La cure sans guérison ou le paradoxe de la psychanalyse. Rossella Giaccometti

Bonjour à tous, je suis heureuse d’être parmi vous et j’ai l’honneur

d’avoir la possibilité de confronter ma modeste réflexion et mon travail

avec un public de Votre qualité. Néanmoins, Je ne vous cache point mon

énorme embarras et ma grande préoccupation en me trouvant ici et ce pour

deux raisons:

  1. D’abord, je ne suis pas experte en langue française ( j’ai a peine

commencé à étudier le francais il y a quelques mois avec une professeur

de langue maternelle et qui est d’ailleurs très patiente ) ,pour ce je

vous présente mes excuses de me traduire.

  1. D’autre part, c’est une experience particulière qui s’offre à moi

étant la premiére fois que je participe à un colloque en France; Je suis

très enthousiaste et je ne sais pas si je serai à la hauteur de cette

tache confiée pour venir vous parler de ce que j’entends par cure et

guérison.

Par cette occasion qui se présente, je tiens à remercier chaleureusement

l’ami Robert Levy qui m’a fait confiance avant même de savoir si je

pouvais me faire confiance moi même et j’espère vivement ne pas décevoir

sa confiance, son amitié et ce pubblic ci présent.

Autre raison pour laquelle je dois remercier Mr.Robert Levy, c’est qu’en

me demandant d’assister à ce congrés, il m’a amené à réfléchir sur deux

signifiant si importantes à connaitre la cure et la guérison que j’ai utilisé

et j’utilise beaucoup non seulement dans l’exercice de mon métier mais

aussi durant ma formation et mes études, tout ca sans m’attarder à y penser

assez longuement.

J’apprécie aussi que, dans un contexte historique et politique si

difficile pour la psychanalyse en Italie, il existe un pays européen où

nous pouvons aborder librement les thémes de la cure et de la guérison

dans la pratique psychanalytique sans encourir de risques juridiques pour

abus de profession.

Comme vous le saviez dans notre pays, la psychanalyse est considérée

comme une discipline dépendante de la psychothérapie ou de la médecine et

ne peut être éxercée sans le titre de psychothérapeute .

En venant le thème pour lequel je suis ici, je décidé de

partir à l’origine en ayant recours aux manuels dediés à cet usage.

C’est dans son étymologie qu’on peut trouver une première approche au

sens profond du terme « cure »; parce que justement les mots sont chargés

de significations liées aux expériences positives et négatives des êtres

humains: ces mots cachent en eux une niche du sens original à partir duquel

d’autres significations pertinentes se développent.

Selon les dictionnaires classiques, le terme « cure » provient du latin

« cura » qui s’écrivait à l’origine « coera » et il était utilisé

principalement dans le contexte

des relations d’amour et d’amitié. La cure ,donc, se manifeste seulement quand l’existence d’une personne

compte pour nous. Alors, nous nous dédions à cette personne et on

s’apprête à devenir participant de son destin, ses recherches, ses

souffrances et ses succès, en d’autres termes de toute sa vie.

Cure signifie donc tact, attention et délicatesse. Lors d’une cure, nous

nous trouvons face à une attitude particulière, une façon d’être au moyen

de laquelle une personne sort de lui-même pour trouver dans l’autre son

centre avec de l’affection et la sollicitude .

Ainsi, par exemple, nous disons: «Ce bébé est l’objet de tous mes soins».

Un ancien dicton brésilien déclarait ceci: «Celui qui a trop de soins à

prodiguer ne dort pas». Encore en disant: « J’ai confié mon fils aux soins du directeur de l’école » on dit signifie « je l’ai placé sous sa responsabilité »

Prendre soin de quelqu’un peut provoquer des sentiments de préoccupation,

d’anxieté et un sens profond de responsabilité.

En fait, le mot latin « cura » provient d’une ancienne racine

probablement sanscrite ku-/kav qui signifie observer; ce qui en résulte,

c’est la responsabilité qui est impliquée dans le mécanisme de

l’observation.

