Séminaire Inter-Associatif Européen de Psychanalyse 5 et 6 Décembre 2014 à Gand

S
A r g u m e n t
TRANSFERT, PSYCHANALYSE ET SOCIÉTÉ
LE CONTRECOUP DU CONTEXTE DE NOTRE SOCIÉTÉ SUR LE MANIEMENT DU
TRANSFERT
Freud considérait le transfert comme gage central de la cure psychanalytique, et donc comme
l’enjeu essentiel dans la définition à la fois de la psychanalyse et du psychanalyste: est ’analyste’
celui qui manie le transfert de façon adéquate afin de faire émerger la vérité inconsciente du
sujet. Ce transfert est la conditio sine qua non pour que la cure puisse aboutir, tout en surgissant
inévitablement comme son plus grand obstacle. Lacan de son côté revisitait le concept du
transfert comme le rapport au sujet supposé savoir, créant ainsi une autre ouverture permettant de
reconsidérer la cure elle-même, sa finalité et sa transmission. Autrement dit, dans le travail clinique
il existe une logique interne rigoureuse qui fonde la stratégie, voire la politique de l’analyste.

 

Mais ce travail analytique ne se fait pas dans un ‘vide sociale’. Aussi atopique qu’elle soit, la
psychanalyse se situe dans un champ social étendu qui la fait croître – ou pas. Sur ce point,
il n’y a pas de ‘psychanalyse pure’. Rappelons que Freud soutenait à son époque les diverses
initiatives qui offraient à la psychanalyse une place dans le champ social: dans les institutions,
dans l’enseignement, … Et qu’il se servait à cette occasion de la métaphore du mélange
de pureté de l’or de la psychanalyse avec d’autres matières (le cuivre de la suggestion).
Seulement, ce champ social et les discours qui le soutiennent, sont en pleine évolution et
se sont profondément modifiés depuis l’époque de Freud. L’exigence de l’évaluation et de la
transparence, le besoin d’une reconnaissance légale et la réglementation du champ clinique
et ses cliniciens, la réduction d’une formation à l’acquisition des compétences, ou la mise en
avant de la psychothérapie ou de la psychologie comme porte d’entrée vers l’analyse sont autant
d’exemples qui témoignent des paradigmes dominant notre champ aujourd’hui. Autrement
dit, qu’on le veuille ou non, c’est aussi sur ce niveau que la question de ’la politique’ se pose:
au niveau de la politique du gouvernement et par extension, des divers discours sociaux.
Voilà donc la question au centre de ce séminaire: quel est l’impact de ce nouveau
contexte social sur les divers terrains où nous travaillons, inspirés par l’éthique
psychanalytique: l’institution, la pratique privée, l’enseignement…? Et plus précisément,
comment ce nouveau contexte vient-il modifier l’essence de la psychanalyse, notamment
le maniement du transfert? Comment la psychanalyse se situe-t-elle vis-à-vis de ces
discours? Quel est alors le propre de la psychanalyse? Et à partir de là, quelle place peuton
donner au travail analytique dans ce contexte social? Bref, quels sont actuellement le
rapport et le tissage entre la politique psychanalytique et la politique des autres discours?
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Transfert – transmission – passe
A la question “Comment s’élabore le transfert?” peut on répondre par différentes angles de
vue. Une des possibilités, c’est de mettre en question pourquoi quelqu’un qui applique pour
un rendez-vous revient; c’est à dire pourquoi il décide de parcourir une analyse.
Il y a des analystes qui témoignes comment ces premières moments se sont déroulés chez
eux. Pour l’un une confrontation avec une image est importante, pour ne pas choisir quelqu’un
qui est trop pompeux, trop nette, trop élégant. Pour un autre un mot est important : un
titre, ou un adjectif dans l’annonce sur le web de la pratique de l’analyste. Ce signifiant fait
un si fort appel, met tant en mouvement que le sujet ne peut que choisir cet analyste !
Le même sorte de choix a pour conséquence que quelqu’un a le désir de devenir psychanalyste
après une demande de thérapie et qu’un autre arrête toute ambition après une satisfaction
« thérapeutique » : il n’y a plus un plus-de-connaître.
De certains patients j’ai entendu raconter pourquoi ils m’ont choisi.
Quelqu’un « me trouvait si CALME en écoutant ce qu’elle était en train de dire », un calme
en fort contraste avec ses parents nerveux. Un autre avec l’impression que j’étais quelqu’un
érudit (les livres dans le pratique) et « pourtant je laisse lui parler duquel il pensait », même
qu’il n’avait pas étudié. Encore un autre était tombé pour les premières mots dans lesquelles
j’essaierais de faire écho à sa demande de savoir tout les causes « Il y à des choses que les
hommes ne peuvent jamais savoir ! »
Ce sont des illustrations d’une parti du discours hystérique, où le sujet divisé veut se perdre
(ou chercher de l’appui ?) à une réponse ferme = > $ -> S1. Alors, c’est la tache du psychanalyste
d’ouvrir le désir tumultueux, qui s’exprime par cette division = a -> $. Le savoir dissipe
là sous la barre « de ce traitement de désir » (Lacan), il est supposé. Voilà des idées très connues.
Posons maintenant la question, comment il se peut qu’à certain moment les psychanalystes
veulent réaliser (la formation d’une théorie), ou comment se peut qu’on essaie de se rencontrer
pour des échanges d’idées (contrôle, intervision, cartels, séminaire, …) et alors d’en tirer
des conclusions ou une compréhension. Peut-on alors encore parler d’un savoir supposé,
d’un savoir sous la barre, un savoir qui est mis en cachet soumis au désir de l’analyste. Mais
qu’est-ce que c’est alors ? Et dit ceci, quelque chose du fonctionnement du transfert/transmission
en psychanalyse et psychothérapie ?
Langue: Français
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Transfert – psychanalyse – formation
Dans le climat actuel de réglementation, quantification et systématisation,la question de
l’enseignement ne fait, bien évidemment, pas défaut. Que l’on veuille organiser des formations
en psychothérapie vérifiées et standardisées, ou que l’on veuille fournir les étudiants
(universitaires) d’un enseignement de qualité avec surtout des procédures d’évaluation transparentes
– où chaque cours doit être accessible online pour que l’étudiant puisse les suivre à
son gré – l’enseignement n’échappe pas à une forme quelconque de systématique imposée,
qui détruit le rapport entre le maître et son élève. Comment la psychanalyse se porte-t-elle
dans un milieu pareil?
Ceux qui souhaitent se faire former afin d’entamer un travail clinique doivent posséder une
connaissance profonde qui couvre tous les couches de l’appareil psychique: neurobiologique,
cognitif, comportemental, développement et social. A couse de cette systématisation
imposée, l’enseignement risque à se limiter à une transmission simple d’un savoir écrit ou
téléchargé. Ici nous sommes bien éloignés de la lecture dialectique des textes originals de
Freud comme l’avait proposé Jacques Lacan dans le cadre de son séminaire. En outre, cette
