MOUSTAPHA SAFOUAN IN MEMORIAM

MOUSTAPHA SAFOUAN IN MEMORIAM
Après l’annonce de la disparition de Moustafá Safouan, les
collègues parlent de son désir face auquel il ne cédait pas, et de sa générosité.
Mais peu d’entre eux doivent connaître une anecdote qu’il nous a
raconté il y a au moins trente ans, quand quelques uns parmi nous
se réunissaient avec lui pour parler de la clinique.
Il disait que quand il était un très jeune étudiant en philosophie à
Paris, un beau matin il avait ressenti de la paresse pour se lever et
aller en classe ; et après ce jour, un autre, et encore un autre au
cours desquels il était devenu même difficile pour lui se lever du lit.
Un ami lui avait conseillé d’aller voir un psychanalyste et il l’avait
fait.
il évoquait alors qu’un jour il s’était rendu compte que ce qu’il
appelait ‘paresse’ n’était que manque de désir ou, plus exactement,
un désir devant lequel il avait cédé .
Depuis lors , ce péché capital appelé ‘paresse’, bien qu’il demeurait
péché, le restait seulement face à lui même .
Il ne cédait pas non plus lorsqu’il considérait ne pas avoir été traité
comme il se doit , non pas par rapport aux mérites imaginaires
superlatifs , mais par rapport à ce qu’il méritait en fonction du lieu où
l’avait situé son désir , et pour autant (parce que l’un ne va pas sans
l’autre), son effort.
Ainsi il était capable de prendre le premier avion du retour si en
arrivant quelque part il considérait que le traitement qu’on lui avait
réservé ne correspondait pas à cette place . En effet cette leçon, il
l’avait apprise il y a bien longtemps et nous l’avait transmise par
son travail constant d’écriture , en donnant des conférences partout
, et aussi en s’efforçant de baisser le niveau d’idéalisation où
certains le mettaient en riant avec nous lorsque nous étions de
jeunes psychanalystes un peu sauvages . Et cette leçon nous
l’avons apprise il y a bien longtemps car il nous l’avait transmise .
Quant à sa générosité, on n’oubliera jamais ses invitations au
restaurant prés de son cabinet; des restaurants auxquels on n’aurait
jamais pu accéder étant donné le peu de moyens de jeunes
étudiants étrangers que nous étions à cette époque. Sans oublier
également sa générosité intellectuelle qui est un lieu commun pour
tous ceux qui ont pu bénéficier de sa compagnie à un moment ou à
un autre de leur formation.
Réposez en paix, Safouan, et merci beaucoup.

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