SOUFFRIR PLUS DU SIGNIFIANT QUE DE LA REMINISCENCE. R.Lévy 03/05/2018 PARIS

SOUFFRONS-NOUS ENCORE DE NOS REMINISCENCES ?

Robert Lévy

03/05/2018

SEMINAIRE VI

SOUFFRIR PLUS DU SIGNIFIANT QUE DE LA REMINISCENCE

Je voudrais développer ce soir quelque chose qui ne sera peut-être pas très long mais qui pose un certain nombre de questions dont j’aimerais débattre avec vous. Cela suit le fil du séminaire et le point où nous nous en étions restés la dernière fois avec Catherine Delarue à savoir que nous souffririons plus de nos signifiants que de nos réminiscences. C’est une idée que j’avais posée juste avant le séminaire de Catherine qui a développé que sans doute, la réminiscence était pour une bonne part, un élément Réel.

Donc, si c’est un événement Réel, cela n’est évidemment pas un souvenir. Ce dont nous souffrons reste assez énigmatique et souvent hors sens lorsqu’il s’agit des réminiscences. C’est-à-dire que ces impressions, ces goûts, ces odeurs sont du domaine du hors sens justement. C’est cela qui en fait la particularité et l’intérêt par rapport aux souvenirs qui ont un tout autre mode de construction. Donc un élément du Réel est en jeu et pas forcément parce qu’il y a psychose comme nous l’avons vu à plusieurs reprises. On peut peut-être évoquer ici que la ligne de partage de la réalité concernant le sujet, ne passe pas entre la réalité psychique interne et la réalité extérieure mais entre une réalité symbolisée et une réalité Réelle si on peut la qualifier ainsi. C’est pourquoi ce qui fût une expérience à refouler n’a pas forcément pu être symbolisée. Je dirais même que ce qu’on appelle réminiscence serait plutôt de cette nature c’est-à-dire d’une réalité Réelle non symbolisée. D’où la question évoquée lors du dernier séminaire avec Catherine : comment évoquer ce qui n’est ni inscrit ni oublié ? En d’autres termes : comment refouler ce qui n’a pas pu s’inscrire.

C’est une question à laquelle nous sommes invités, si ce n’est à répondre en tout cas à en dire quelque chose. Je trouve que c’est vraiment le travail spécifique d’une analyse.

Je dirais donc que l’on peut évoquer ce qui n’a pas pu s’inscrire par ce qui reste d’une réalité non symbolisée de la jouissance puisque le langage nous érotise en tant que tel. L’érotisme principal est celui que le langage avant tout autre forme d’érotisation. Ce qu’on retrouve de façon très évidente dans le babil infantile, dans des situations primitives des apprentissages linguistiques qui sont très érotisés.

De ce fait et par cette mise à jour d’un trou de la jouissance en deçà du sens qui le recouvre, notre rapport au langage et à la pensée s’en trouve modifié.

Il y a donc fort à parier pour que ce que l’on appelle réminiscence soit en fait quelque chose qui ne serait pas du refoulement mais qui mettrait de coté se caractérisant par le refus de la conjonction entre la pensée et la jouissance . je crois que si l’on essaie de poser la dimension de la réminiscence comme ce qui est d’un refus d’une conjonction entre la pensée et la jouissance, il me semble que l’on s’approche de plus en plus de ce terme de réminiscence.

« L’inconscient ce n’est pas que l’être pense (…) l’inconscient, c’est que l’être en parlant jouisse et, j’ajoute, ne veuille rien en savoir de plus. J’ajoute que cela veut dire ne rien savoir du tout »[1]

Donc ne rien vouloir savoir de ce qui caractérise le rapport entre certaines pensées et la jouissance qui leur est liée est sans nul doute ce qu’on appelle la réminiscence.

On peut en donner pour preuve ce qui semble du même ressort à savoir tout ce qui concerne les odeurs, les sons et le toucher qui nous renvoient parfois directement vers quelque chose de déjà connu sans que l’on puisse y attribuer une image et encore moins un souvenir…. C’est donc un hors sens…

Tout ceci nous convie à nouveau vers la conception Freudienne des pulsions qui nous amène à reprendre cette idée que la négativité destructrice d’une pulsion n’est pas due à l’accident d’une désinhibition ou d’une désunion ; mais bien plus profondément à un originel excès d’énergie de toute pulsion. C’est ainsi que le trop, ou le trop peu inscrit la destinée humaine dans une métaphysique négative mais aussi tragique.

