça parle .

Chez l’enfant aussi « ça parle même si on ne l’entend pas »..

Il me reste à préciser encore d’où sort cet objet a puisque si l’on considère, comme je viens de le montrer que le sujet est essentiellement coupure, le sujet est division en tant que telle, Lacan montre que quelque chose va choir de cette opération, qu’il y aura un reste et par conséquent ce reste de la division c’est ce qu’il appelle l’objet a ou encore l’objet partiel.

« Le sujet de l’inconscient, ce sujet effet du signifiant, c’est la division même qui le représente ; le reste c’est l’objet a[16]».

Mais cet objet partiel, objet a , brille ; il nous faut donc donner sa  place à cet objet qui choit lors de l’avènement du sujet .

C’est ce même objet a que l’on retrouve lors d’une analyse et qui est au centre de la question du « que suis – je ? » de l’analysant.

Mais ce n’est qu’au moment où le sujet barré pourra appréhender ou saisir son objet a qu’on aura la réponse ….


[1] Caroline Eliachef et Céline Masson, La fabrique de l’enfant transgenre. Ed l’Observatoire 2022

[2]  Eliacheff Masson opus cité p. 23-24

[3] Solange Fallada Seminare 1988 1989 Le moi  et la question du sujet ED  Anthropos 2018  P. 12 

[4] Gabriel Balbo , Jean Berges, Jeu des places de la mère et de l’enfant essai sur le transitivisme  ERES

[5]Voir l’exposé de Radjou Soundaramourty

[6] opus dja cité P.16

[7] Lacan in les ecrits 

[8] Dans les écrites techniques cités par S Fallade opus déjà cité P.17

[9] Thomas Mahler publié dans l’EXPRESS 22/12/2022

[10] Voir exposé d’Annick Hubert Barthélémy

[11]-Exposé déjà cité

[12] opus deja cité P.29

[13] LACAN Les formations de l’inconscient  8 Janvier 1958 

[14] S Fallade opus deja cité P.31 

[15] LACAN P.690 ECRITS Cité par S Fallade p.32 

[16] S Fallade opus deja cité P. 57

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