Marian Lora – Septembre 2018
TEXTE POUR LE CARTEL DU PROTOCOLE INSTITUTIONNEL
2016-2018
28 septembre 2018
Marian Lora
Participants :Isabel Cerdán, Marian Lora, Daniel Colson et Anna Konrad
Lacan, dans son Ouverture du Séminaire 1, du 18 novembre 1953 nous dit :
« Cet enseignement est un refus de tout système. Il découvre une pensée en mouvement – prête néanmoins au système, car elle présente nécessairement une face dogmatique. La pensée de Freud est la plus perpétuellement ouverte à la révision. C’est une erreur de la réduire à des mots usés. Chaque notion y possède sa vie propre. C’est ce qu’on appelle précisément la dialectique. »
Ce Cartel du Protocole institutionnel n’est pas le premier pour moi ; j’ai intégré ce dispositif pour la première fois sans savoir ce qu’il supposait. Toutefois, le fait d’être déjà passée par ce processus ne signifie rien quand il s’agit d’établir une procédure, nous sommes à nouveau dans le un par un, chaque cartel est unique. C’est pourquoi je pense que ce sont bien ces paroles de Lacan que j’ai évoquées en début d’intervention qui m’ont poussé à réfléchir sur les questions que je me posais sur la façon de penser certaines notions à traiter au sein de ce cartel.
Dès le début, ce cartel s’est caractérisé par des échanges dialectiques qui nous ont mené chacun sur une voie différente. Par l’assimilation de nouvelles façons de comprendre les problèmes débattus, par l’enrichissement, voire même dans ces moments où les échanges devenaient une vraie Babel, qui plus est, justement parce que les échanges se jouaient dans deux langues, le réel a fait son apparition à de nombreuses reprises, d’emblée, au travers des équivoques qui se sont présentées.
En ce qui concerne mon expérience, je dirais que, premièrement et sans aucun doute, ce dispositif met en jeu mon désir qui m’amène ici aujourd’hui et qui a créé des rapports transférentiels de travail avec mes collègues de cartel, une question vraiment importante par rapport au travail au sein de l’Association…, d’autant plus dans une Association plurilingue, où nombre de ses membres sont dispersés dans le monde ; c’est là une façon d’avoir un rapport plus proche qui nous permet de découvrir le travail des autres, une question fondamentale pour le Cartel du Protocole institutionnel.
Les rencontres que nous avons tenues m’ont poussé à réfléchir sur des notions figurant dans les Statuts qui définissent ce dispositif. Car, en discutant sur certains termes, j’ai réalisé que quand je les ai lus pour la première fois, j’ai porté sur eux un regard purement pratique en ce qui concerne la structure organisationnelle du dispositif. Or, quand j’ai relu l’article, des notions comme : la tâche, la liste, le fait de reconnaître, de nommer, l’éthique psychanalytique… ont pris une nouvelle dimension.
Dans un premier temps, ce cartel a abordé la question de la liste et le débat a été très animé : oui à la liste, non à la liste ; c’est un impératif, ¡non, c’est une tâche ! ; c’est une inscription ou une nomination…
J’ai donc commencé par m’interroger sur la procédure. Quelle est la méthode que nous propose l’Association ?
J’ai pensé : « elle tire au sort pour choisir les membres du cartel, une formule qui, bien entendu, écarte les regroupements avec les proches pour éviter, d’emblée, les effets de groupe ; elle nous confie la tâche qui consiste à produire une liste de noms, une liste ?… peut-être que la liste est importante en ce sens qu’elle nous pousse à ouvrir un débat, vu qu’initialement personne ne parle d’inscrire un nom quelconque ou de donner les noms des personnes qui feront partie de la liste…, par conséquent, les noms, comme je l’ai déjà évoqué lors d’un autre cartel, sont éphémères, ils n’ont pas d’importance sauf pour le narcissisme, ils se réduisent à un reste dans cette équation. Autrement, ils établiraient différentes catégories de membres.
Je me demande alors : la liste n’assurerait-elle pas alors la fonction d’objet a dans ce dispositif ?
Par ailleurs, la question de l’éthique psychanalytique « telle que l’Association la soutient à travers son expérience »[1]résonnait en moi. Est-ce que cela veut dire qu’il s’agit là d’une éthique qui lui est propre ?
On pourrait penser que, d’une part, elle marquerait une différence entre l’éthique psychanalytique, fondée sur une éthique qui s’écarte de l’éthique « traditionnelle »et qui engage tout un chacun au sein de toute association psychanalytique ; et, d’autre part, celle qui est soutenue par l’Association au travers de son bagage, à savoir : non pas comme le résultat d’une construction théorique dépourvue d’un corollaire visible sur le plan associatif ou social, mais plutôt comme une éthique découlant de ses actes dans sa façon même de comprendre la psychanalyse, qui fournit ce qui peut servir à ses membres de soutien pour qu’un sujet puisse s’autoriser comme analyste avec ces quelques-autres et qui encourage le transfert de travail et le désir.
Je pense que l’axiome « il n’existe qu’une seule catégorie de membres »va bien dans ce sens-là.
Merci bien
[1]Art. 26 des Statuts en espagnol/ Art. 8 en français.