Si on observe un événement on y participe,on devient «complice»,et par

conséquent responsable d’avoir vu. Donc, la cure est également

responsabilité.

J’ai trouvé cette définition extrêmement appropriée et cohérente avec le

processus de la psychanalyse le quel que on peut dire, participe à

l’acte inconscient du sujet, il l’observe et en devient responsabile, dans le sens

qu’il s’occupe essentiellement de cet inconscient.

Ca me plait de penser que la psychanalyse prenne soin de

l’inconscient, qui en est responsable (dans le sens de l’observation)

aussi dans le sens où elle lui laisse une marge d’action et de parole que

l’homologation comportementaliste, la médicalisation des symptomologies

contemporaines et la législation étatique ont tendance à l’anéantir et garantit à la personne, qui a besoin de nos soins, un espace dans lequel on peut répondre à ses propres difficultés.

Ils agit un espace pour une possible prise de conscience de ce qui a

causé leur malaise et le temps de retrouver le sens de leur propre

destiné.

Tout ce qui n’est pas clair et tout ce qui n’est pas interpretable est

consideré par la science médicale dangeureux pour l’individu et à

refouller; de cette façon, une angoisse ou une phobie sont considérées

comme des «maladies mentales» – Un trouble obsessionnel compulsif, comme

me l’a dit S. – et, comme telles, ils doivent être soignés. Par

conséquent, aprés le diagnostic intervient le traitement pharmaceutique

qui sert à restaurer un ordre qui a été boulleversé par le symptôme.

Mais, comme nous le savons bien, le symptôme est déjà une tentative de

Guérison – bien qu’elle soit douloureuse – il indique la voie de la cure

à entreprendre .

Donc, qu’il s’agit de thérapie médicale, de préoccupation familiale ou de

prise en charge du projet de vie d’autrui, nous pouvons affirmer que la

cure est une responsabilité qu’on s’assumé du moment où quelqu’un nous demande quelque chose a l’egard de notre savoir de son symptôme ou qu’il se met en relation avec nous.

Ainsi, nous pouvons affirmer que si le mot « cure » implique l’amour, en

psychanalyse, il faut parler de transfert.

Et comme nous le savons tous, le transfert est le terrain sur lequel se

déroule la cure psychanalytique, son approche, son interprétation et sa

résolution.

La clinique psychanalytique est en fait une clinique sous transfert,

c’est-à-dire une clinique qui comprend dans son propre plan d’action le

psychanalyste, et citant Freud: « dans la guérison des symptômes, il faut souligner que le transfert assume un rôle important ».

J’ai pris à la lettre Freud et j’ai interpreté à ma maniére le concept

de «clinique sous transfert». Je m’explique:

le transfert n’ est pas seulement celui de à la personne qui vient nous

trouver; à mon avis, il y a aussi, le transfert du psychanalyste qui est mis en jeu. Sur cet aspect cependant, je fais seulement une brève mention parce que même si elle est incluse dans le concept de la cure,il n’est pas l’objet de notre

discussion aujourd’hui.

Quel est alors le transfert du psychanalyste?

Je ne peux vous parle que du mien.

J’ai longuement pensé pendant ces années à dire ou non ce que je pense du

transfert du psychanalyste, et cette réflexion est due au fait que je

crains que ce que je pense puisse aller hors du contexte psychanalytique.

Mais aujourd’hui, des que je me suis autorisée à rendre compte à d’autres de ce que je pense, je peux accepter le fait que ma réflexion n’appartient

pas à ce domaine, et que par conséquent je ne m’exprime pas d’une position psychanalytique.

En d’autres termes, je suis prête à accepter aujourd’hui que ce que je

dis et ce que je fais ne soit pas compatible avec la position et la

fonction du psychanalyste.

J’espère que si c’est le cas, vous auriez le soin de me le dire parce que

je suis là pour apprendre.