En effet il y a dans le texte Freudien des Trois Essais une sorte d’inaugural qui ne sera jamais démenti sur le fait que la pulsion sexuelle est indéterminée quant à son objet, ainsi que sa variabilité quant à sa source, et à son but ; ce qui lui confère si on la compare aux conduites instinctives une étonnante plasticité ou contingence.

Par conséquent il n’y aura jamais chez Freud de caractère trivialement naturel ou vital de la sexualité humaine .C’est ce qui la distingue du processus quasi automatique d’un besoin naturel. La définition sera donc celle des trois essais :

« Le représentant psychique (die psychishe reprasentanz) d’une source d’excitation à l’écoulement continu provenant de l’intérieur de l’organisme (eine kontinuierlish fliebenden, innersomatischen Reizquelle) . »[2]

A ce propos, Philippe Wolosko avait fait remarquer à juste titre que la pulsion n’était pas forcément avec un repérage organique parce que le biologique comporte toujours quelque chose de discontinu. Alors que s’il s’agit de continu, cela ne peut pas être du biologique.

Évidemment la question du « continu » est ici essentielle en effet la pulsion ou plus exactement l’excitation pulsionnelle est caractérisée par un écoulement continu, continument fluctuante donc …D’ou l’idée que l’orgasme, ne peut être non pas une satisfaction; mais un apaisement ( befriedigung ) momentané. Comment sinon caractériser que cette pulsion sexuelle ne cesse jamais ?

Ce qui est alors très cohérent avec l’idée que la pulsion sexuelle humaine se caractérise originellement par l’absence d’un objet, d’un but, et d’une source qui seraient uniques et irremplaçables, parce que naturellement prescrits par la fonction sexuelle, « la pulsion sexuelle existe vraisemblablement d’abord indépendamment de son objet »[3]

Ainsi toute partie du corps propre se prête à une excitation sexuelle .[4] D’ou la justification d’une réminiscence qui viendrait du nez (les odeurs) de la peau (le toucher), ou encore des oreilles (les sons) sans que le choix d’un objet en particulier soit à l’origine de ce singulier rapport à un moment de jouissance puisque le choix d’un objet en particulier n’est nullement inscrit dans la nature de ce qu’est la pulsion sexuelle.. C’est comme un empreint… Cela empreinte un morceau de peau, une odeur, un son et cela se caractérise par un rapport à une certaine jouissance momentanée.

C’est certainement ce qui va amener Lacan à contester l’existence de la succession naturelle des stades sexuels chez l’enfant et leur orientation vers une sexualité génitale à valeur normative ainsi que la subordination des pulsions partielles au primat du coït (sexualité génitale).

Ce qui est vraiment une bonne chose qui évitera dès lors de se perdre dans une sorte d’évolution nécessaire de la sexualité humaine devant aboutir à la génialité.   Ce qui fut malheureusement le cas avec Freud qui tenait plus que tout au fait que les femmes doivent abandonner le plaisir clitoridien pour « enfin » connaitre le plaisir vaginal. Normalisation qui conduisit marie Bonaparte à se faire opérer plusieurs fois du clitoris pour connaitre enfin l’orgasme vaginal, et ce, sur les conseils de Freud lui même. Malheureusement pour elle ces interventions et ses conseils ne lui permirent pas de connaitre ce que son plaisir clitoridien lui empêchait.

Par conséquent l’apaisement de la pulsion sexuelle ne suppose aucun choix d’objet naturel, aucune analogie donc possible avec les besoins naturels comme la faim par exemple « (..) la faim qui tient bien plus énergiquement à son objet(…) »[5].

Ce sont évidemment les perversions qui montrent combien il existe une grande variabilité de la source et du but de la pulsion sexuelle et de la manière d’obtenir un apaisement (aufehbung) de cette excitation organique.

Au fond, arrivé en ce point je dirai que la réminiscence me semble s’entendre sur le modèle de la pulsion orale partielle, à savoir l’objet pulsionnel partiel, objet a nommé ainsi par Lacan.

