Argument "champ et destin de l’intertrétation"
Journée d’Etude de Grenoble 16.06.2012
Le transfert et l’interprétation sont deux principes fondamentaux de la cure psychanalytique et leurs effets restent intimement liés au point que, tenter de les modifier, remettrait en cause le principe même de l’analyse.
Pourtant, le champ de la pratique s’est étendu à d’autres états cliniques que la névrose : la psychanalyse des enfants, aujourd’hui courante, les états psychotiques, limites, narcissiques et dépressifs.
On peut interroger ce que les différents modes de transfert dans ces cures autorisent ou non, d’interprétation et si le risque d’expliquer, démontrer ou raconter, ne vient pas parfois se substituer à la difficulté, voire à l’impossibilité d’interpréter. Il en irait de même, du côté de la construction et de sa fonction de nomination qui, chez le névrosé, révéleraient en partie ce que le refoulement avait laissé insu, mais qui, chez le jeune enfant (avant le refoulement), ne sont appropriées ; ni non plus chez le psychotique , quand la forclusion s’érige en défense, là où le refoulement n’a pas de prise . Quelle place peut alors prendre l’interprétation, en tant qu’elle est révélation d’une actualisation dans le transfert, d’éléments refoulés ?
Plus généralement, nous pouvons nous demander si la pratique de l’interprétation connaît des changements ou des variations du fait d’apports théoriques nouveaux proposés par les analystes eux-mêmes ?
On peut évoquer le fait que des analystes interprètent le transfert du patient, là où d’autres interprètent dans le transfert ; on peut se demander si la scansion et son effet de coupure ne se substituent pas trop souvent, à l’interprétation et si l’équivoque nécessaire à l’interprétation n’est pas effacée par l’administration d’un savoir. J.Lacan a bien énoncé que « le psychanalyste a horreur de son acte ».
Freud lui-même, en 1910, dans « A propos de la psychanalyse sauvage » disait que « révéler au malade son inconscient augmente ses conflits et ses symptômes » et il posera comme condition essentielle à l’interprétation, un transfert fort soutenu par l’analyste pour s’approcher des matériaux refoulés. Quant à Lacan, il affirme que « l’interprétant, c’est l’analysant » alors que l’analyste « a à intervenir dans son discours en lui procurant un supplément de signifiant. C’est ce qu’on appelle l’interprétation . »
C’est à partir de ces questions que nous vous proposons de travailler ensemble lors de la journée d’Analyse Freudienne de Grenoble.