Isabelle Cerdan – Septembre 2018
CARTEL DU PROTOCOLE 2018
Texte d’Isabel Cerdan
Participants :Isabel Cerdán, Marian Lora, Daniel Colson et Anna Konrad
Quand je pense à la liste, je ne pense pas aux analystes dans leur consultation, je pense surtout aux analystes dans l’association, car c’est en elle, que l’on se montre analyste et c’est en elle, que se trouve l’unique champ pour être nommé comme analyste. Pour moi il ne s’agit pas de mesurer le désir, ni de la fonction, mais oui, de la transmission, du transfert de travail, d’un discours traversé par les concepts fondamentaux: répétition, inconscient, pulsion et transfert (Séminaire XI de Lacan).
Au sein de l’association, parmi quelques autres, nous rendons compte de notre désir d’analyste en présentant des travaux sur notre pratique et c’est aussi avec quelques autres que nous oeuvrons pour soutenir l’association. Le cartel de protocolo est l’unique terrain ou nous pouvons nommer et inscrire les collègues sur la liste puisque l’asocition a choisi de laisser la pass on dehors de cette jeu.
L’éthique psychanalytique nous renvoie à l’idée de transmettre notre expérience dans le champ psychanalytique à travers le discours analytique pour qu’émerge le désir d’analyste, pour qu’émergent les actes analytiques de notre expérience dans les cures, pour qu’apparaisse le transfert dans la cure et dans le travail en tant que membres de l’Association.
Pour qui parlons-nous, pour qui confectionnons nous une liste? Pour d’autres dont le travail se réfère à l’idée de l’inconscient, ce qui signifie qu’il s’agit d’avoir sa propre voie parmi d’autres qui soutiennent leur pratique en référence à ces mêmes concepts, en fonction des manifestations de l’inconscient.
Dans ce cartel, le sujet de réflexion est la psychanalyse dans une association psychanalytique, et la passage par la castration nous extrait de la discussion théorique pour l’élaboration d’une liste éphémère, une liste qui rende compte de ce que nous entendons par psychanalyse et comprenant quelques uns choisis au hasard.
Quand nous faisons la liste, nous sortons de l’abstraction, de l’idéalisation et nous faisons redescendre l’idéal vers l’objet. Quand, au fil des années, tous les deux ans, nous intégrons de nouveaux participants par un nouveau tirage au sort pour le cartel du protocole, nous faisons circuler le discours mais aussi les places que nous occupons dans l’association. Cette dynamique est ce qui protège cette liste de la scission.
En élaborant la liste, il ne s’agit pas tant de chercher une reconnaissance, ce qui toucherait à la dimension du narcissisme et nous situerait seulement dans l’imaginaire, que de nous reconnaître.
Reconnaître : connaître de nouveau. Admettre ou accepter que quelque chose est vrai ou que l’on est d’accord avec ce que quelqu’un dit ou a manifesté. Accepter.
Tout au long de notre trajectoire de travail dans ce cartel des aspects paradoxaux ont éveillé mon attention, car d’un côté je me sentais dépositaire d’un mandat fait par l’association, un mandat institutionnel: la responsabilité d’établir une liste, c’est-à-dire s’aquitter d’une fonction; et d’un autre côté questionner le fait de la réaliser : le pourquoi de cette liste. Et un peu au-delà, le pourquoi de l’association. Ainsi, comme on le trouve dans un des textes de l’ouvrage collectif A l’école du sujet, l’esprit de recherche d’analyse freudienne ne peut séparer un travail sur la pratique d’un projet théorique éthique et politique. D’où cette autre affirmation… la question du savoir est pipée dès le départ puisque ce contre quoi le sujet se heurte, c’est l’insistance de l’ignorance, comme le dit Lacan : la passion de l’ignorance.
“Sur celui qui se présente comme psychanalyste retombent certaines responsabilités et que, bien qu’à Analyse Freudienne, nous disions non à l’absence de normes, nous disons aussi non à la définition de normes; quand on le fait c’est qu’on cherche une réassurance imaginaire, on cherche à être croyant”. “on cherche à remplir au vide face son angoisse”(quelque part dans A l’école du sujet).
Alors je me demande: est-ce que la liste est une façon de remplir ce vide ou, est-ce une façon d’éviter la scission comme le disaient les collègues des Cartels Constituants?
“Lacan parle de doter l’association de dispositifs instituants qui permettent de mobiliser le savoir inconscient. AF comme institution psychanalytique a été fondée sur une triple orientation ou tripode dont les éléments sont la reprise de l’expérience de la Passe, l’organisation de dispositifs sur la pratique – Passe et dispositifs qui ne sont pas habilitants – et la création d’un dipositif institutionnel de nomination, en décalage avec les deux piliers précédents. Cet ensemble doit permettre à chacun d’expérimenter son désir d’analyste, condition au final d’une nomination ou d’une habilitation qui ne soit pas antinomique avec l’éthique de la psychanalyse. Il n’y a pas de sujet collectif de l’énonciation. (cf. A l’école du sujet).
Et à partir du paradoxe dans lequel nous nous sommes déplacés dans ce cartel, entre le mandat institutionnel et le désir, nous sommes restés sur l’impossibilité de la liste, d’une liste de plus, d’une liste quelconque.
Pendant le devenir du cartel j’eu fait une lien avec le formule du sexuation, parce que de la même maniere que La femme n’existe pas, La liste non plus, de cette manière la position de supermoi et de jouiissance est arrêtée. Et surtout, ça donne sa particularité d’ expiration.
Isabel Cerdán de Frías
Journée Institutionel AF 28 septembre 2018