Quand j’acceuille une personne dans mon cabinet qui m’exprime son malaise,

son problème, et sa difficulté à vivre, ce que je recois à ce moment-là

est aussi sa position subjective.

Peut-être qu’en ce moment là, son attitude soit de ne faire confiance à personne,

peut-être parce qu’elle a vécu d’autres expériences, et je suis une « psyco » parmi d’autres avec laquelle elle essaye.

La conséquence de cette méfiance est un mécanisme de défense qui a pour

effet une agressivité contre sa propre demande.

Or, si cette personne m’attaque parce qu’elle a peur et je le

comprend, je ne reste pas neutre dans le sens de reste indifférente à sa provocation, mais j’écoute ce que ca provoque en moi et je la suis .

En d’autres termes, je me soumets à un transfert que j’accepte

consciemment de vivre en ce moment-là.

Écouter et suivre la provocation implique un effet émotionnel que je

tiens pour moi, estimant qu’il est important et qu’il sera la base sur

laquelle je vais apporter mes soins et donc etablir ma relation avec le sujet.

Donc, si cette personne produit en moi un sentiment de répulsion et de

malaise à son égard, la méthode adoptée dans le rapport avec elle

– et celle là sera ma cure – est d’essayer de transformer ce sentiment

d’inconfort en un plaisir d’être en sa compagnie et de l’écouter.

En d’autres termes, ce que je veux vous dire, c’est que dans une analyse,

ce que je mets en jeu, ce n’est pas seulement le strict rôle de

l’analyste comme le sujet supposé savoir, mais aussi le mien; Cette

fonction n’existe pas en soi, au contraire elle repose sur la formation

de l’analyste, sur la qualité de sa “vocation” (dans le sens d’être sollicité par l’appel de l’autre) et sur son propre expérience de vie.

Cette transformation est le fruit d’un travail commun fait d’une suite

d’interrogations sur “l’ici et maintenant” de ce qui se

passe dans une séance, de prises de conscience, et de réfléxions sur ce

qui se dit et comment il est dit.

La guérison vient en fait à partir de «ce qui se dit» dans l’analyse et

« ce qui se dit » a comme effet la cure. La façon de le dire a peut être

plus d’importance que le contenu.

S’il y a un moyen juste de dire les choses dans l’analyse, cela dépend

certainement de la sensibilité personnelle de celui qui parle mais ce

dernier qui parle, je ne pense pas qu’il soit seulement l’analisant mais

aussi l’analyste.

Cette responsabilité en ce qui concerne la parole et ses effets produits

sur les sujets impliqués dans le transfert donne peut-être raison à cette

catégorie de psychanalistes qui ne parlent jamais durant leurs séances

avec leurs analisants .

Je pense pouvoir dire, non sans risque, que le transfert a subi une

évolution du temps de Freud, principalement parce que la psychanalyse ne

se confronte plus ,comme jadis, principalement avec la névrose mais avec

des pathologies et des symptomalogies plus articulées et plus complexes,

tels que, dont l’autisme est un exemple.

Pourquoi l’autisme?

Parce que ce type de pathologie souligne les difficultés de la cure

précisément en raison du vécu dramatique où sont impliqués les familles

qui vivent cette expérience, et aussi pour la complexité de repérer les

causes originer et les possibilités d’un développement thérapeutique.

Que signifie alors cure dans une situation comme celle de l’autisme?

Et quel est le transfert mis en jeu de ceux qui participent à ce

scénario?

Il n’y a pas de réponses faciles et exaustives à donner et le cas de

l’autisme est si complexe à interpréter qu’il nécessite beaucoup

d’humilité et de recherche continue.

À l’état actuel des choses, je pense qu’il soit important pour les

différents chercheurs de suspendre dans ce cas le jugement et de

procéder à un travail de groupe avec les différentes figures qui entrent

en jeu dans la scène.

