ARGUMENT DU THÈME DE L’ANNÉE

2024-2025

LES CONCEPTIONS MODERNES DE L’EVITEMENT DU

MANQUE.

C’est à partir de la certitude dans l’idée que son manque à être puisse se trouver

un jour réduit, que le parlêtre se constitue. Toute religion veut croire à la

disparition du manque et combat cette insupportable conviction qu’après la

mort il n’existe plus rien.

Depuis les apports de Ferdinand de Saussure, nous pouvons comprendre la

proposition de Lacan au terme de laquelle le sujet du désir se constitue à partir

du « manque que porte le langage ». Nous envisageons le sujet en tant que

parlêtre divisé par le langage.

Nous sommes dans la parole, nous n’arrivons pas à atteindre la chose en soi,

mais seulement ce qui la nomme et la représente, Hegel le formulait en

envisageant le mot comme le meurtre de la chose. Nous ne pouvons considérer

le langage comme une simple opération d’étiquetage référentiel, mais comme

la condition première afin qu’à la fois se constituent un sujet et un monde

organisé en réalité signifiante.

Aujourd’hui, cette irréductible singularité du manque de chaque sujet tend à

trouver sa réduction dans les différentes inventions modernes, celles que le

discours capitaliste soutient pour amener le sujet à « jouir sans contrainte ».

Chat GPT, l’intelligence artificielle et l’homme augmenté deviennent les

espoirs pour qu’enfin le sujet ne soit plus pris dans un manque de savoir, dans

un manque de souvenir et enfin qu’il puisse produire ce qu’il désire dans les

différents champs où son manque le mettait auparavant en échec

Sommes-nous à l’aube d’un grand remplacement des religions par

l’intelligence artificielle ? D’ores et déjà les financements et la recherche

appliquée existent afin de remplacer les thérapeutes et à fortiori les

psychanalystes par l’IA. Plus ces réseaux de nouveautés se développent, plus

la psychanalyse sert de repoussoir face aux promesses des lendemains qui

chantent la fin de nos manques…