Anna Konrad "Structure et consultation analytique avec l’enfant"
Introduction : Pour aborder la question de la structure je vais commencer par ma relation personnelle à ce qui, avant de cheminer avec la psychanalyse, a d’abord été la dimension structurale en psychopathologie. Je n’ai pas eu de maitre en psychiatrie de l’enfant comme je peux dire que j’en ai eu en psychiatrie générale autour de la question de l’altérité et de la folie, là où la question de la fixité de la structure était posée du côté de la psychose. Devant la clinique de l’enfant, je suis restée face à mes appréhensions, à mes idées et convictions diverses et variées et à mon désir.
La psychopathologie et l’usage des concepts de névrose, psychose et perversion renvoie le clinicien a la question de savoir dans quelle mesure l’autre est un signe. A l’horizon de la psychopathologie, à sa limite sans doute, la question se présente toujours de l’autre réductible ou non à un signe. C’est la question toujours ouverte de la réduction de l’altérité de l’autre à un signe, et c’est la limite de la psychopathologie, puisque l’altérité n’est pas un signe.
En recherchant une voie pour travailler avec mon désir, j’ai imité des analystes : j’ai une fois pendant une semaine vouvoyé tous les enfants de 0 à 18 ans. C’était bizarre, je ne me suis pas sentie très crédible. J’ai surtout beaucoup été prostrée dans un malaise, dans une prise en masse de la pensée en présence des enfants et parents en cherchant un lien qui permettrait s’organiser quelque chose et situer une orientation de l’entretien
Ça fait peu de temps que je perçois sans un sentiment de flou ou de forçage que le travail analytique avec l’enfant est un travail analytique au même titre que celui avec l’adulte, renvoyant de même aux interrogations théoriques, à une nécessité de préciser les coordonnées théoriques, au désir analyste. Que en d’autres termes la structure est là, dans la cure et que je peux accéder à des éléments d’analyse.
Cette conception est venue avec le temps et est indissociable pour moi de la notion de développement et de l’âge de l’enfant, de la façon dont s’est précisé pour moi la consultation analytique avec l’enfant comme un espace de travail à aborder avec les outils analytiques comme tout travail analytique, dans une configuration beaucoup plus complexe qu’avec le sujet seul d’une demande d’analyse avec l’adulte. Du fait d’avoir à tenir compte de la où en est l’enfant par rapport aux métaphores qui peuvent ou non porter et supporter son élaboration et activité fantasmatique. De cette hétérogénéité à écouter et avec laquelle travailler, dans le lien avec la demande des parents et de leurs coordonnées à eux, de leur structure également.
La structure dans la consultation avec l’enfant
Les parents sont partie intégrante de ces coordonnées analytiques puisque l’enfant en fonction de là ou il en est dans la constitution de ses parents comme métaphores des objets parentaux originaires et dans la construction de lui même comme sujet… est un sujet représenté par un signifiant pour un autre signifiant. Ce S qui le représente pour un autre S est un signifiant bien souvent énoncé par un autre, suscitant des effets métaphoriques chez lui. Supposons une métaphore, par exemple une métaphore paternelle, nom du père se substituant à désir de la mère, signifié au sujet, dégageant une signification phallique, c’est à dire commençant à produire pour l’enfant de la signification dans l’ordre de la relation à l’objet perdu. Cela permet une production par l’enfant de métaphores qui soudain prolifèrent et peuvent s’éteindre à nouveau. L’enfant peut revenir à un ordre métonymique, jusqu’à une prochaine vague suscitée par le jet d’un caillou dans l’eau.
