« La subversion du genre implique-t-elle de reconsidérer le concept de fantasme ? » Anna Konrad, séminaire Paris, 02/02/2022

« L’angoisse face aux changements, vacillement des certitudes au regard de la psychanalyse »

Séminaire Paris 2021- 2022

La subversion du genre implique-t-elle de reconsidérer le concept de fantasme ?

Anna Konrad

02/02/2022

Cette année les textes que nous discutons sont pour une part d’entre eux des travaux d’auteurs qui ne sont pas analystes, mais dans un rapport de dialogue, voire de critique avec les thèses psychanalytiques. A écouter Judith Butler dans son ouvrage fondateur, Trouble dans le genre [1], le refoulement chez Freud d’un côté, l’ordre symbolique chez Lacan de l’autre, sont des moments de théorie qui se voudraient universels mais sont en fait expressions dans une matrice hétérosexuelle obligatoire comme structure des relations de pouvoir. Le discours freudien est cependant le terreau d’une des principales thèses de sa critique. Tout le discours butlérien sur le trouble est traversé par la référence à un deuil non fait, impossible, générateur de mélancolie et qui définit même la nature du genre. L’identification à son genre idéal dans l’hétérosexualité porte en elle une mélancolie incurable. 

Elle la relie à une perte de l’amour homosexuel pour le parent de même sexe, qui s’interdit sans recevoir la lumière du drame, invisibilisé, relégué à l’arrière-plan du drame oedipien dans la théorie freudienne construite de part en part dans l’hétérosexualité obligatoire. C’est un amour dont on glisse ailleurs mais qu’aucun deuil ne peut soulager selon elle. Les objets d’amour de substitution viendront à la place du parent de sexe opposé en laissant dans l’obscurité l’homosexualité primaire du sujet humain. S’appuyant notamment sur l’objet mélancolique dans les travaux de Torok et Abraham, elle affirme que « le refus hétérosexuel de reconnaître l’attachement homosexuel primaire est culturellement imposépar une prohibition de l’homosexualité ». Elle conclut qu’une « mélancolie hétérosexuelle est culturellement instituée et maintenue comme le prix à payer pour avoir des identités de genre stables reliées par des désirs pour le sexe opposé[2] »

Une place importante est réservée pour Lacan dans Trouble dans le genre : en lui reconnaissant d’avoir identifié et décrit la comédie sexuelle, d’avoir désigné l’artifice des rôles sexuels et de leur répétition que Butler reprend comme rituelle et incantatoire. 

Mais comment la philosophe permet-elle qu’il y ait du désir dans l’obligation ? Elle dit :« pour pouvoir désirer tout simplement, il est peut-être nécessaire de croire en un moi corporel transformé qui selon les règles genrées de l’imaginaire pourrait remplir les exigences d’un corps capable de désirer[3] » Les règles genrées de l’imaginaire construisent les types idéaux dans lesquels il faut croire pour pouvoir désirer. Croire en un moi corporel s’apparente à une alternative entre la croyance et la mort. La croyance dans l’idéal représentatif de son sexe permet de faire fonctionner un désir culturellement obligatoire. Nous sommes dans un univers de la mélancolie, constitutive du genre lui-même, une mélancolie civilisationnelle déterminée par l’ordre sexuel. Aucun ordre meilleur ne viendra relever celui-ci, il n’y a pas d’utopie chez Butler. Chez Lacan, elle lit « l’invocation d’un ordre symbolique fondamentalement inaltérable[4] » Selon elle, Lacan institue la « différence sexuelle comme une économie de la signification auto-suffisante qui exerce son pouvoir en délimitant ce qui peut ou ne peut pas être pensé dans le cadre de l’intelligibilité culturelle [5]» Différence sexuelle, expression chez Lacan de la matrice hétérosexuelle obligatoire. C’est sa lecture dans Trouble dans le genre, nous ne sommes pas obligés de la suivre, mais ne désigne-t-elle pas une question à poser à nos modes d’appréhension du sujet ? Ne sommes-nous pas pris dans une illusion d’autonomie subjective en tant qu’hommes et femmes, aveuglés sur notre « binarité sexuelle » ? Ces idéaux, homme et femme, ne sont-ils pas des étrangers en nous, peut-être des alliés inconscients du surmoi et agents du malheur quotidien bien plus qu’on ne le croit ?

