INTRODUCTION AUX RENCONTRES FRANCO BRESILIENNES DE REIMS 2017. Robert Levy

INTRODUCTION AUX RENCONTRES FRANCO BRESILIENNES DE REIMS 2017

Tout d’abord je voudrais souhaiter la bienvenue à tous ceux de nos amis qui viennent de loin pour participer à ces nouvelles rencontres Franco brésiliennes qui suscitent toujours autant d’intérêt au sein de Convergencia. Je voudrais remercier leurs associations d’avoir à nouveau voulu contribuer à ce dispositif en tant qu’institutions convocantes ; un dispositif donc qui nous appelle à partager un travail psychanalytique tous les 2 ou 3 ans à un bout de l’Atlantique ou à un autre.

Je citerai APPOA , INTERSECçAO PSICANALITICA DO BRASIL, LAçO ANALITICO ESCOLA DEPSICOANALISE MAIEUTICA FIORIANOPOLIS/INSTITUçAO PSICANALITICA .

Laissez-moi également remercier monsieur le Député –Maire de Reims, Monsieur Arnaud ROBINET, de nous faire l’honneur de sa présence et de ‘parrainer’ d’une certaine façon ces rencontres ‘PSYCHANALYSE ET PSYCHIATRIE ‘ qui, dans le bilinguisme dans lesquelles elles vont se dérouler, promettent d’être attentives au ‘souci de l’autre’.

l’autre langue, bien sûr ; mais également l’hétérogène, l’étranger, en bref de représenter en acte l’attention particulière que nous portons aux personnes dites ‘étranges .

Je souhaite aussi dire un grand merci d’avance à ceux qui vont rendre ces rencontres possibles , tout particulièrement notre ami et collègue d’Analyse Freudienne, Daniel Colson, qui s’est dépensé sans compter depuis une année pour que nous soyons accueillis dans sa belle ville de Reims et aussi bien s^ur notre secrétaire Mercedes Velázquez qui travaillait hier encore jusqu’à minuit au bureau parisien d’Analyse Freudienne afin que nous puissions profiter de cette rencontre dans les meilleures conditions ! Un mot encore pour remercier Inesista Machado qui a fait le voyage depuis Sao Paolo pour nous permettre de nous ‘entendre ‘…

Notre dispositif de rencontres est donc une des occasions qui permettent de pouvoir confronter notre travail dans les coins de notre planète où langues et cultures seraient soi-disant ‘différentes’.

J’insiste sur le fait que ce dispositif est précieux au-delà et en deçà de tout ce qui pourrait nous opposer ; précieux pour la responsabilité qui nous incombe à l’égard de la psychanalyse…

Ce qu’est une analyse, disait Lacan, c’est ce à quoi on peut s’attendre de la part d’un psychanalyste.

Je crois que nous avons une responsabilité en effet, non seulement à l‘égard de la psychanalyse, mais aussi et surtout à l’égard de ce qu’on appelle le sujet. Bien entendu , nous n’avons pas de conception du monde à soutenir, en revanche nous avons une conception du sujet qui nous emmène chaque fois un peu plus loin dans la politique de la psychanalyse à soutenir dans la cité.

Fini le temps je crois, où l’on pouvait se satisfaire de rester enfermés dans nos cabinets, fini le temps également où l’on pouvait considérer une psychanalyse ‘pure ‘ .

La psychiatrie, c’est-à-dire les psychoses, nous convoquent toujours un peu plus dans la cité, nous obligent à envisager des dispositifs de travail qui assurent à ces sujets dits ‘psychotiques ‘ d’advenir.

Un ‘advenir’ toujours à refaire qui suppose des relais symboliques sans cesse à réinventer. Mais n’est-ce pas la tâche à laquelle Lacan appelait déjà le psychanalyste : la réinvention ?

 

Nous avons, plus que quel qu’autre praticien de la folie, une responsabilité. Une responsabilité, disais-je tout à l’heure, à l‘égard de la psychanalyse, mais c’est surtout celle que nous avons à l’égard du sujet qui se trouve aujourd’hui mise à mal par les différentes attaques contre ‘l’obsolescence ‘ de la psychanalyse. Ne nous y trompons pas, derrière cette guerre contre la psychanalyse se cache en fait celle, encore bien plus grave, contre le sujet. Un sujet qui, dans le discours capitaliste, a disparu corps et âme puisque nous sommes face à une véritable révolution anthropologique dans nos cultures, dans laquelle il ne s’agit plus tant de ‘soigner ’le cerveau malade mais de ‘l’augmenter’ en développant ses capacités tout en réduisant ses faiblesses.

C’est en effet dans un monde désenchanté et colonisé par la technologie que l’étude du cerveau aujourd’hui interroge les bases memes de ce que l’on considérait jusqu’alors comme le sujet humain.

Loin de toute position de défiance et encore moins de technophobie, il s’agit maintenant de comprendre comment la technologie a occupé la place laissée vacante par les utopies dévastées, je dirai par conséquent : la place laissée vacante par le discours du maitre et pas du tout par celle soi-disant déclinante du père …

Mais de nouvelles prophéties sont déjà à l‘œuvre ; l’homme’ nouveau’, l’homme au cerveau augmenté grâce à l’hybridation cerveau-ordinateur, les implants et les neuro prothèses nous annoncent un monde incroyable dans lequel le sujet a déjà disparu comme souci de soi ou de l’autre .

Nous pourrons donc voir dans l’obscurité, entendre à distance et télécharger de nouvelles compétences ; enfin récupérer nos souvenirs perdus  et surtout les modifier en les reprogrammant .

On pourra donc traiter nos états dépressifs, moduler notre conscience à volonté et nos affects, grâce à un électroaimant qui, à l’aide d’une stimulation magnétique transcranienne, activera les neurones du cortex préfrontal …

Enfin bientôt, nous dit-on, d’autres implants pourraient modifier l’état psychologique des personnes ou réduire leur douleur.

 

Par conséquent, nous nous trouvons aujourd’hui face à ce constat :

Si tout acte n’est plus rien d’autre que la conséquence d’une chaine physiologique avec des processus surdéterminés, alors il n’existera plus de lieu pour concevoir l’acte d’un sujet comme fruit de sa singularité. L’irréductible singularité de l’acte disparaitra elle-même avec le sujet …

Loin de vous proposer une réflexion désabusée, je crois, au contraire, que notre colloque va nous montrer encore une fois combien l’invention du psychanalyste permet toujours de soutenir sous diverses formes les vissicitudes des sujets en souffrance.

Bon colloque et à bientôt

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