La consultation familiale peut permettre la production de S qui viennent porter du sujet pour d’autres S que l’enfant va décliner… Exemple : un enfant entend son père parler de sa difficile séparation d’avec sa mère, une séparation où son père est laissé pour compte. Cet enfant de 5 ans parlant alors à la cantonade raconte quelque chose où j’entends seulement les mots de « caca » et « bébé ». Restant seul avec moi il me dit très vite que son petit frère l’agace beaucoup et puis se lance dans l’affirmation d’une théorie sexuelle, je ne sais pas vraiment laquelle, mais enfin dans sa théorie le père n’a rien à voir avec la conception. Il l’affirme, la preuve en est que son père n’a été autorisé dans la salle où est né son petit frère que tout à la fin, c’est le docteur qui a fait le travail de toutes façons et surtout sa maman a fait le bébé toute seule, il était dans son ventre et son papa n’avait rien fait. Je discute son affirmation, je demande comment son père a pu reconnaître le petit frère comme son fils et il me répond, il sait : c’est juste que tout à la fin, il a eu le droit de voir le nouveau né et donc, le voyant il a pu dire: c’est mon fils. On entend comment il essaie de recouvrir avec de la métonymie l’impensable du réel : l’hôpital, la salle d’accouchement, le docteur, le bébé qui naît, le papa qui peut entrer et voir après et ce papa qui n’a rien fait est le papa parce qu’il était là, parce qu’il a vu après que c’était fait. Il fabrique une métaphore. Mais le signifiant de l’identification du père comme accessoire sans utilité dans le désir de la mère a autorisé à mon sens l’énonciation d’une chaîne métaphoro-métonymique par l’enfant sur la question du réel de sa conception. Et bien sûr, l’enfant dont il parle, le petit frère, est agaçant, insupportable : le symptôme pour lequel il vient justement.
Parler des structures renvoie dans la théorie analytique à des aperceptions et articulations qui tentent de nommer l’expérience sans jamais tout dire ni arrêter une définition. La proposition : l’inconscient est structuré comme un langage est une manière de définir la structure. Dès lors, il est défendable de proposer une définition de la structure par celle du sujet : un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant. Une non fixité de la structure chez l’enfant renvoie à l’idée que cette structure minimale, celle du sujet, peut connaitre des destins différents dans et par une rencontre avec un analyste de façon plus radicale encore qu’avec l’adulte. Chez l’adulte, y-a-t-il défixation de la fixité de la structure dans une analyse ? Peut-il y avoir non fixité de la structure chez l’adulte ? Je fais l’hypothèse que la non fixité de la structure chez l’enfant a partie liée à la construction de son inconscient dans un contexte de refoulement incomplet voir absent au temps 0 de la cure et que celle-ci peut faire advenir, autorisant à penser que la cure peut permettre l’avènement d’un fantasme inconscient. En ce sens, c’est l’immaturité de l’enfant au regard du refoulement qui permet de parler de non fixité.
La temporalité des processus de refoulement
Si l’hypothèse de Robert Levy sur l’instauration progressive de l’activité métaphorique[1] à partir d’une où de quelques métaphores initiales et jusqu’à la constitution d’un inconscient organisé par le refoulement, qui est la situation de la névrose, est à retenir, et pour ma part je la retiens, alors l’activité de l’enfant en cours de constitution de son refoulement est composée de zones de métaphore, de pure métonymie et de métaphore-métonymie en proportion variable. Il revient à la consultation analytique de trouver, lorsque cela est possible, où et quand l’enfant peut se constituer sujet d’une métaphore et de réaliser autant que possible des situations discursives qui lui en offrent la possibilité. La métaphore (substitution d’un signifiant à un autre signifiant, sans que des rapports de contiguïté les déterminent préalabl
ement) est à mon sens la situation de discours où la définition lacanienne du sujet s’illustre le plus nettement dans la différence et l’effet d’écart produit entre les signifiants : un S représente le sujet pour un autre S. Elle est ainsi par excellence la situation constituante de l’inconscient.
Si nous admettons une constitution progressive de l’objet en tant qu’au bout du compte « il n’y a pas l’objet », alors au temps de sa constitution, l’objet existe encore bel et bien. Il mobilise le jeu dans la partie analytique avec l’enfant, puisqu’il le fait déjà dans sa vie et dans son développement. Il se promène dans le corps, dans le regard, dans la voix. Le désir et l’absence de désir, la mort, la destruction éventuellement, affectent le destin de cet objet encore non découpé par le signifiant, pris dans la relation du petit sujet aux Autres primordiaux. L’inconscient sera structuré en fonction de l’histoire de cet objet, de son passage de l’existence à une non existence si le chemin du refoulement est parcouru. C’est pour autant que le petit enfant en cours de progrès sur ce chemin a affaire à ses grands Autres, détenteurs de ses objets en voie de formation, que je m’invite comme analyste dans l’espace du sujet enfant avec les Autres essentiels que sont ses parents.