Qu’est ce qui me questionne ici, au point où j’en suis de mon ignorance – j’essaie ne pas craindre mon ignorance – ? 

J’ai l’impression avec Butler de toucher, d’entendre ces idéaux-types homme et femme, intégrés, validés, acceptés comme apparemment faisant partie du décor et de l’horizon de mon désir, peut-être responsables de certaines de mes difficultés de négociation dans ce en quoi je crois en tout cas sous ce nom, le désir, qui m’a surprise et j’avoue, suscitée un certain transfert. Est-ce la transmission d’une « passion du réel » dans le discours de cette philosophe brassant des signifiants qui balaient l’histoire et les idées dans nos cultures où l’émancipation des femmes nous fait – je viens de prononcer le fameux « nous » dont elle dit que toutes les tentatives pour le définir échouent dans une énumération embarrassée qui se termine par un « etc… » – nous fait autres foncièrement, que ce qu’il était possible d’imaginer à l’époque de Freud ou même de Lacan ?

Elle part d’une critique du féminisme où l’identité préexiste à l’action politique. Et elle pose « l’instabilité fondamentale de la catégorie « femme[6] ». Cette critique ne peut que la conduire à interroger la dimension du sujet dès lors qu’elle ne peut pas s’arrêter à une définition par le sexe. Dans l’introduction à la réédition américaine de son ouvrage en 1999, elle s’exprime ainsi :  « L’idée que la pratique sexuelle a le pouvoir de déstabiliser le genre m’est venue en lisant l’article de Gayle Rubin « The Traffic in Women » où il s’agissait de comprendre comment la norme en matière de sexualité consolidait la norme en matière de genre. De ce point de vue et pour le dire vite, on est femme si l’on fonctionne comme telle au sein du cadre hétérosexuel dominant : aussi, mettre ce cadre en question revient peut-être à perdre quelque chose d’aussi fondamental que d’avoir sa place dans le système de genre. C’est en me posant pareilles questions, , qu’a pris forme pour la première fois l’idée de « trouble dans le genre » développée dans ce livre[7]. »

Le sujet donc est ici mis en résonance avec la possibilité d’une perte, l’angoisse de ne plus avoir de place dans un système qui n’est pas directement ni seulement l’ordre social mais « le système de genre » où chacun s’identifie. Est-ce un sujet qui parle ? Il me semble que le propos du livre est que des énonciations nouvelles sont possibles en détournant de sa répétition rituelle la performance de genre où chacun se produit. Cette énonciation revient à produire des écarts avec la norme : « En un sens toute signification se fait dans l’orbite d’une compulsion à la répétition : il faut donc voir dans la « capacité d’agir » la possibilité d’une variation sur cette répétition[8] ». Il s’agit donc d’utiliser les règles destinées à la répétition rituelle pour : « […]ouvrir de nouvelles possibilités en matière de genre qui contestent les codes rigides des binarités hiérarchiques [ et donc] ce n’est que dans les pratiques répétées de la signification qu’il devient possible de subvertir l’identité.  Il est donc question ici d’un sujet producteur de significations nouvelles dans la culture. 