Objet donc d’un déplaisir primitif, sensation d’un manque éprouvé par la bouche et non pas par l’enfant en tant que sujet de désir. Ainsi le manque de ce manque originaire est bien le sein mais un sein qui précède la représentation du corps maternel mais surtout de la mère en tant qu’objet de désir… Le sein est manqué en tant qu’il est absent, il est l’objet d’un plaisir perdu et ne s’inscrit en tant qu’objet que justement parce qu’il est perdu c’est le paradoxe que la psychanalyse nous apprend à savoir que l’objet n’existe qu’en tant qu’il est perdu … Le sein n’est satisfaisant que parce qu’il est perdu.

Concrètement, et c’est ce que Lacan montrera de déjà présent pour Freud : la dimension de la perte ne se manifeste qu’à travers le vécu du plaisir de retrouver l’objet perdu… Ce n’est pas le plaisir de retrouver l’objet mais le plaisir de la retrouvaille de l’objet perdu.

Pourquoi ne pas penser la réminiscence comme construite sur ce même mode ? C’est à dire comme le plaisir de retrouver le souvenir perdu.

Elle ne se manifeste qu’à travers la nécessité de retrouver un souvenir perdu mais qui n’a de consistance en tant que souvenir que comme perdu ; d’ou ce paradoxe de la réminiscence qui se manifeste pour autant qu’elle nécessite une retrouvaille mais qui ne se retrouve jamais puisque le souvenir dont elle dépend ne vaut que pour autant qu’il soit perdu … Ce qui vaudra à Lacan de nous donner les précisions suivantes :

« C ‘est précisément dans ce champ que doit se situer ce que Freud nous présente d’autre part comme devant répondre à la retrouvaille comme telle, comme devant être l’objet wieder gefundene (…) L’objet est de par sa nature un objet retrouvé. Qu’il ait été perdu, en est la conséquence – mais après coup. Et donc il est retrouvé sans que nous sachions autrement que ces retrouvailles, qu’il a été perdu. »[6]

Poursuivons cette analogie entre réminiscence et pulsion orale, le plaisir de l’apaisement prend la forme paradoxale d’une excitation déplaisante qui réclame un nouveau plaisir .[7]

Le plaisir d’un suçottement de pouce ne peut donc jamais donner lieu à un véritable apaisement du corps, il sera toujours un plaisir (lust) qui donne envie (lust auf) à encore plus de plaisir (mehr von lust) .[8]

On trouve déjà dans cette conception non seulement l’érosion d’une frontière entre plaisir et déplaisir mais sans doute aussi à travers ce plaisir éternellement fuyant une anticipation saisissante de la pulsion de mort qui, encore une fois n’est pas une pulsion propre mais fait partie de ce que l’on appelle pulsion comme je viens de le montrer.

Sans toutes ces précisions permettent de comprendre comment le bébé dès la naissance peut utiliser son oesophage pour faire descendre et remonter son bol alimentaire ; mérycisme, plaisir archaïque, mise en oeuvre à la lettre des précisions Freudiennes sur le fait que n’importe quelle partie du corps peut servir d’objet à assouvir la pulsion. Précisions donc sans lesquelles on ne comprendra pas non plus comment dans certaines formes d’encoprésie, ce même mérycisme est utilisé par l’enfant pour faire remonter et descendre les fèces pour éprouver un plaisir dans lequel le rectum et l’anus ont pris la place de l’oesophage.

N’oublions pas qu’anatomiquement il y a une certaine forme de continuité des tissus depuis la bouche jusqu’à l’anus. Une sorte de peau interne est présente dans le corps.

J’ajouterai qu’il est inutile de vouloir traiter des encoprésies si on n’a pas ces éléments à l’idée; et surtout si on n’aborde pas ces questions du plaisir ano-rectal avec les enfants concerné …

En effet comme nous l’indique Freud « les incidents sexuels n’engendrent pas forcément tous du déplaisir, la plupart sont agréables. Il s’ensuit que leur reproduction est en général accompagnée d’un plaisir non inhibé. Un plaisir de ce genre constitue une compulsion. Nous sommes ainsi amené aux conclusions suivantes : quand un souvenir sexuel réapparait au cours d’une autre phase et qu’il engendre du plaisir, il en résulte une compulsion, mais s’il se produit du déplaisir il en résulte du refoulement. »[9]

Que pourrait on dire d’ailleurs du rapport entre ces éléments de localisation d’un plaisir qui fait symptôme avec des troubles de la nourriture ou du sevrage beaucoup plus anciens ?

