Pas sur le nom du Père – Antonia Portela Magalhàes
Práxis Lacaniana/Formação em Escola
J’ai l’intention de situer le passage de la question du Nom aux Noms-du-Père, en travaillant à partir du Séminaire V, “Les formation de l’inconscient”, en passant par le Séminaire X, “L’angoisse”, ajouté du cours, unique, du Séminaire interrompu, “Les Noms-du-Père”, de Jacques Lacan. J’ai décidé de travailler par cette voie, en raison de la valeur fondamentale des pas que Lacan fait dans le Séminaire V, dans son articulation d’Oedipe à la Castration, et les temps d’entrée de l’articulation du Père comme signifiant, situant aussi les conséquences de sa faille, tant dans la névrose, que dans la perversion et dans la psychose. Ainsi, comme dans le Séminaire X, “L’angoisse”, qui est d’ailleurs le Séminaire sur lequel je travaille en ce moment à l’Escola, est aussi fondamental, parce que Lacan le met en relation avec le Séminaire interrompu, “Les Noms-du-Père”, en situant l’angoisse en relation à la question de l’objet.
Dans le cours, unique, du Séminaire interrompu, “Les Noms-du-Père”, le Père apparaît alors situé comme supposition de jouissance, cette place de supposition de jouissance correspond à une asymétrie relative à la demande de l’Autre et de sa satisfaction. C’est cette relation qui établit une place dans laquelle il y aura une accumulation entropique et c’est à ce sujet que se situe cette place à laquelle Freud confère le mythe, le mythe de “Totem et tabou”, la place du père totémique.
Dans le Séminaire V, “ Les formation de l’inconscient”, nous pouvons situer un important passage dans l’enseignement de Lacan, qui est le fait qu’il prend le mythe de “Totem et Tabou” d’une manière qu’il contrarie le savoir académique sur les raisons du mythe, en le situant dans l’élaboration de la métaphore paternelle.
La métaphore paternelle concerne la fonction du Père et a une place fondamentale dans l’histoire de l’analyse. Elle est au centre de la question d’Oedipe, révélé par l’inconscient, mettant en jeu l’existence des désirs enfantins pour la mère, qui sont des désirs refoulés et primordiaux.
L’important c’est les temps où la fonction du Père intervient: le premier, le Nom-du-Père comme l’unique signifiant; le second, la parole articulée du Père; et le troisième, la loi, qui considère que le Père est dans une relation plus ou moins intime avec elle. L’essentiel est que la mère fonde le Père comme médiateur de ce qui est au delà de sa loi et de son caprice, ce qui donne place, tout purement et simplement, à la loi telle quelle. Il s’agit du Père, comme Nom-du-Père, étroitement lié à l’énonciation de la loi. Et c’est en cela, qu’il est ou pas accepté par l’enfant comme celui qui prive ou ne prive pas la mère de l’objet de son désir. Le Père qui intervient est celui dont la parole fonctionne dans le champ du langage pour être fondée sur l’existence du signifiant Nom-du-Père.
C’est la loi du Père, qui fait entrer la loi symbolique et qui peut venir de n’importe qui, du moment que sa parole soutienne cette fonction dans le discours. La fonction paternelle, le signifiant Nom-du-Père, entre ou pas dans la chaîne des signifiants, qui constituera un sujet. Quand ce signifiant entre, il se structure de plusieurs manières, comme nous montrent les névroses. Quand il n’entre pas, nous avons la psychose, c’est-à-dire, le signifiant Nom-du-Père n’a pas comparu à la chaîne signifiante.
La position du sujet dépendra de comment le Père exerce sa fonction. Donc, le Père, dans la famille, peut être tout ce qu’il veut: un banquier, un ouvrier, etc., ce qui aura son importance ou pourra n’en avoir aucune. La question est de savoir ce qu’il est dans le complexe d’Oedipe. Le Père, dans le complexe d’Oedipe, n’est pas un objet réel, même s’il a à intervenir comme objet pour qu’il opère la Castration. Il n’est pas non plus un objet idéal. C’est le Père symbolique, c’est une métaphore. La métaphore paternelle a une fonction dans le Complexe parce que le Père est un signifiant qui se substitue au premier, introduit dans la symbolisation, le signifiant maternel. Le Père est un signifiant qui substitue un autre, donc une métaphore. C’est le pilier essentiel, le pilier unique de l’intervention du Père dans le Complexe d’Oedipe. Et c’est à cette place, et pas ailleurs, que se trouvent les carences. Les carences ne sont donc pas dans la famille.
C’est ce que nous montre le petit Hans, que la carence du Père était loin d’être une carence dans sa famille. Il était là, à côté de sa femme, d’une certaine manière il soutenait son rôle, il s’occupait de son fils, en aucune façon il était absent, il l’a même amené chez Freud pour qu’il l’analyse. Ne serait-ce le mieux que l’on puisse attendre d’un Père? Cependant, ce père commet une faille dans sa fonction en relation à ce qui s’articule pour le sujet, en relation au Complexe d’Oedipe articulé à la Castration.