Dans sa famille se règlent les comptes chaque jour de ce que l’enfant sera ou non autorisé à intégrer dans son inconscient en voie de constitution. Autorisé car l’admission dans l’Autre, la Bejahung, l’acquiescement au signifiant en train de s’instituer comme tel, nécessite le préalable d’une énonciation ou d’une série d’énonciations dans un échange où le désir de l’Autre, la dimension où Lacan situait dans l’Autre le répondant de la voix, est essentiel. L’enfant reviendra toujours à « l’objet » dans la relation de corps avec ses parents, auprès de ce qui s’incarne là pour lui et là se feront et se déferont des processus essentiels de découpage signifiant dans le réel. L’analyste peut-il aller chercher « l’objet » en voie de constitution, là où il est, entre eux, dans leurs relations ? Peut-il en intervenant là en s’autorisant à soutenir l’inconscient de l’enfant dans cet espace de circulation parents-enfant contribuer à aider le jeune sujet à se saisir des signifiants qui organisent son refoulement ? Dans quelle relation désirante se place-t-il avec l’enfant, avec les parents ? Comment organise-t-il les rencontres, quelle direction donne-t-il aux entretiens, qu’est-ce qu’il écoute, sur quoi est-ce qu’il se règle ?
Consultation avec l’enfant et conflit
Si l’analyse personnelle conduit à rencontrer une inconsistance dans l’Autre, cela concerne éminemment le sujet lui même. Il n’y a pas « le sujet » qui s’énonce lui-même, une forme en fait du sujet de la synthèse et de l’Un. Le dispositif analytique, une convention soutenue par l’engagement réciproque des protagonistes, n’en apparaît que plus comme une construction au cas par cas. Les signifiants qui portent des effets sujet s’énoncent en dehors de ce cadre comme en dedans au cours d’un travail analytique, mais une chose me paraît sûre : le rôle organisateur du conflit et ce qu’il implique de confrontation à la castration dans toute cure. Je parle ici des situations cliniques où la castration peut s‘engager. Un analysant qui ne remettrait pas en cause ses relations fondamentales en dehors de la cure, qui ne rencontrerait pas les résistances que sa démarche suscite, serait ramené à son état pré-analytique. L’enfant en relation avec un espace analytique peut peut-être initier des conflits avec ses parents et dans un cas favorable, ceux-ci peuvent en écouter quelque chose. Où bien, les consultations sont suspendues. Mais chez l’enfant jeune, le symptôme désigné jette un trouble et c’est à l’analyste de parvenir à ce que des linéaments de conflit se dessinent et mettent en tension des subjectivités en écoutant la famille et en créant des espaces d’élaboration qui peuvent se rapporter à l’enfant.
Robert Levy partait du constat dans son travail sur l’infantile que le symptôme de l’enfant était susceptible de s’évaporer soudain, lorsqu’un certain travail était réalisé dans la consultation familiale[2]. C’est ainsi qu’il aboutissait à l’idée que ce symptôme chez l’enfant encore pris dans l’infantile était en fait en place de sinthome : en place de faire tenir quelque chose de la structure pour l’un, l’autre ou les deux parents et qu’il s’agissait de ce fait d’un endroit où le refoulement n’est pas permis à l’enfant. Aucun S ne peut venir pour l’enfant se substituer à ce S qui l’identifie, lui, dans son symptôme pour un temps car il fait tenir quelque chose pour ses parents. Cette formulation structurale du symptôme dans l’infantile permet une déclinaison assez vaste pour s’appliquer à des situations extrêmement différentes. Le sinthome que soutient le symptôme de l’enfant peut concerner un enjeu de la relation entre les parents ou bien à l’extrême faire consister la dimension psychique pour l’un d’eux et représenter alors un impératif vital de toute identification possible pour l’enfant. Nous retrouvons les distinctions suggérées par Lacan dans la brève et divinatoire « Note sur l’enfant », lisible dans Autres Ecrits.