Mais ce sujet est foncièrement voué à l’échec et à la perte. « … le fait, dit-elle de ne pas arriver à devenir « réel » et à incarner le « naturel » est, à mon avis, un échec constitutif de tous les accomplissements du genre pour la bonne raison que ces lieux ontologiques sont fondamentalement inhabitables[9] » Voilà le mot important, inhabitable, l’affirmation fondamentale dont il ne peut découler qu’une nécessité révolutionnaire. Le fait, dit-elle, de « reconsidérer l’identité comme effet, c’est-à-dire comme étant produit ou créé, ouvre des possibilités en ce qui concerne la « capacité d’agir » qui étaient insidieusement forcloses par des positions tenant les catégories de l’identité pour fondatrices et fixes. [10]» Et enfin : « La question n’est pas de savoir s’il faut ou non répéter, mais comment le faire. Il s’agit […] de répéter en proliférant radicalement le genre et ainsi de déstabiliserles normes du genre qui soutiennent la répétition[11] ». Puisqu’il n’y a donc aucune ontologie en matière de genre, il n’y a, il n’y aura, que des effets. Il n’y a pas d’ontologie du genre sur laquelle construire une politique… de la révolution. Techniquement, il s’agira de « repérer les stratégies de répétition subversive […] pour affirmer les possibilités locales d’intervention en participant précisément à ces pratiques de répétition qui constituent l’identité, gardant toujours la possibilité ouverte de les contester[12] ». Je souligne « possibilités locales d’intervention » pour faire un parallèle avec peut-être ce qu’une politique pour la psychanalyse peut construire en modifiant et en renouvelant des significations répétées. 

La révolution du genre s’est propagée dans les cultures, les États, les lois. Pas partout. Des signifiants du monde global sont issus du travail de Judith Butler : des vies qui comptent, « lives that matter », entendu dans Black Lives Matter font référence à la constance dans son travail de la dimension du deuil impossible. Ainsi Freud aussi est présent indirectement dans ce signifiant. Butler se réfère dans son texte prononcé à l’occasion de la réception du prix Adorno en 2006, intitulé « Qu’est-ce qu’une vie bonne [13]? » aux pouvoirs qui organisent nos vies et rendent certaines vies plus précaires que d’autres. Ainsi, des vies ont glissé en dehors des zônes où l’on peut être pleuré et elles peuvent être perdues sans deuil, leurs corps sont perdus, des vies en marge de la matrice définissant le genre qui se perdent radicalement, mais aussi des vies invivables de gens en zône guerre ou de fuite sans statut, d’émigration forcée… Dans ce texte passionnant, Butler affirme que la position de la critique doit comprendre la rencontre des sans deuil dans l’espace publique afin que ceux-ci puissent « faire apparaître leur existence et la requête de vies vivables ou plus simplement d’une vie avant la mort [14]».

Ces vies sans deuil m’évoquent des sujets qui ne sont pas parvenus à revenir des limbes où les a retenua difficulté à réaliser, à partir de leurs performances dans la matrice obligatoire du genre, une illusion qui leur tienne lieu d’identité. (Illusion de famille ou de transmission, de projets dans la vie, illusion de genre…) Ou bien ils sont, là où ils se trouvent dans le monde, condamnés à une survie, une autre voie vers la mélancolie. 

Ce qui n’est pas sans rappeler l’idée de fragilité du symbolique dont nous avons souvent évoqué dans ce séminaire des aspects toujours plus apparents à mesure notamment que la science s’émiette en regard de notre discipline et du groupe social lui-même et qu’elle se fragmente en perdant son centre défini comme discussion et disputation. Ces dernières devenant impossibles ou même prohibés par des autorités diverses, ce qui arrive avec la psychanalyse.