C’est pourquoi la fonction paternelle s’articule à l’interdiction de l’inceste: “Tu ne réintégreras pas ton produit et tu ne coucheras pas avec ta mère”, qui passe par les effets de l’entrée dans l’inconscient de l’ordre symbolique. La Castration est donc un acte symbolique, qui passe par un agent, quelqu’un qui fonctionne en soutenant cette fonction du Père, qui est symbolique en relation à l’objet, qui est imaginaire.
À mesure que l’intervention paternelle fonctionne, l’interdiction de l’inceste se présente, retirant au fils la possibilité d’être comme le phallus imaginaire de la mère, à la place du langage, rendant impossible qu’elle récupère son produit. Cette intervention interdit que l’Autre, en tant que place troisième, champ du langage, soit complet. Quand il n’opère pas la Castration, ce que nous avons, c’est une tentative de complétude qui mène le sujet à une relation folle avec le langage. C’est donc, par l’articulation d’Oedipe à la Castration, même avec des failles et des carences, que se déroulera la position du sujet en relation à la Castration.
La logique de la Castration est une opération réelle, introduite par l’incidence du signifiant paternel. Donc, à la question “Qu’est-ce qu’un Père?”, il n’est pas possible de répondre directement, car il faut que soient données les tours discursifs nécessaires en relation à la fonction du Père, sur ce qui traite des manques qui affectent le sujet.
Lacan, dans le cours du Séminaire interrompu, “Les Noms-du-Père”, montre sa reconnaissance à l’époque hégélienne lorsqu’il dit avoir pris appui chez Hegel pour pouvoir résister au positivisme. Et dans le Séminaire V, “ Les formation de l’inconscient ”, Lacan est d’accord avec Hegel que: le désir de l’homme est le désir de l’Autre, ce qui a comme fondemen
t le phallus comme signifiant. A son tour, il met en relation “Les Noms-du-Père”, comme je l’ai déjà mentionné, avec l’angoisse et l’objet, que situe une voie structurale qui met une différence, en disant que le sujet est affecté par le désir de l’Autre, en ce qu’il y a une mise en place des signifiants de l’Autre en jeu en relation au corps, car cette articulation de l’angoisse avec le désir implique la division du sujet par la chute de l’objet dans la confrontation avec le signifiant.
L’angoisse en relation au désir de l’Autre est relative à cette identité, qui implique la dimension de l’Autre, vu que là peut apparaître le désir qui est inclus dans la demande de l’Autre. Le désir, qui apparaît par les signifiants regard et voix, dans le champ scopique, introduit, ainsi, une rupture dans l’espace spéculaire à deux dimensions par la présence de l’objet, lié à ces signifiants qui incident sur le corps.
Dans le Séminaire X, “L’angoisse”, Lacan situe un pas qui fait surgir devant nous le limite du symbolique: situe le manque comme “dialectisable”, “symbolisable”, mais, à un niveau déterminé, situe qu’il y a quelque chose du manque qui est non “ dialectisable”, non “symbolisable” dans la structure. Il s’agit d’un pas de Lacan en relation à Hegel, car, chez Hegel, il est difficile de penser quelque chose non “dialectisable”, quelque chose que l’on ne puisse situer en termes de contradiction. De ce fait, le résultat de la dialectique hégélienne va jusqu’à la question du savoir absolu. Lacan dit, ici, que ce par quoi le sujet est affecté dans l’angoisse, est le désir de l’Autre, et qu’il est affecté d’une façon que nous devons comprendre, immédiatement, comme non “dialectisable” et, pour cela, l’angoisse, en plus d’être affection du sujet, est ce qui ne trompe pas. En ce sens, l’angoisse est structurante, elle a une fonction dans la structure du sujet, défini comme le sujet qui parle, et qui, justement pour ça, est fondé et déterminé par les effets du signifiant.
Qu’est-ce qu’une affection qui, justement, est non “dialectisable”? Qui est non “symbolisable”? Nous pourrions dire, en relation à cette question, qu’étant le langage condition de l’inconscient, et non le contraire, il y a quelque chose non “dialectisable”, il y a quelque chose qu’il n’est pas possible de dire, qui reste hors du langage, bien qu’il ne soit pas sans langage, et cela qu’il n’est pas possible de dire, qui reste dehors et est non “dialectisable”, c’est l’objet a.
Dans le Séminaire “L’angoisse”, Lacan différencie son dire du dire de Hegel, de manière stricte. Alors que Hegel dit que le désir de l’homme est le désir de l’Autre, Lacan, parce qu’il est analyste, dit: le désir de l’homme est le désir de ce qui manque à l’Autre, et il ne le sait pas, alors, il introduit la barre sur l’Autre au sujet de ce qu’il ne sait pas, et ce qu’il ne sait pas c’est ce quelque chose d’irréductible, non “dialectisable”, non “symbolisable”. L’angoisse situe, alors, le désir comme une constante irréductible sur ce qui a trait à la structure, en ce qui ne peut être “dialectisable”.
