Cartel sur la Passe : Une Passe bilingue? Lola Monleon 27/9/19
Cartel sur la Passe : Une Passe bilingue?
Lola Monleon 27/9/19
Ce cartel, qui a débuté en avril, est un cartel bilingue qui, de plus, comprend des membres de deux associations, AF et Apertura de Barcelona.
Nous y avons abordé la question du bilinguisme dans la Passe, de la Passe en deux langues, de l’intérêt que le dispositif soit également bilingue, comme notre association. À cette fin, nous avons identifié des questions telles que la nécessité de passeurs hispanophones, dans quelle langue témoignent le passant et les passeurs et d’autres questions pratiques sur comment faire qui ne sont pas simples mais sur lesquelles il faut penser attentivement…
Nous envisageons également l’idée d’un dispositif pour deux ou plusieurs associations. Ainsi, il y aurait des thèmes à traiter plus avant dans ce cartel, et avec les associations, comme celui d’un accord nécessaire sur les points essentiels et communs entre les associations (Passe sans nomination, la façon dont les passeurs sont désignés ainsi que le jury et les critères présidant à sa formation, le +1, des nouveaux statuts, etc.)
Il est difficile de dire quoi que ce soit sur la Passe si on n’a pas vécu cette expérience, mais je pense que ce qu’on peut entendre dans la Passe est essentiel pour la continuation de la psychanalyse: qu’est-ce qui fait qu’un analysant veuille exercer la fonction d’analyste? Il s’agit là de la question cruciale de la formation de l’analyste et de la recherche pour le progrès de la théorie et de la clinique. Lacan l’institue dans un souci d’articuler une nouvelle formation de l’analyste différente de l’IPA. La Passe concerne le désir et la fonction d’analyste. D’où l’intérêt que celui-ci a pour toute personne intéressée par la psychanalyse et pas seulement pour ceux qui ont fait la passe ou qui vont en passer par cette expérience.
Donc, il serait important que l’association mène des activités autour de la Passe pour la faire connaître aux membres. J’ai eu l’occasion d’écouter l’enregistrement d’une Journée qui s’est déroulée à Barcelone, à propos de la Passe, organisée par Apertura. Catherine Delarue et Robert Lévy y sont intervenus et j’ai trouvé cela très enrichissant, car je ne connaissais pas les détails du fonctionnement de la Passe.
Lacan, dans la conférence de Genève, en 1975, parle de l’importance que, dans la Passe, l’analyste témoigne devant quelqu’un qui est au même point que lui (à un moment de tournant de l’analyse -moment de la passe-) et non devant quelqu’un reconnu, didacticien. Avec la question des passeurs, il essaie d’éliminer la hiérarchie, même s’il n’y arrive pas. Il insiste sur la position de desêtre du passeur de façon à pouvoir entendre l’acte.
Dans l’article d’écolage[1], de mars 1980, il y a l’équivoque entre “d’écoler” et décoller : une École de décollés ou même une École de “d’écolés”. Dans le même texte, il dira au sujet du cartel : « Aucun progrès ne doit être attendu, sauf celui de mettre périodiquement à ciel ouvert, tant les résultats que les crises du travail ». Il me semble que cela s’appliquerait aussi à la Passe. Dans ce texte, il reconnaît qu’il a moins fait école que colle…
L’échange avec mes collègues du cartel m’a transmis une idée fondamentale : il n’y a rien que l’on puisse prévoir dans cette expérience de la Passe, qui comme la cure est une expérience ouverte à la surprise. La passe comporte plusieurs possibilités, dont l’échec. Mais il y a toujours la possibilité de dire quelque chose sur ce qui se produit dans une cure et sur ses effets, que l’on puisse dire et entendre quelque chose sur le sujet destitué[2], celui que Lacan appelait ‘l’incurable’.
[1] Lacan : D’écollage ( Titre?)(mars 1980) :. Le deuil est un travail, c’est ce qui se lit dans Freud. C’est celui que je demande à ceux qui, de l’École, veulent rester avec moi pour la Cause freudienne. … où j’ai moins fait École… que colle. …je n’admettrai personne à s’ébattre dans la Cause freudienne, que sérieusement d’écolé…
[2] Discours à la SFP dec 1967