Comment ne pas penser qu’il existe un rapport étroit entre la façon dont la nourriture a été administrée par la mère et les symptômes d’encoprésie ? N’oublions pas que pour Freud il n’y a pas de refoulement avant 4 ans.

La pulsion fait feu de tout bois et comme peu importe l’objet pourvu qu’on ait le plaisir alors le déplacement sur les morceaux de corps est le règne de ce plaisir là …

« Je dois rester fermement attaché à l’idée qu’un sentiment de tension doit forcément comporter le caractère du déplaisir (…) un tel sentiment implique la poussée à la modification (drang najch veranderung) de la situation psychique, il a un effet pulsant, ce qui est complètement étranger à l’essence du plaisir ressenti. Mais si l’on compte la tension de l’état d’excitation sexuelle parmi les sentiments de déplaisir, on se heurte au fait que la même tension est indubitablement ressentie comme empreint de plaisir (lustvoll) (…) Quelle corrélation existe-t-il entre cette tension qui est source de déplaisir et ce sentiment de plaisir ?[10] » Freud différencie bien deux choses différentes : la tension source de plaisir et le sentiment de plaisir.

Je vais tenter une illustration par les propos d’une jeune anorexique qui, après avoir passé de longues séances sans parler révèle peu à peu sa fascination pour les images de jeunes femmes mannequins à la limite de l’androgynie en raison de leur anorexie justement. Elle évoque cette tension nécessaire à maintenir dans le fait de pas manger ou comment elle peut également résoudre la surtension que représentent ses moments de boulimie en vomissant afin de remettre le compteur à zéro. Elle voudrait que l’on puisse voir qu’elle ne va pas bien et qu’elle n’est pas cette petite fille ronde aux joues roses qu’elle a l’impression d’être. Il faut donc se priver, ne pas manger. A l’occasion d’une tentative de suicide pour que les autres voient enfin sa détresse, je lui adresse un mot pour lui dire qu’elle avait eue finalement de la chance de ne pas s’être détruit le foie en raison du choix des médicaments qu’elle avait ingérés.

Elle me répond alors furieuse par ces mots : « cette chance qui est un fardeau à porter, symbole de notre vie, survie face à tous ceux qui sont morts, et qui eux, probablement auraient aimé l’avoir, cette chance folle. La chance de s’user jusqu’aux os et de pourtant tenir sur ses jambes, la chance de se blesser et pourtant de guérir, la chance de vouloir se tuer sans jamais y arriver vraiment … » Mots terribles qu’elle emprunte pour partie à Anne Godard qui exerce sur elle une grande fascination.

Vomir est pour elle une façon de manifester ses désaccords puisque depuis son plus jeune âge elle se souvient que dès qu’elle ressentait un désaccord avec sa mère notamment, plus tôt que de lui dire elle allait vomir.

S’agirait il pour elle de résoudre via ce qu’elle appelle la maitrise de sa nourriture : ce plaisir de l’apaisement qui prend la forme paradoxale d’une excitation déplaisante et qui réclame un nouveau plaisir ?

Il en va de sa parole comme de sa nourriture et il est vrai que « dire ce qui lui vient » est pour elle du même ressort que ce qu’elle restreint en matière de ce qui ne doit pas rentrer dans sa bouche et qui en cette occurrence ne doit pas non plus sortir en mots mais seulement en vomissement….

Pourtant elle s’accroche à sa cure et ne manque quasi jamais de séance. Elle est tout aussi empêchée de penser qu’elle est empêchée de dire …

Reportons nous à ce deuxième temps du stade du miroir, lorsque l’enfant se retourne sur la mère pour quitter son assentiment à ce qu’il découvre à savoir : oui c’est bien ton image. Il y a alors un déplacement radical sur le plan psychique, c’est le moment ou pour la première fois ce qu’il ressent de lui se trouve séparé de ce qu’il perçoit de lui tout à coup: sa propre image. C’est et ce sera la matrice de ce qui le représente pour un Autre, son moi.