C’est grâce au travail effectué chez les jeunes autistes que

je me suis rapprochée d’une manière diverse de utiliser le transfert, de

l’élaborer et de le résoudre par rapport à ce que j’ avais appris de mon

analyse.

 

La psychanalyse dont je parle, est une psychanalyse contemporaine qui,

selon moi, est beaucoup plus riche en outils et en perspectives par

rapport a celle du début, comme il est évident qu’il soit après tant

d’années d’expérience et de recherche.

A mon avis, pour que cela se produise, la condition nécessaire est

d’accepter que dans le dispositif du transfert, ne soit pas seulement

présent le désir de l’analyste ayant la fonction du sujet supposé

savoir, mais comme je l’ai déjà mentionné aussi, la personne de

l’analyste qui dans cet espace de jeu, doit accepter de risquer sa

réalité en tant que sujet , son expérience humaine, sa singularité, et

surtout sa vocation.

Enfin, ce que l’analyste peut faire, c’est montrer sa propre limite, ce

qui vaut pour tout le monde, c’est-à-dire qu’il n’y en a pas l’autre de

l’autre, et qu’on ne peut répondre à la mort qu’ avec un humble acte

créatif .

C’est pourquoi j’ai beaucoup apprecié la définition que j’ai trouvé pour

la cure entant que attitude de partage et prise de responsabilité.

J’ai souvent entendu dans les conférences et les séminaires des rapports

des collègues que ce qui interésse le psychanalyste n’est pas le bien-

être de l’analysant mais, plutot sa parole et ses formations

inconscientes.

 

Je partage partiellement cet idée et je pense plutot qu’il

est très important que le psychanalyste prenne également en charge la

santé du sujet qu’il analyse, qu’il s’intéresse aux événements de sa vie

économique et sociale, qu’il partage avec lui même les aspects les plus

marginaux de sa vie tel que le choix d’un sport plutôt que poursuivre sa

diete alimentaire ou autre ,qu’il en parle et qu’il sache mettre en jeu ses

propres sentiments et ses pensées.

Bref, en deux mots,il s’agit d’un “maternage” qui lui fait sentir la

présence de quelqu’un et pas seulement la présence de l’Autre.

Je veux que vous faire part d’ une anecdote de mon expérience d’analyse

et ce souvenir remonte aux débuts de mon parcours et s’il a été imprimé

dans mon esprit depuis de nombreuses années sans que j’oublie le moindre

detail, c’est parce que probablement en ce moment quelque chose de

particulier a été spécifiés.

Lors d’une séance très intense émotionnellement, du moins de ma part,

juste au moment où je formulais une phrase liée à mon expérience de

traumatisme – un accident de voiture à l’âge de neuf ans et demi – de ma

position allongée sur le canapé, j’ai tendu ma main derrière moi vers mon analyste parce que l’angoisse était insupportable et ma peur était de m’annuler et de disparaitre en ce moment-là.

Ce geste spontané était une demande d’aide; cette main est restée

suspendue dans l’air pendant quelques secondes et ce que j’ai ressenti

était une sensation de solitude profonde et un sentiment de

réprimande/culpabilité pour avoir trop osé.La réponse manquée de mon

analyste a marqué toute mon analyse.

Bien évidemment, son acte était un choix et je ne le juge pas légitime ou

illégitime,si l’action de se soustraire est bonne ou mauvaise , mais ce

que je souligne, c’est que son choix de ne pas répondre a faconné la

direction de sa cure pendant mon analyse.

Je me suis rendue compte seulement plus tard que ce n’était ni une

interprétation du transfert ni son propre choix, mais une décision qui

découlait d’une “orentation d’école” par rapport à la position que le

psychanalyste doit garder.

Maintenant, je ne peux vous dire s’elle a bien ou mal agi, simplement j’

accepte ce qu’elle a fait et la conséquence de son geste est devenue dans

ma pensée une modalité de cure autre que la sienne.

Et à chaque fois que je me trouve à sa place, je fais un choix; et du

moment que j’en ai la faculté,que j’assume ma responsabilité, et que

j’évalue mes possibilités et mes limites, je tends ma main.