démarche impose des limites sévères à la possibilité une formation (par opposition à un enseignement)
comme fruit d’un parcours particulier. La psychanalyse, peut-elle survivre dans
un contexte pareil? Et comment? Qu’est-ce qui peut être encore trans-ferré du savoir psychanalytique
dans un contexte pareil?
Le terme de transfert eût à l’origine un autre emploi dans l’oeuvre de Freud. Plus tard, la
significa
tion plus familière d’un rapport s’y ajoutait. Le transfert dans le contexte actuel de
l’enseignement est cependant réduit à la forme la plus étroite: le trans-fert d’une lettre morte.
C’est pourquoi nous avons fondé ce groupe de travail. Comment une formation où quelque
chose du savoir psychanalytique est transmis, que ce soit dans un contexte universitaire ou autre
– comment peut-elle laisser une place au rapport entre le maître et son disciple? Existe-t-il
encore une articulation entre le discours universitaire et les autres? Une formation en tant que
résultat d’un parcours particulier exige en effet que le rapport à l’Autre y soit impliqué, mais
ce rapport semple disparaître sous le joug d’une obsessionnalisation outré de l’enseignement.
Or, nous souhaitons nous mettre au travail autour de la question sur ce qui est propre à une
formation inspirée par la psychanalyse et comment ceci peut survivre dans les différents contextes
dans lesquels une telle formation a lieu de nos jours.
Langue: Français
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Transfert – société – institution
Lorsqu’on se penche sur l’impact du discours social sur le transfert, une chose devient assez
vite manifeste: la société qui prêche une satisfaction immédiate semble créer à la fois une
intolérance envers le manque et une croyance soutenue en la possibilité d’y trouver remède.
En ces temps institutionnels de quantification et de savoirs “evidence-based” d’experts
professionnels, il semble que c’est le sujet souffrant qui risque de disparaître de vue. Le but
étant avant tout d’éliminer de manière adéquate les symptômes. En cas d’actes transgressifs,
la pareille est rendue en forme de punition.
Dans les plans de traitement ce sont la transparence et la minutie concrète qui doivent
primer. Les séjours sont de préférence courts. Et si des effets tangibles se font attendre, le
patient est vite transféré à un autre service, où d’autres experts l’accueilleront. Les temps de
traitement sont strictement limités ; ne restent que des questions, accompagnées de réponses
vite-faites et toujours insuffisantes.
Dans ce contexte, le registre de la demande prend le dessus sans laisser de place pour la
dimension du désir. Ce qui y apparaît comme quelque chose de plus en plus controversé et
suspect, c’est le transfert.
Cette politique considère les soins comme un moyen totalement inefficace pour contribuer au
rétablissement de gens ‘malades’ en individus économiquement rentables. Mais cette même
politique complexifie et entrave de manière frappante les voies pour sortir du handicap, la
maladie, le mal-être. Nous notons aussi des effets dans la manière dont le soignant et le
patient se rencontrent dans une « thérapie ».
Malgré le fait que le soignant se positionne de plus en plus avec des solutions « ready-made
», le patient continue à se présenter avec une demande de guérison et continue à supposer
chez l’équipe soignante un savoir. Un psy qui ne surenchère pas en réponses toutes faites et
qui invite à un parler plein (et lent), est souvent suspecté d’une imposture anachronique et
remercié. Il est en effet plus facile de se tourner vers des moyens légaux (les médicaments)
ou illégaux (les drogues), qui entravent la réalisation d’un transfert maniable, ou vers un psy
plus apte.
En outre, le soignant a aussi sa part de responsabilité. Si déjà il utilise le concept de transfert
dans sa pratique, sa façon de le manier sera déterminante. Invariablement, un patient fera
appel à un membre de l’équipe, qui pourra alors décider de participer, ou non, à ce combat
fantasmatique qui l’attend. Mais trop souvent le transfert est traité de manière duale. Il devient
un piège où les parties se perdent soit dans la position de soins, soit dans celle du rejet. Le
seul transfert qui est considéré comme valable, est alors le contre-transfert. De cette façon, au
lieu d’être un lieu de confrontation, de support et de perlaboration, un contexte thérapeutique
devient un cocon (trop) confortable qui entretient l’illusion qu’une réponse adéquate se fera
jour.
Des deux côtés de cette dualité (soins et rejet) le manque est intolérable et se résout dans un
agir immédiat. Ce qui contribue à une érosion complète des soins de santé mentale et à son
image d’un poste déficitaire qui pèse sur notre économie. Dans une telle société, où l’idéal
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en vigueur est un consumérisme individualiste et insouciant, où la satisfaction immédiate
constitue la règle et où « le salut » est présenté comme imminent pour celui qui le veut
vraiment, l’approche psychanalytique ne peut que devenir marginale. Ce rapport subtil et
précieux entre humains qu’est le transfert, ainsi que sa force spécifique permettant d’explorer
et d’établir graduellement un (entre-)espace de confiance, risque de se faire de plus en plus
rare.
Notre but n’est toutefois pas de nous enliser dans ces critiques et ces plaintes. Nous invitons
chacun à avancer des mots et des (esquisses de) réponses sur ce qui se présente actuellement en
institution. Comment, aujourd’hui, organiser et justifier un travail autour de la force du transfert ?
Langue: Néerlandais avec traduction interactive
Modalités d’engagement transférentiel au
nom de la psychanalyse
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L’idée est le fruit d’un débat au sein des CCAF et de leurs délégués à l’I-AEP : nous souhaitions
nous saisir de l’argument proposé par nos collègues de Gezelschap et en débattre en amont
du Séminaire avec des collègues d’une autre association membre de l’I-AEP. L’Ecole Belge
de Psychanalyse a répondu à notre invitation. Nous avons pensé ensemble à un dispositif :
constituer un groupe clinique avec des membres des deux associations, trois rencontres et
un temps de partage en atelier lors du Séminaire. Ce temps signera la dissolution du groupe.
Dès les premiers échanges, évoquer la pratique nous a conduits à questionner la
signifiance du « psychanalyste » ou de la « psychanalyse » en tant que NOM pris au sein
du transfert de l’analyste ou de celui qu’il accueille, et cela, dès les premiers entretiens.
De l’analyste averti à l’analyste prévenant, s’il ne veut pas être prévenu, ce qui est en jeu est la
possibilité même de créer les conditions nécessaires pour qu’une parole intime puisse se déplier
au-delà de ses retranchements derrière ce que produit aujourd’hui la phobie de la psychanalyse.
Langue: Français