Eh bien je dirai que pour cette patiente il y a eu quelque chose qui ne s’est pas passé à ce moment ou plus exactement qui s’est passé sous une forme où cette image nouvelle, la sienne est devenue haïssable, son moi est haïssable. Et cela représente assez bien son souci permanent de vouloir modifier chez les autres le regard qu’ils ont sur elle, au prix de la destruction de sa propre image …

J’apporterai à cette thèse la citation suivante de Lacan « Effectivement le problème du refoulement originaire, on ne peut pas dire que le retour du refoulé originaire se produit au sein du symbolique comme le ferait le refoulement secondaire, puisqu’il est lui même l’auteur. S’il revient, ce ne saurait être que dans le réel et c’est en tant que tel qu’il se manifeste, je dirais par un regard, un regard du réel, devant lequel le sujet est absolument sans recours. Je ne vais pas épiloguer là dessus, mais si vous y réfléchissez, vous verrez. »[11]

Quelque chose fait retour par un regard du réel qu’elle attribue en effet à ceux qui la voient et qui ne peut être qu’haïssable …Je ne saurais d’ailleurs pas dire si du fantasme s’est constitué chez cette patiente, en tout cas autrement que dans la perspective d’une dévoration par le retour de ce regard du réel. Je crois qu’il y a dans cette façon de traverser le stade du miroir chez les anorexiques (chez cette patiente en tout cas) quelque chose d’un retour de ce regard du réel.

Que peut on dire dans ce cas du domaine des réminiscences si ce n’est sous la forme de cette perception de la haine contre elle du regard de l’Autre, qui n’est en fait que la projection de son propre regard. Il s’agit donc de modifier ce corps, son corps, de telle sorte qu’on la voie, comme elle le dit, autrement que ce qu’elle montre….Ou plutôt c qu’elle croit montrer…

La souffrance est ici celle de ce regard réel qui lui fait retour et qu’elle voudrait donc modifier en modifiant son corps. Mais comment modifier son moi haïssable par la modification de son corps vu par le regard réel de l’ Autre c’est là son challenge ?

Il y a quelque chose qui dysfonctionne entre sa réalité symbolisée et sa réalité réelle, c’est à dire qu’il n’y a pas ou très peu de place pour la symbolisation …

Je voudrais maintenant tenter de répondre à la question que Catherine posait la dernière fois : comment évoquer ce qui n’est ni inscrit ni oublié, comment refouler donc ce qui n’a pas pu s’inscrire ?

En bien je voudrais tenter un petit décalage par rapport à la notion de réminiscence pour y répondre. Je pense que le symptôme est une forme de réminiscence, même si ce n’est pas la forme à laquelle on s’attend habituellement et en ce sens nous souffrons plus de nos signifiants, de ce nœud de signifiants qu’est le symptôme que de nos réminiscences.

On peut dès lors lire le symptôme comme un représentant actuel d’une représentation passée.

En ce sens Catherine a eue raison de nous aiguiller sur la question du rêve car « les symptômes comme les rêves sont des réalisations de désirs[12] ».

Je soumets donc à la discussion cette idée qu’au fond les symptômes sont en tant que tels des formes de réminiscences. C’est-à-dire des représentants représentatifs, des « worstellung represantanz », sous la forme d’une construction de signifiants, d’un nœud de signifiants dont on souffre. A la fois nous souffrons plus de nos signifiants en tant qu’ils sont un nœud de symptômes mais aussi de nos réminiscences. Nos réminiscences n’étant pas du tout à chercher du coté des souvenirs mais du coté de ce que les symptômes représentent.

[1] LACAN Séminaire ENCORE Le seuil P. 95

[2] FREUD GW V P.67

[3] FREUD GW V P.47

[4] FREUD GW V. P.84

[5] FREUD GX V P.47

[6] LACAN Séminaire VII P.143.

[7] FREUD GW V P.85

[8]FREUD GW V P.111

[9] Freud lettre 52 La naissance P.157

[10] FREUD GW V P.110

[11] LACAN Séminaire livre XXIV l’insu…P.72

[12] S FREUD Manuscrit N Letter du 31 MMAI 1897 LA NAISSANCE DE LA PSYCHANALYSE P. 185. PUF 1973

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