Le sujet est affecté, dans l’angoisse, par le désir de l’Autre en ce qui est non “dialectisable”. L’Autre est la place du ravin des signifiants et est, aussi, la place de la loi qui, comme telle, s’occupe de la jouissance interdite, point d’appui en lequel se constitue le désir. Ce qui constitue la loi c’est le désir envers la mère, et c’est par la loi de l’interdit de l’inceste, que quelque chose se normalise.
L’angoisse se manifeste en relation au désir de l’Autre, et cette fonction angoissante est en relation au fait que je ne sais pas que l’objet a c’est moi pour ce désir, en relation à la demande de l’Autre. Il y a une méconnaissance sur ce qu’est le a dans l’économie du désir de l’homme. Au niveau du désir scopique, celui où la structure du désir est la plus largement développée dans son aliénation fondamentale, c’est aussi, paradoxalement, le niveau où le a est le plus masqué, et dans lequel le sujet est plus garant quant à l’angoisse.
L’angoisse comme sensation de désir de l’Autre est relative à la présence de l’objet dans l’image, qui implique cette ouverture de l’espace de l’Autre, passage d’un espace spéculaire de la méconnaissance egoïque à un espace réel, qui suppose trois dimensions. Cela exige, de la part du sujet, la perte des points de référence, tant qu’il ne sait pas quel objet il est pour ce désir, car le désir de l’Autre le sollicite, en tant que perdu ou en tant que manque. C’est une cassure qui apparaît au niveau de l’image.
Cette sensation de méconnaissance est produite par l’effet de l’angoisse, connoté par un manque de l’objet qui l’interroge en son propre désir comme objet, comme cause de ce désir. Constitue un manque à nommer, quant que se rend présent pour lui le vide inclus dans la demande de l’Autre, vu que le “que me veut l’Autre” en cette place ne peut pas être répondu sur le plan de la demande.
C’est à cette place, que le sujet a besoin de se constituer en relation au signifiant et par son passage par le signifiant, déjà constitué dans l’Autre à travers les marques converties en signifiants, où le sujet est déjà attendu. Cela constitue un espace où se situer, où, toutefois, il n’existe pas et qui est à se constituer en relation au signifiant qui le précède. L’angoisse est l’anticipation d’un savoir relatif à la jouissance, “ce qui à l’intérieur du corps existe quand il y a quelque chose qui se réveille et tourmente”.
Ce que l’on cherche dans une relation temporelle pour sortir de cette appropriation du désir de l’Autre, c’est l’Autre comme place. Il s’agit, ici, du savoir dépendant des relations des générations avec le symbolique, avec le trou de l’irréductible du Uverdrangt, et cela, c’est la recherche du trait unaire pour accéder à l’objet, dans l’opération de division, de différence au sujet de l’Autre, qui connote un objet comme reste irréductible de cette opération. L’angoisse est donc, la coupure du sujet se constituant à la place de l’Autre.
Reprenant, nous pouvons, alors, dire que l’impossibilité de symbolisation du manque situe qu’il n’y a pas de résolution dans le sens d’une réponse totalisante par le Nom-du-Père, car, dans ce cas, nous n’aurions pas besoin d’interroger sur la question du Père dans d’autres instances du signifiant. Les Noms-du-Père sont en relation à l’objet a comme irréductible et comme constant, cela indique que il y a une jouissance accumulée dans le symptôme, un plus-de-jouir. Donc, de Nom à Noms nous avons le a comme irréductible. En ce sens, nous pouvons situer la substitution du Nom-du-Père par le symptôme, comme ce qui rend possible lire quelque chose dans ce qui est dit. Cet objet n’est pas notable, n’entre pas, si se n’est par une écriture. C’est-à-dire, il faut lire son tracé, le transformant en regard, regard comme objet a, et cela est l’irréductible, parce qu’il n’est pas donné par les effets de langage, même qu’il s’inscrive dans le langage.
“Le Nom-du-Père”, dit Lacan, crée la fonction du Père. Mais, alors, d’où vient ce pluriel “Les Noms-du-Père”? Il n’est pas païen, c’est dans la Bible. Celui qui parle sous l’églantine dit sur lui-même qu’il n’a pas seulement un Nom. Nous pouvons comprendre, alors, que le Père n’a pas de Nom Propre. Ce n’est pas une figure mais bien une fonction, donc, le Père a autant de noms que la fonction a de support. Quelle est la fonction? La religieuse, qui a par excellence la fonction de lier le signifiant au signifié, la Loi et le désir, la pensée et le corps. En résumé, le symbolique et l’imaginaire, mais avec une observation : que si ces deux se lient à trois, avec le réel, le Nom-du-Père devient un semblant. En contrepartie, sans lui tout se défait, il est le symptôme du nœud raté.