Proposition de cartel

« Les développements psychiques possèdent une particularité qui ne se rencontre dans aucun processus de développement. Quand, en grandissant, un village devient ville, un enfant devient homme, village et enfant se résorbent alors dans la ville et dans l’homme. Dans le développement psychique, tout stade antérieur de développement subsiste à côté du stade ultérieur né de lui. L’état psychique peut bien, pendant des années, ne pas se manifester. » écrit Freud

 

1.

La démocratie participe-t-elle de l’équilibre psychique nécessaire à la personne humaine ? Abderrahmane Si Moussi2, psychanalyste, en Algérie, peut nous aider à comprendre l’état de nervosité et d’angoisse qui règne dans un pays où les catastrophes et échecs politiques, les catastrophes naturelles – inondations, épidémies, séismes – n’ont pas manqué de mêler leurs violences et de marquer la société dans son ensemble, individualités et collectivités locales et nationales comprises . A ce titre, ils doivent être étudiés.

Si la sexualité infantile peut déterminer une névrose adulte, que nous apprendrait le regard porté du psychanalyste sur la psychopathologie de la vie quotidienne ? Ecouter le social, le politique, les dires et les dits, les énoncés et leurs énonciations, à la lumière d’autres champs : l’anthropologie, la littérature, le cinéma, la philosophie…  ? Ce cartel pourrait nous ouvrir à une clinique du réel, en interrogeant le possible ou impossible désir de l’analyste même si, ou surtout si, la civilisation, comme l’écrit Lacan, c’est l’égout3. Malgré l’abrasion du sujet, la déshumanisation constatée à l’hôpital, à l’école, au travail, dans la politique, le psychanalyste ne peut-il qu’attester de la « pollution dans la culture » ? Ça nous arrangerait peut-être de circonscrire ou confiner notre pratique à la cure, mais la pratique de la cure nous donne-t-elle accessoirement quelques appuis éthiques pour penser, sans croire au Père Noël ? « Les journaux disent tous les jours que les progrès de la science, Dieu sait si c’est dangereux, etc, mais cela ne nous fait ni chaud ni froid. Pourquoi? Parce que vous êtes tous, et moi-même avec vous, insérés dans ce signifiant majeur qui s’appelle le Père Noel. Avec le Père Noel, cela s’arrange toujours, et je dirai plus, ça s’arrange bien.4« 

Ce qui ne marche pas, disait Lacan, je suis encore le seul à l’avoir appelé de ce nom, c’est le réel. Ce qui marche c’est le monde. Le monde en marche et lit-novation. Il y a des choses qui font que le monde est immonde, c’est de cela que s’occupe les psychanalystes. Ils sont beaucoup plus confrontés au réel que les savants5.

 

Contacter Claude Breuillot au 0385401873 ou par email : cbreuillot@gmail.com

1 Freud, S. « Considérations actuelles sur la guerre et la mort. » (1915), in Essais de psychanalyse, Payot, 1981, Page 20

2 Fares, N. psychanalyste, Article du blog Médiapart «Estime de soi, estime de l’autre, et déchéance. »  https://blogs.mediapart.fr/nabile-fares/blog/260116/estime-de-soi-estime-de-l-autre-et-decheance?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter

3 Lacan, J. « Lituraterre. », in Autres écrits, Seuil, 2001, page 11

4 Lacan, J. « les psychoses. », Seuil, page 361

5 Lacan, J. « Le triomphe de la religion. », Rome, 29 octobre 1974

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