L’avancée proposée par Robert Levy subvertit l’intuition toujours largement en cours du travail analytique avec l’enfant comme avec un petit sujet autonome. Il introduit une lecture nouvelle possible de l’altérité dans l’infantile avec la notion d’un psychique largement organisé par la métonymie. Son travail est à mon sens étrangement peu repris, commenté, étudié, malgré la préface dithyrambique de J. J. Rassial où celui-ci le qualifie de nouvelle théorie psychanalytique de l’enfant. Pour ma part, je relie cet écho relativement, pour le moment encore, modeste à la difficulté où nous met R. Levy. Il s’agit, en gros, de mettre en résonnance des états de la subjectivité très hétérogènes. La structure est à explorer dans la consultation familiale, elle est celle d’un grand Autre où sont impliqués l’enfant, ses parents, une pluralité d’histoires, de temporalités, de mécanismes, de demandes très différentes et d’effets sujet qui se manifestent. La rencontre avec des formes diverses de brutalité est certaine. L’idée même d’une tension opposant la construction psychique de l’enfant et le sinthome qui fait tenir quelque chose côté parents confère à cette réalité humaine une dimension dramatique et malheureuse structuralement. En quoi cette approche n’en est pas moins freudienne, mais comment se situer soi-même dans un tel nœud que n’épargne pas la destruction ? Comment se laisser guider en restant accueillant de ses associations pour écouter ceux des sujets en présence, seule base possible de tout travail analytique ?
Je crois que l’outil dont se sert R. Levy, est de faire intervenir le père réel – je parle de la fonction père réel et non du père de la réalité – sans se prendre pour lui, créant du manque symbolique, condition de la métaphore.
Jouer avec l’enfant : de quelle place ?
Pour ma part, je suis, après des années de travail avec l’enfant, toujours apprentie au sens où il m’arrive de lire ou d’entendre quelque chose et de m’y identifier en le mettant en application le jour suivant. J’ai lu un texte de Winnicott sur le jeu. [3] Il propose d’essayer de cerner l’essence du jeu et finalement il rapprochera jouer et faire (doing) au sens d’une action sur la réalité extérieure. Il décrit des moments cliniques où l’enfant joue alors que sa mère parle avec Winnicott. Le jeu libre de l’enfant est auto-thérapeutique, self-healing et les interprétations d’un psychothérapeute l’aurait peut-être réfréné, éliminé l’aspect créatif. Il rapporte une observation écrite par lui en 1931, alors jeune pédiatre : un bébé d’un an et demi fait des crises d’épilepsie injugulables. Il apprend à jouer avec elle qui pleure tout le temps en la prenant sur ses genoux. Elle guérit de son épilepsie après la première séance de jeu où elle devient capable de se réjouir, dit-il, en expérimentant avec des abaisse-langues qu’elle jette et ses propres orteils qu’elle tire.
Quand un patient ne peut pas jouer, dit-il, le thérapeute doit s’occuper de ce symptôme majeur, avant d’interpréter des fragments de comportement.
Winnicott parle des mères capables ou non capables de tenir adéquatement avec l’enfant un rôle qui lui permette de jouer et donc de se construire et de construire du lien. Là où ce rôle est défaillant, logiquement sa proposition renvoie le thérapeute à la tâche de substitut adéquat pour le temps nécessaire à l’enfant pour construire un lien suffisamment solide.
Le lendemain, je recevais un enfant de 7 ans avec une mère qui tenait un discours tonitruant qui me semblait très fou. Ça m’évoquait vraiment un cauchemar, la façon dont elle traitait son fils en souriant à grandes dents en écartant totalement le malaise de celui-ci, pourtant souligné avec insistance par l’école. Elle ne mentionnait pas un placement récent de l’enfant en foyer, suivi d’un retour dans la famille. L’enfant m’a demandé si on pouvait jouer aux échecs. On s’est mis à une partie d’échecs tout en discutant et la mère a laissé faire, elle trouvait ça bien. Elle a raconté quelques étapes de sa vie. L’anxiété de l’enfant s’est manifestée sur le plateau, dans le jeu avec moi. Il était adressé en consultation car il avait fait une crise de colère désespérée et exprimé des idées de suicide, entendues comme telles, à l’école, après avoir cherché en vain un petit légo dans son cartable, que normalement il n’avait pas le droit d’emmener et que pour cette raison sa mère avait retiré sans le lui dire. Après le jeu d’échec, il a encore pris des personnages et continué à jouer jusqu’à la fin. En partant, il m’a dit qu’il repartait avec un petit légo qu’il avait emmené avec lui et que son père lui avait acheté quelques jours auparavant. Je le reverrai avec son père la prochaine fois. Merci Winnicott, c’était très bien, les échecs ce jour-là.
