Argument "l'inconscient ignore le temps"
Demi-journée d’étude du 24 novembre 2012
Les faits ne sont pas fixés une fois pour toutes et de manière rigide, dans l’appareil psychique, mais subissent les avatars du traitement intrapsychique des contingences existentielles d’un sujet en cours d’historicisation. Le passé est remodelé par « le présent » et il se répète sous une forme travestie par le signifiant. D’une définition temporelle linéaire tirée de la neurologie, Freud et ses successeurs ont élaboré une conception de la vie psychique qui déborde largement ce cadre. En effet, à la simple remontée dans le temps pour retrouver l’origine d’un symptôme – un traumatisme sexuel –, Freud apporte une vision dynamique en inventant la notion d’après-coup.
Ce concept devient véritablement la pierre angulaire de la métapsychologie freudienne avec son avatar : la répétition. Celle-ci est, à la fois, la marque du trauma structural nécessaire, lié pour chacun à l’irruption de la réalité sexuelle – et non de tel ou tel trauma accidentel -, et une tentative de retour à l’origine.
Pourtant, aujourd’hui, certains prétendent que phobies, angoisses et autres symptômes psychiques peuvent se guérir, en ignorant l’engrammation propre à l’atemporalité logique de l’inconscient.
On pourrait soi-disant alors se passer d’un côté de l’après-coup, que Sigmund Freud introduit, en 1896, pour désigner un processus de réorganisation, ou de réinscription, par lequel des événements traumatiques ne prennent une signification, pour un sujet, que dans un après-coup ; c’est-à-dire, dans un contexte historique et subjectif postérieur, qui leur donne une signification nouvelle et d’un autre, de l’extension que Lacan donne à ce concept en 1953, dans le cadre de sa théorie du signifiant et d’une conception de la cure, fondée sur le temps pour comprendre.
Dans son fond, l’après-coup est paradigmatique de la théorie psychanalytique de la mémoire et, par là même, des occurrences possibles du traitement du symptôme. Nous avons donc, au moins, une responsabilité à cet égard : celle de devoir dire nos limites face à la répétition.
Sommes-nous à même aujourd’hui de dire en quoi notre pratique s’est laissée traverser par cette conception et, dans la même veine, pouvons-nous dire si cela nous entraine vers quelque modification de notre pratique ?