Le reproche de sexisme fait partie des critiques de la psychanalyse. Également son usage du terme et la place qu’elle accorde au membre mâle, le phallus, sa définition du sexe féminin par l’absence de ce membre. A la fin de ses Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine(écrit en 1958, la même année que La signification du Phallus), Lacan demande : pourquoi « l’instance sociale de la femme reste-t-elle transcendante à l’ordre du contrat que propage le travail ? Et notamment est-ce par son effet que se maintient le statut du mariage dans le déclin du paternalisme ? » De quelle transcendance du statut de la femme parle ici Lacan ? Il me semble qu’il lui attribue une qualité en de-çà de l’espace publique, en somme au foyer. La femme dont il parle  « entend être désirée en même temps qu’aimée », depuis les atours de son foyer, suis-je tentée d’ajouter – et  de son désir, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui à qui s’adresse sa demande d’amour[15] ». (Le lieu où la femme trouve son désir est donc un signifiant, mais rien ne dit que c’est dans le pénis.

La question a émergé dans les séminaires précédents de savoir si « phallus » restait un nom approprié choisi par Lacan pour désigner le cœur de son système symbolique. Dans La signification du Phallus et les articles écrits la même année, il fait appel à toute sorte d’image, de référence, de métaphore se rapportant au membre viril. Il traite du désir chez l’homme et chez la femme en jouant à placer le signifiant Phallus à sa place d’organe de l’homme. Il semble relier le symbolique à cette conjonction privilégiée avec le monde réel. « Le phallus, dit Lacan, est le signifiant de la perte même que le sujet subit par le morcellement du signifiant et nulle part la fonction de contrepartie où un objet est entraîné dans la subordination du désir à la dialectique symbolique, n’apparaît de façon plus décisive[16] » Nous entendons ici pénis, nous entendons menace de castration, mais est ce que ces résonances disent autre chose que des résonances ? Mais à lire la phrase, l’objet n’est pas forcément l’objet pénien. Le phallus pointe encore dans le texte lacanien en tant que membre viril du côté du désir féminin. Exemple à la fin de son article Pour un congrès sur la sexualité féminine où Lacan évoque le rapport de la femme au désir de son partenaire : « Bien loin que réponde […] à ce désir la passivité de l’acte, la sexualité féminine apparaît comme l’effort d’une jouissance enveloppée dans sa propre contiguïté […] pour se réaliser à l’envi du désir que la castration libère chez le mâle en lui donnant son signifiant dans le phallus [17]». Jeu de mots sur l’envie de phallus issue du penisneid freudien, référence à la puissance virile évocatrice du membre, mais au final, du pénis, il n’y en a pas ici en tout cas, il n’y a que du signifiant. Selon J. Allouch, avec son choix de dénommer grand phi (Φ) « ce bout de chair érectile», « Lacan allait déjà à l’encontre de la jonction de son Φ et du pénis ». Et il « éloignera encore davantage ce Φ du pénis en faisant état d’une « fonction phallique[18] ».

Je me suis permise de reprendre ces références fragmentaires dans ma surprise à l’idée d’une telle possible disjonction dans la langue parlée. A quoi ressemblerait la « prestance phallique » par exemple sans la résonance avec le fier organe ? Nous dirons qu’il n’y a pas nécessité de priver le langage de ses expressions mais quoi faire de l’équation « phallus-bébé » ? Le bébé est-il encore une métaphore du don du phallus du père ? L’accommodation imaginaire entre la forme de l’organe, celle du bébé, voire de la jeune fille, la « girl » si bien identifiée comme étant elle-même le pouvoir disputé, tout cela alors est limité par un moment historique et un état du jeu social ? Pourquoi pas ? Mais il s’agissait pourtant, chez Freud, de « glisser le long d’une équation symbolique ». Il n’y aurait pas cette équation fixée pour toujours dans l’inconscient et il n’y aurait pas une chaîne de symboles venant du fond des âges, héritée pour tous les temps à venir… ? Ces substitutions seraient celles que nous faisons pour certains, productrices d’effets métaphoriques mais rien d’intemporel… 