Un long chemin
Je ne sais pourquoi, une chose qui était difficile pour moi est devenue beaucoup plus facile : je me trouvais souvent embarquée dans des consultations où le père ne venait pas. Malgré mes demandes je ne voyais que la mère avec l’enfant. A présent, je ne peux pas m’engager sans rencontrer le père. Il m’arrive souvent après une ou deux consultations de proposer à la famille qu’elle rappelle pour le rendez-vous suivant, avec le père. Dernièrement je me suis rendue compte à quel point un enfant que je recevais avec sa mère avait peur de son père et la mère aussi. Il n’était pas libre, le père lui avait dit de ne rien me dire sur lui. Ce père que je n’ai pas rencontré m’a permis de proposer la consultation à la mère et d’en décharger l’enfant. Sa mère pourrait peut-être le protéger si elle travaille sur sa peur d’enfant face à son ex-mari qui fait toujours la pluie et le beau-temps, tandis que l’enfant est placé dans l’injonction de rester à la place où il est par un pouvoir de terreur. Peut-on associer librement dans la terreur ou l’oppression ? Mais pour revenir sur l’enfant avec son petit légo, il me semble que la première consultation reposait sur une proposition maternelle de ma part telle que Winnicott entend cette fonction, dans le sens de m’essayer à une capacité à jouer avec l’enfant et à le laisser jouer seul. Qu’adviendra-t-il dans la suite du travail ? La question est peut-être ici celle d’une situation traumatisante où est plongé l’enfant.
Pour finir sur la structure et son éventuelle non fixité, j’ai cherché quelques articles d’analystes consacrés à ce thème dans le champ de la clinique avec l’enfant.
« De l’usage de la structure en clinique infantile » Colette Brini
Elle part du constat que les parents parlent de leur enfant en éducateurs, comme d’un étranger, font une description précise de ses symptômes sans le situer dans leur histoire, dans leur filiation. Elle répond à cette difficulté que les parents ont à être sollicités comme homme et femme, dans leur rapport au manque et leur relation l’un à l’autre pour ouvrir un champ où l’enfant peut trouver à s’inscrire dans un rapport au manque de ce qui aurait fait rapport entre ses parents. La structure de la consultation analytique avec l’enfant serait pour cet auteur l’impossible du rapport sexuel entre les parents.
« Spt et str ds la pratique analytique avec les enfants » F.F. Berger
« … la métaphore paternelle… permettre que le versant capricieux et déréglé de la loi du tout ou rien maternel soit catalysé par la fonction signifiante du Nom du père d’une part et subjectivé par l’enfant d’autre part… »… « Cette opération marque l’avénement du sujet désirant… »
« la responsabilité majeure de la famille n’es t-elle pas de faire advenir un sujet singulier du désir? »
« Finalement, le père n’est-il pas celui qui met une femme en place d’objet cause de son désir et mère de son enfant, tout en posant à cette dernière l’interdiction d’en faire l’objet exclusif de sa jouissance ? C’est de cette interdiction que la mère se fait le relais dans la parole qu’elle adresse à l’enfant. »‘
« Trois versions du spt de l’enfant et la str clinique correspondante : vérité par rapport au refoulement parental, le spt est un retour du refoulé du côté de la névrose ; vérité par rapport au fantasme de la mère, le spt révèle sa position d’objet dans le fantasme de la mère du c de la psychose ou sa position d’objet fétiche du c de la perversion »
« le spt n’est il pas la réponse donnée par l’enfant au discours familial et à ce qui lui est proposé du désir chez le père et la mère ? » (l’enfant apparait comme un petit sujet adulte engagé dans une dialectique du désir avec ses parents sur le mode : les parents reçoivent leur propre message de l’Autre /enfant sous forme inversée.