Pour conclure autour du concept de la cure entant équivalent d’une prise de responsabilité de l’autre ,cela signifie à mon avis, de le prendre en charge, de le soutenir, le supporter, l’accompagner et être porteur de son désir jusqu’à ce qu’il soit capable de l’assumer de façon autonome avec la conscience que tout mot ou

silence, tout geste ou immobilité marquera son destin.

Et alors, je prends le gouter avec les enfants (et ça se voit !) Je

joue avec les garçons, je bois avec eux au bar, je les visite à l’école

ou je les soutiens quand ils font face à des situations difficiles, et

j’offre du thé à mes analysants.

Étudier, observerer attentivement les difficultés des analysants, des

enfants et de leurs familles implique surement une neutralité, mais faite

de gestes qui les accueillent, qui créent un lieu de confiance à partir

duquel quelque chose peut s’élaborer, quelque chose peut s’établir et quelque chose peut se reconstruire ex novo.

En ce qui concerne la signifiant de guérison , on part de son

étymologie qui vient du franc * warjan qui signifie «garder loin» et

«réparer», on peut déduire que guérir veut dire soigner un malade et

libérer une personne d’un vice ou d’un mal moral.

La guérison est donc un processus de retour à l’état de santé d’un

organisme déséquilibré, malade ou endommagé.

Si nous interrogeons la problèmatique de la guérison en psychanalyse,

nous devons donner place à ce genre de considérations et au fait que nous

avons à faire avec la médecine qui se forme et se développe autour de

l’idée de guérison.

La guérison est un concept qui naît au sein de la médecine.La médecine

guérit des lésions, des traumatismes, des blessures, des inflammations,

elle guérit aussi de l’infirmité,des maux, des problèmes qui surgissent

dans le corps et envers lesquels on peut revenir à l’état precédant

l’apparition des symptômes, des blessures et des troubles .

Dans la psychanalyse, on ne peut pas faire la même chose et la guérison

ne peut pas avoir le même sens.

La distinction par rapport à la médecine réside dans la manière avec

laquelle la psychanalyse traite le symptôme.

Lorsque nous rendons visite au médecin parce que nous avons mal, ce

dernier nous donne des recettes, des ordonnances qui servent à guérir

notre maladie.

Par exemple, chacun a son propre rhume , mais le rhume provient d’un

virus et la contagion fait que tout le monde prend le même virus.

Donc, la cure qu’on nous prescrit va plus ou moins bien pour tous; elle

sera adaptée à la particularité de la personne, l’un est plus fort,

l’autre est plus faible, le dosage peut varier, mais le médicament est le

meme.

En psychanalyse, il n’y a pas de recette pour guérir, car nous n’avons

pas de base universelle semblable à celle qui est en médecine.

Nous pouvons, bien sûr, parler d’un diagnostic en psychanalyse:

diagnostiquer la psychose, la névrose, mais plus que des catégories de

diagnostic, ce sont de grandes catégories conceptuelle d’orientation .

En realite, ce que nous voyons sont des personnes, dont chacune a un

problème particulier. La caractéristique de la psychanalyse est de

traiter les singularités.

Bien sûr, il existe des manuels de psychanalyse, mais ils ne sont pas

utilisés comme la brochure médicale, ils ne servent pas à faire une

prescription.

Le travail du psychanalyste consiste à écouter attentivement le problème

particulier du patient afin qu’il puisse trouver avec lui le chemin de sa

guérison individuelle .

La particularité de l’analyste est précisément la qualité de son écoute,

il semble être une “astuce” (truc).

C’est un terme que j’ai trouvé dans une citation tirée d’une conférence

de Lacan, une de ses dernières conférences dans les années 1970, dans

laquelle il dit:

« Je me demande, nous nous demandons, ils me demandent, qu’est ce que fait

qu’un patient guérit durant une’analyse, qu’est ce qui déclenche

la guérison psychanalytique? « ……… et il répond… » Je ne le sais

pas. J’ai passé toute ma vie à m’occuper de cela, mais j’en sais rien”.