J’ai beaucoup lu pour ce séminaire, sans doute parce que je suis inquiète de la portée que peuvent avoir, que pourraient avoir sur nos échanges, sur moi, ces questions actuelles sur le genre. Serais-je plus tranquille si je les avais travaillées depuis longtemps ? Elles me traversent pourtant : avec difficulté mais sûrement, j’ai entendu des femmes ayant des enfants avec des femmes, des hommes qui aiment des hommes… j’ai l’air là de déposer naïvement mes préjugés… ce n’est que depuis peu que je perçois clairement que je suis l’égale ni plus ni moins de tel homosexuel qui n’a jamais touché une femme, jamais un sexe de femme seulement d’homme, membré comme lui-même… son égale, c’est-à-dire pas manquante du fait de mon sexe de femme. Mais alors je me définis du manque de pénis et nous sommes pourtant en train de dire que c’en est fini de définir les femmes par le manque de pénis… 

Dans mon titre j’ai parlé de fantasme. Le fantasme se rencontre dans le trauma, dans le trou, comme scène qui était là et qui n’y est plus. Le fantasme, c’est la répétition, par exemple, la répétition de la déception. Mais si une partie de ma vie est moins individuelle et autonome que je le croyais, du fait des conditions socio-culturelles et des relations de pouvoir, du fait de ce grand Autre qui tout inexistant qu’il soit, intervient et joue sa partie… une oppression sociale effective et réelle qui m’écrase, pas plus que d’autres, peut-être moins,            mais qui expliquerait l’inanalysable… qui en serait une partie. Ne pas pouvoir aller plus loin parce que c’est un mur et pas parce que c’est un mur mais je devrais rentrer dedans. Alors la psychanalyse ne serait pas dans sa  superbe, et magique originalité. Alors, simplement parler serait déjà beaucoup et la clinique transférentielle serait plus variée, il pourrait y avoir du rire, des boutades, le passage du temps. J’arrêterais vraiment de chercher le sens mais j’aurais le droit de trouver du sens.

Le plus surprenant ces derniers temps c’est que je ne perçois plus du tout ce que serait ma pratique d’orientation psychanalytique. Il n’y a pas d’autre alternative que d’essayer de gagner de l’argent en tant qu’analyste. Même s’il n’est pas question d’analyser quoi que ce soit, même si par exemple je reçois quelqu’un qui pose la condition de ne pas parler de son histoire, de ses traumas… ça n’empêche pas le transfert et je ne suis pas obligée de quelque rôle que ce soit. J’ai traversé une période d’ennui profond dans le travail, parallèlement à cet interminable et peut être définitif numérisation de nos rencontres et qui me chagrine au plus haut point. Même si je comprends qu’il peut y avoir ainsi, au séminaire, des collègues de tous les pays. Ma répétition, mon fantasme, mon malheur ou mon bonheur, tiennent à ce cadre d’un transfert où s’analyse à l’infini le moindre de mes événements. La subversion du genre, ces discours où le sujet apparaît comme un espoir de déranger l’arrangement bien réglé et conservateur, sans dignité ni pudeur, sans plaisir, même, avec un clin d’œil dans la direction de la mort, m’a rendu – peut-être – le service de sortir du cadre.


[1]      J.Butler – Trouble dans le genre -Editions La Découverte 2014

[2]      Idem  P.165 

[3]      Idem P.167 

[4]      Idem P.177

[5]      Idem P.177

[6]      Idem P.267

[7]      Idem P.31

[8]      Idem P.271

[9]      Idem P.273

[10]    Idem P273

[11]    Idem P275

[12]    Idem P 274

[13]    J.Butler- Qu’est-ce qu’une vie bonne -Ed . Rivages 2014

[14]    Idem P 89

[15]    J.Lacan- LES ECRITS – La signification du phallus- P.694

[16]    J.Lacan – Ecrits- Sur la théorie du symbolisme d’Ernest Jones P.715

[17]    J.Lacan – Ecrits -P.735

[18]    J.Allouch Le point aveugle du binarisme sexué, sept 21 http://www.jeanallouch.com/document/401/2021-le-point-aveugle-du-binarisme-sexua.html

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