le spt : « fruit de l’interprétation de l’enfant » au caractère mal assorti de l’union parental ou aux formes les plus secrètes de sa mésentente
le spt de l’enfant :une « effevtuation du sut de l’inconscient »
« dans ce travail nous abordons L’IDEE DE L’INCIDENCE de la structure familiale !! sur le sujet »
Clinique, structure et discours, de l’empirique au formalisable en psychanalyse
Askofaré et coll, 2009
« nous nous proposons de présenter et d’interroger certains aspects et moments de cette tentative lacanienne de formalisation de la psychanalyse afin d’en établir à la fois les raisons, la nécessité, mais aussi les limites qui tiennent entre autres aux particularités du réel de la psychanalyse.
» La formalisation des théories mathématiques fondamentales qui a conduit dans la seconde moitié du xxesiècle au développement de la logique mathé
matique comme discipline autonome – avec ses propres concepts et problèmes – a été suscitée à l’origine par les problèmes de « fondements » des mathématiques Or, mutatis mutandis, c’est une considération du même ordre que l’on retrouve à la base du projet lacanien de formalisation de la psychanalyse.
« Le problème des fondements qui doivent assurer à notre discipline sa place dans les sciences : problème de formalisation, à la vérité fort mal engagé » (1966, p. 284).
, « ne donnera des fondements scientifiques à sa théorie comme à sa technique qu’en formalisant de façon adéquate ces dimensions essentielles de son expérience qui sont, avec la théorie historique du symbole : la logique intersubjective et la temporalité du sujet » (1966, p. 289).
« à cette formalisation de l’inconscient – structure, via le langage, que nous allons nous arrêter à présent pour en rappeler les articulations fondamentales
« Le point de départ, une fois supposée la structure langagière de l’inconscient (1966, p. 495) est d’isoler l’atome du langage.
» le signifiant S et le signifié s – mais un rapport problématique en ce que la barre (—) qui sépare les deux entités dans la topique qu’il propose n’est réductible ni à une barre de fraction ni équivalente à un symbole de représentation. Elle marque l’irréductibilité où se constituent les rapports du signifiant S au signifié s, la résistance de la signification, (—). On remarquera que c’est à l’élément matériel, le signifiant, qu’est assignée la position causale. C’est le concept mathématique de fonction qui va servir d’opérateur catégoriel pour autoriser et réaliser les calculs requis par cette physique du sens. Le reste s’en déduit. Ainsi, les lois du langage, métaphore et métonymie, qui avaient été dégagées par R. Jakobson trouvent à se calculer respectivement comme fonction de substitution et fonction de connexion du signifiant dans une chaîne (
« l’effet de signifié produit est fonction du mode d’agencement du signifiant. Ces modes d’agencement sont réduits aux deux mécanismes fondamentaux de la connexion et de la substitution signifiantes.
« du coup cette « physique du sens » comme toute physique galiléenne forclôt le sujet. D’où la question que devra prendre en charge Lacan : comment intégrer le sujet dans ce procès du signifiant ?
« Cette première tentative de formalisation de la psychanalyse fut donc pour l’essentiel sinon exclusivement une formalisation des lois du langage qui sont, répétons-le, les mêmes que les processus primaires freudiens, les lois de l’inconscient : condensation et déplacement donc.
« l’acte analytique qui ne procède ni de métaphore ni de métonymie.
« de nouveau à partir de la question des fondements – cette fois non pas de l’inconscient mais du lien social – que Lacan entreprendra sa formalisation de la psychanalyse dite aussi « théorie des quatre discours ».
« la catégorie de discours qui est « une structure nécessaire qui dépasse de beaucoup la parole, toujours plus ou moins occasionnelle »
« les discours, tels que les conçoit la psychanalyse, sont d’abord des modes de traitement de la jouissance par le langage.
