Thème de l’anné 2017-2018

SOUFFRONS-NOUS ENCORE DE NOS RÉMINISCENCES ?

Dès les Etudes sur l’hystérie, Freud avance que « les hystériques souffrent de réminiscences » et que leurs symptômes sont symboles d’évènements traumatiques.

C’est à partir de l’hystérie que Freud va développer sa théorie de l’inconscient, du refoulement, du fantasme, de l’identification et du transfert.

Pourquoi vaut-il alors de re-poser aujourd’hui la question? L’hystérie qui a tellement posé problème à la pensée médicale est aujourd’hui effacée des nosologies psychiatriques. Le champ freudien, celui de l’inconscient est attaqué de toute part.

Les résistances à la psychanalyse se manifestent dans le discours contemporain par celui des marchés qui réduit chacun à une univocité de consommateur, lui faisant miroiter toutes les promesses d’harmonie et de bonheur grâce aux objets interchangeables. Partout, nous entendons que la psychanalyse a fait son temps. Même certains politiques tentent de la pénaliser, sans succès pour l’instant heureusement.

C’est ainsi que toutes les formes de thérapie brève sont mises en avant, tout souvenir est traité en tant que mauvais souvenir à reconstruire, à éradiquer ou à reprogrammer. S’agirait-il simplement du passé faire table rase?

Soyons clairs: il s’agit d’évacuer la notion même de sujet. L’inconscient n’existe pas, l’équivoque est alors réduite à l’erreur. Il ne s’agit plus d’entendre une parole et ce qu’elle contient d’effets de sujet, mais de rectifier les erreurs de parcours qu’un individu a pu commettre ou, mieux, qu’on a commis à son encontre. Dès lors suggestion et coaching permettraient de s’entraîner à une nouvelle vie.

Mais dans cette perspective le sujet disparaît, sa division est niée, il ne s’agit plus que d’êtres d’émotions, hors langage. Il ne s’agit plus d’avoir un corps mais d’en être un dont nous pourrions enfin faire en sorte qu’il ne souffre plus.

L’homme augmenté frappe à nos portes.
Pourtant les réminiscences dont nous continuons de souffrir, quoiqu’on y fasse, sont bien celles qui ont été construites à partir des évènements traumatiques dont les signifiants ont été refoulés mais qui font inlassablement retour dans le symptôme.

Le sujet est fait de cette dimension même s’il peut disparaître dans la jouissance de son symptôme, ou encore par une formation de compromis y maintenir quelque chose de son désir. C’est sans doute un des enjeux d’une cure, qui, grâce au maniement du transfert hors suggestion, permet que quelque chose puisse s’entendre de cet impossible à dire et à écrire, condition de l’émergence du sujet.

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