Ensuite, il ajoute … » En realite, ce qui fonctionne dans la

psychanalyse, c’est qu’on a besoin de murmurer à l’oreille du patient

quelque chose, que si est bien dite, l’amène à guérir .

C’est un fait d’expérience « ……. C’est parce que le sujet censé

savoir est bien joué, d’une bonne façon et avec un bon ton, en

utilisant l’expérience et le tact nécessaires, qu’on réussit à amener le

patient à guérir »

 

C’est exactement ces mots de Lacan qui soutienent de ce que je vous ai dit

précédement au sujet de la cure et par conséquent de la guérison dans ma

facon de faire clinique.

Nous, les psychanalystes, nous savons bien que

lorsqu’un patient vient nous consulter, il s’est déjà construit sa solution

qui est le symptôme.

C’est pourquoi la psychanalyse ne peut pas être une thérapie suppressive

du symptôme car sa suppression implique également l’élimination de la

solution que le patient a trouvé.

Il est vrai que ce n’est pas encore la meilleure solution parce que cela

le fait souffrir, mais elle représente une issue, une réponse temporelle à ses conflits inconscients qui, si on sait les écouter, les accueillir et agir nous dira tout ce qu’il faut pour trouver le fil de tout.

 

En écoutant S. après lui avoir demandé ce qu’il espère de cette relation

Avec moi, il me répond: « Je veux revenir comme j’étais avant que tout

cela ne se produise.”

« S. vient à mon cabinet parce qu’il est atteint d’un

symptôme d’angoisse quotidienne qui l’oblige à des rituels de répétition –

aléatoires pour lui, mais qui ne le sont pas du tout – qui servent à la

limiter.

Il est un jeune de vingt ans qui utilise depuis 5 ans des psychomédicament

qui etaient prescrits par le psychiatre qui l’a visité et qui l’a

diagnostiqué comme atteint d’ un DOC (trouble obsessionnel compulsif).

Il me racontait que son symptôme commença à l’aube d’un jour où il se

souvint d’un jeu qu’il avait fait avec son cousin: le jeu de la bouteille

Je ne sais pas si vous connaissez ce jeu; il consiste à faire tourner la

bouteille sur une table sur laquelle des points ont été placés, dont

chacun correspond à une punition, à tour de role il fait tourner la

bouteille et la personne de ce tour doit exécuter la punition prescrite à

partir de ce point.

Dans le cas des deux garçons, les actions étaient de leur choix et

s’inscrivent dans un contexte sexuel.

Donc, grâce à ce jeu, S. et son cousin se sont embrassés, ils se sont

touchés et ils se sont limités, ainsi il m’a dit, de mettre son sexe sur

le « côté B » de l’autre sans pénétrer.

Il me dit clairement qu’il ne se considère pas comme homosexuel et qu’il

ne veut absolument pas l’être et me demande si je peux lui sortir de

cette condition et l’aider à revenir comme il était avant.

Donc, pour S., la guérison est de ne pas être homosexuel, « être normal »

…. « rencontrer une fille, avoir une famille et avoir des enfants ».

La guérison de S. ne sera probablement pas ce qu’il attend, qu’elle ne prend pas du tout en compte son désir initial de revenir comme il était avant cette expérience.

Pour conclure, Le paradoxe de la psychanalyse se manifeste dans le fait

que la cure initiée dans l’analyse ne conduit pas naturellement à

une guérison idealisée par le sujet, elle ne tient pas compte de ce qui

était avant la création du symptôme, elle ne tend à réparer aucun mal,

elle n’implique pas un retour à l’ équilibre antérieur, mais elle

déclenche un processus de renouvellement et de transformation qui, même

si douloureux, peut être le début d’une nouvelle occasion de la vie.

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