« Ce passage de la jouissance à l’inconscient, les discours l’effectuent en localisant la jouissance à sa place discursive (place dite de l’autre, de l’Autre ou du travail) et l’agent à la place maîtresse (dite aussi du semblant) qui commande l’opération de chacun des discours assurant et assumant la renonciation à cette jouissance.
« dès « La science et la vérité », Lacan renonce implicitement à son projet – celui du « Discours de Rome » – de faire de la psychanalyse une science. Ce renoncement n’est pas aveu d’impuissance mais reconnaissance in fine d’une spécificité et d’une altérité qui rendent la psychanalyse, comme pratique, irréductible à la science (1976, p. 53). Ce procès de « séparation » commence par une prise de distance vis-à-vis du structuralisme et culmine dans la théorie des quatre discours, donc dans l’invention de la catégorie de discours de l’analyste.
« Du simple fait de la mise en fonction particulière de la relation S1/S2 – relation dans laquelle, tout au moins s’agissant des trois discours non analytiques, S1 précède et toujours détermine S2, chaque discours engendre et n’engendre que de la signification ;
« Le constat empirique du fait que c’est dans le discours analytique que se recueille et que peut être mis au jour le sens de l’inconscient met Lacan sur la voie de la modalité discursive de la production du sens : « Le sens ne se produit jamais que de la traduction d’un discours en un autre » (2001, p. 480).
« La première formalisation, celle des lois du langage et des modes de production du sens, illustre ce qui fut le moment d’aliénation de la psychanalyse à l’idéal de la science ;
« la deuxième – celle du discours – met au jour l’élaboration à quoi est rapportable le procès d’émancipation – séparation – de la psychanalyse à l’endroit de la science et celui de sa conceptualisation comme discours autonome.
« prendre au sérieux le paradoxe qu’exhibent les résultats si opposés de ces deux formalisations.
« Nous pouvons en extraire a minima deux enseignements. Le premier est négatif ; il consiste en une désidéalisation de la formalisation en tant qu’il nous permet de vérifier, en effet, ce que Lacan soulignait dès 1964 : « Une fausse science, comme une vraie, peut être mise en formules »
« Le second, lui, est positif. Il atteste, nous semble-t-il, que la formalisation de la psychanalyse tient moins à son caractère « scientifique » qu’au fait que l’inconscient est logique
« le projet lacanien de mathématisation de la psychanalyse, le fait que la « mathématique lacanienne », dans son choix « hyperbourbakiste » (Milner, 1995, p. 136), épure la mathématique de sa déductivité – et de tout ce qu’elle peut charrier d’intuition et de référence à la quantité et à la mesure – pour ne s’intéresser qu’au « pur maniement des lettres »
« Lacan persévérera dans la voie d’une formalisation – sinon intégrale du moins locale – de la psychanalyse
NOTES :
C’est parce que le désir de la mère est essentiel pour lui que le nom du père qui s’y substitue dans une première réalisation possible de la métaphore produit une signification phallique désormais accessible à l’enfant. Mère et père jouent une partition. Mais cette métaphore qui peut être première permet une production par l’enfant de métaphores qui soudain prolifèrent et peuvent s’éteindre à nouveau, il peut revenir à un ordre métonymique, jusqu’à une prochaine vague suscitée par le jet d’un caillou dans l’eau. L’enfant énonce de la métaphore mais celle ci est produite là où elle est entendue. En la formulant, il répond à un Autre en place de grand Autre qui lui apporte un contexte où sa question peut être posée.
en rapport à ce qui le determine comme ce qui représente un signifiant pour un autre signifiant au sens où la première opération métaphorique ou ce qui vient à la place du désir de la mère est un signifiant que l’enfant trouve dans l’Autre …?
Ne pas tenir compte de ce qui determine l’enfant avec ses parents ?
Dans mon expérience l’activité fantasmatique amorcée initiée chez mes enfants et ses signes manifestes ont été directement en rapport avec des actes de notre part ( parents).
Sinon des rencontres rendues possibles par une situation position préalable de celles ci dans le discours adressé à l’enfant de la place de parents.
C’est à dire dans une ouverture à ce qui est dans le registre signifiant père, métaphore, quelque chose vers quoi est orienté le désir de l’enfant dans le discours tenu sur lui par le parent et qui est de l’ordre d’une question.