 

I n f o
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S’inscrire pour le séminaire via
seminarie.iaep.gpp@gmail.com
Les frais d’inscription sont ¤ 30 (10 ¤ pour étudiants)
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Pour plus de renseignements concernant les groupes de travail
Transfert – transmission – passe
vejp@telenet.be
Transfert – psychanalyse – formation
david.schrans@gmail.com
Transfert – société – institution
dennis.vermeesch@telenet.be
Modalités d’engagement transférentiel au nom de la psychanalyse
lucia.ibanezm@free.fr
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Pour plus d’infos voir site du Gezelschap
www.gezelschap.be
D i r e c t i o n s
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En voiture
Suivre A1 direction Arras/Lille/Calais
Prendre E42 Lille/Dunkerque/Tourcoign, puis suivre la direction Gand
(E17)
A Gand, suivre Gent-Centrum et sortir à gauche, devant les feux rouges.
Aux feux suivants à gauche, puis première à droite. Le centre Geuzenhuis
est à 50
0m.
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L o ge m e n t
Pour votre logement, le GPP suggère les hôtels suivants
Best Western Hôtel Chamade
Koningin Elisabethlaan 3, 9000 Gand
Tel.: +32 9 220 15 15
http://www.chamade.be
Hôtel Ibis Gent Opera
Nederkouter 24
Tel.: + 32 9 225 07 07
http://www.ibis.com/nl/hotel-1455-ibis-gent-centrum-opera/index.shtml
Transport publique
À partir de la gare Gand-Saint-Pierre, prendre les bus 55, 57, 58, 70, 71,
72, 73, 74, 76 ou 77. Déscendre à l’arrêt “Muinklaan”.

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