Arendt et Heidegger
Idéologie : part d’une prémisse et arrive à des conclusions
Pour Arendt l’homme fait partie d’une pluralité. Elle critique l’être chez Heidegger. Heidegger ne lit pas les travaux de Arendt. Elle n’a pas lu les cahiers noirs de Heidegger. Elle s’aligne sur sa justification : c’était une grosse erreur. C’est sa femme, Elfriede, qui serait antisemite. Il n’a jamais demandé pardon. Il et devenu recteur de l’université dont husserl a été exclu, avant d’être assassine. Heidegger voulait que sa femme et Arendt s’entendent à merveille.
Des questions sur la métaphore:
Marisa me parle des disputes entre ses parents et de son angoisse a l’idée qu’ils se séparent. Je le reçois non comme une production de sa subjectivité au sens du refoulement mais comme le témoignage d’un réel.
Séminaire AF
Si je ne vais pas chercher le sujet sur sa relation à la transgression, il ne peut absolument rien se passer dans la cure…
La cure concerne bien la subjectivité et non une éthique sociale ou une éthique du bien pour le patient. Et c’est pour cette raison que approcher avec le sujet ce qu’il en est de sa jouissance dans l’organisation signifiante d’une transgression pour obtenir cette jouissance est essentielle. Ce signifiant, il ne l’assume pas en tant que tel. Mais il implique ce signifiant, ce signifiant l’implique et à ce titre il est sujet. Cette question éminente de la transgression comme jouissance de la transgression au regard de l’altérité de l’autre, c’est toujours dans l’atteinte à l’altérité que se fait la transgression, centrale dans la question de la perversion nous rapproche de toute une dimension de la consultation analytique au quotidien avec l’enfant et avant toute approche psychopathologie ou diagnostique.
Dans ces échanges, le rejet, le refus de l’admission dans l’Autre peut intervenir, affecter un temps de l’expérience qui restera détaché, non admis, charriant du réel, donc un temps présent dans la structure, mais resté en attente d’une inscription dans le temps psychique de l’enfant. Pourquoi ne pas rapprocher la forclusion aux effets si dévastateurs lorsqu’elle envahit toute la vie psychique, de moments de forclusion productibles à tout moment de la formation du sujet et susceptibles de précipiter une éruption de réel ? Ce qui attend le refoulement et ce qui est rejeté du symbolique pourrait être intriqué dans la structure.
L’après-coup où se réalise le trauma avec le retour d’un signifiant refoulé et un effet d’éruption issu de matériel signifiant en attente de refoulement, sont intriqués et participent de la clinique du trauma ? Du forclos, matériel rejeté du symbolique pourrait aussi se rattacher au matériau signifiant refoulé ou en attente de refoulement ? Cela signifierait que le refoulement originaire n’étend pas un empire absolu sur la structure du signifiant. Là est ma critique d’un traitement analytique de l’enfant qui s’organiserait dans l’idée de laisser les parents en dehors de l’espace de la cure : elle se base sur un refoulement originaire comme opération totale aboutissant à un noyau inconscient auquel tout se rapporterait désormais. Mais n’y a-t-il pas matière à re-questionner cette idée apparemment très freudienne à la lumière clinique de la consultation analytique avec l’enfant, où le caractère inaugural d’une activité métaphorique nouvelle aux effets de transformation des conditions subjectives semble se répéter et constituer un certain nombre de premières fois. L’instauration en deux temps du refoulement freudien a été relue par Robert Levy dans la démarche d’un retour freudien à Lacan, menant à une mise en question de la suprématie lacanienne apparente de la synchronie de la structure au détriment du développement et de sa diachronie, de ses stades suspects et de son accointance avec les idéaux d’une psychanalyse orthopédique du moi fort qui traversaient l’époque où Lacan les avait rejeté.
[1] R. Levy, L’infantile en psychanalyse, la construction du symptôme chez l’enfant, Ed Eres, 2008.
[2] R. Levy, opus cité.
[3] « Playing, a theoretical statement » in D. W. Winnicott, Playing and reality, Routledge Classics, 2005.